Manifeste des femmes indigènes du Brésil contre la barbarie commise à l'encontre de la jeune Daiane Kaingang, âgée de 14 ans
Publié le 6 Août 2021
05/Août/2021
L'Articulation Nationale des Femmes Indigènes Guerreiras da Ancestralidade (ANMIGA), répudie et dénonce le crime barbare commis mercredi après-midi (04), dans le secteur Estiva de la Terre Indigène Guarita, dans la municipalité de Redentora, contre Daiane Griá Sales, 14 ans, une indigène Kaingang qui vit dans le secteur Bananeiras de la Terre Indigène Guarita. La jeune Daiane a été trouvée dans un champ près d'un buisson, nue et avec les parties inférieures (à partir de la taille) arrachées et lacérées, avec des morceaux gisant à côté de son corps.
Nous avons vu jour après jour le meurtre de personnes indigènes. Mais il semble qu'il ne suffit pas de tuer. Le raffinement de la cruauté est ce qui lacère notre âme, tout comme ils ont littéralement lacéré le jeune corps de Daiane, qui n'avait que 14 ans. Ils découpent des jeunes corps, des corps de femmes, des corps de personnes. Nous comprenons que la violence commise contre nous, femmes indigènes, depuis l'invasion du Brésil, est une froide tentative d'extermination, avec des crimes odieux qui saignent notre âme. L'inhumanité exposée dans les corps des femmes autochtones doit cesser !
Nous sommes ici, exigeant la justice ! Nous ne laisserons pas cela impuni et nous ne serons pas réduites au silence. Nous nous battons pour la dignité humaine, en combattant la violence de genre et tant d'autres violations des droits. La violence commise par une société malade ne peut continuer à être banalisée, naturalisée, pleine d'hommes sans respect et sans sang-froid humain, de sauvagerie, de dégoût et de macabre. Celui qui commet une telle atrocité à l'encontre des femmes filles de la terre se tue aussi, il tue aussi le Brésil.
Mais sachez que la HAINE ne passera pas ! Après tout, la violence commise ne peut rester impunie, nos corps ne peuvent plus supporter d'être déchirés, tombés il y a 521 ans. Le projet de démembrement mis en œuvre par la colonisation a violé les femmes indigènes pendant plus de cinq siècles.
Nous sommes 448 000 femmes indigènes du Brésil que la colonisation n'a pas réussi à tuer et nous ne laisserons pas la pandémie de violence haineuse passer sur nous.
Arrêtez de nous tuer ! Avec chaque femme indigène assassinée, c'est un peu de nous qui meurt.
La vie des autochtones compte. Nous crierons chaque jour, à chaque instant, que les vies indigènes comptent. Et la vie de Daiane compte. C'est important pour sa famille, pour son peuple. C'est important pour nous, les femmes autochtones.
Nous sommes tous Daiane Griá Kaingang !
Nous exigeons justice !
traduction carolita d'un article paru sur le site de l'APIB le 5 août 2021