Chili : La culture Chinchorro

Publié le 4 Août 2021

https://wikicharlie.cl/w/Archivo:Momiachinchorromsanmigueldeazapa.jpg

Environnement et localisation

La culture Chinchorro s'est développée sur la côte sud du Pérou et principalement dans le nord du Chili, approximativement entre les ports d'Ilo et d'Antofagasta. Malgré son extrême aridité, cette zone est extrêmement riche en ressources marines grâce aux effets du courant froid de Humboldt. En outre, les cours d'eau qui atteignent la mer fournissent de l'eau douce, ainsi que des espèces animales et végétales pour les différents besoins de consommation. Le nom Chinchorro dérive de la plage du même nom à Arica, au Chili, où des vestiges de cette culture ont été découverts pour la première fois.

En 2021, la momification de la culture Chinchorro est déclarée patrimoine mondial de l'humanité sous le titre Peuplement et momification artificielle de la culture chinchorro dans la région d'Arica et de Parinacota.

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Économie

Les Chinchorros étaient des pêcheurs, des chasseurs et des cueilleurs spécialisés dans l'exploitation des ressources marines, pour laquelle ils ont conçu un ensemble diversifié d'outils. Ils utilisaient des crochets en épine de cactus et des pointes de harpon pour capturer différents types de proies. Grâce aux tumeurs trouvées dans les oreilles des momies de cette période, on sait qu'ils plongeaient à de grandes profondeurs. Malgré leur forte orientation marine, ils utilisaient également des espèces végétales terrestres pour se nourrir, ainsi que pour fabriquer divers objets.

Art

Le développement artistique des Chinchorro se reflète presque exclusivement dans les délicats trousseaux de momies et, dans un certain sens, dans le traitement élaboré des défunts. Ils portaient des turbans faits de fils tordus de fibres végétales ou animales, ornés de perles de coquillages et de malachite, qui recouvraient la tête, volontairement déformée dans la vie. Les visages étaient recouverts de masques en argile fine et les corps étaient enveloppés de textiles élaborés en fibres animales et/ou végétales sous forme de ceintures et de cordons. Ceux-ci combinent différentes couleurs selon les périodes, avec une prédominance des tons bruts, ocre et terre cuite. Certaines momies ont des jupes en roseau totora. Les corps reposent sur des nattes en fibres végétales et des sacs en peau d'animal. De nombreuses momies étaient accompagnées de propulseurs, de couteaux, de harpons et d'autres outils. Parfois, elles étaient également accompagnées de plaques de cuivre natif ou naturel qui étaient placées à l'intérieur du ballot funéraire.

Représentation d'une momification chinchorro au musée archéologique San Miguel d'Azapa De Andrea021 - Trabajo propio, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=33893220

Organisation sociale

Ces populations étaient organisées en bandes ou en petits groupes de 30 à 50 personnes, apparemment liées entre elles. Il y a probablement eu des différences de rôles entre les membres en fonction de leur expérience et de leurs compétences. On suppose, par exemple, que les spécialistes de la momification occupaient probablement une place particulière au sein du groupe.

Culte et art funéraire

La culture Chinchorro est la première manifestation complexe d'un culte de la mort et des ancêtres sur la côte aride de l'Amérique du Sud. Elle se manifeste par le processus complexe de momification, qui consistait à retirer les muscles et les viscères du défunt, remplacés par des légumes, des plumes, des morceaux de cuir, des toisons de laine et d'autres matériaux. Le corps était ensuite recouvert d'une couche d'argile. Les cheveux humains étaient utilisés pour fabriquer une perruque que l'on plaçait sur la tête. Ce processus est passé par différentes étapes : au début, seuls les nouveau-nés et les enfants étaient momifiés, en utilisant des couleurs vives et en les accompagnant de figurines en argile. À l'apogée de cette culture, vers 3000 avant J.-C., des représentants de tous les membres de la société et de tous les âges (hommes, femmes, enfants, adultes et personnes âgées) étaient momifiés et badigeonnés de pigments rouges, noirs et bruns. Pendant le déclin de cette culture, seuls les masques de boue étaient appliqués. Les momies n'étaient apparemment pas enterrées, mais placées debout comme une partie active des camps, peut-être comme un marqueur territorial de la lignée du groupe à partir d'un ancêtre commun. Outre les momies, il existait de simples sépultures sans momification. Elles sont multiples, peut-être de type familial, et sont situées sur les terrasses supérieures.

Modèle de colonisation

Les bandes formaient des camps semi-sédentaires dans les criques et les cours inférieurs des ravins, dans certains cas en forte concentration, comme c'est le cas dans le ravin de Camarones, au sud d'Arica.

Histoire

Un antécédent possible de cette culture est Acha, un site vieux de plus de 8 000 ans situé dans la vallée d'Azapa (Chili) qui, bien qu'il ne présente pas ce type de momification, est considéré comme les prémices de la tradition funéraire chinchorro. Chinchorro est apparenté à la culture dite Anzuelo de Concha et à Abtao, avec laquelle elle partage certains aspects technologiques, notamment le harpon. Dans sa dernière étape, vers 2000 avant J.-C., Chinchorro s'est mêlé aux groupes Quiani qui, après une simplification de la momification, sont devenus les héritiers de cette culture et de sa longue tradition.

Traduction carolita du site en lien ci-dessous

http://precolombino.cl/culturas-americanas/culturas-precolombinas/chile/chinchorro/#/historia/

A Camarones By Yastay - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=43715332

A Camarones By Yastay - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=43715332

Les momies et leurs matériaux

By Pablo Trincado - originally posted to Flickr as cultura chinchorro año 3000 AC, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6908589

Les raisons invoquées pour ce type de pratique sont variées, néanmoins selon des chercheurs, cela répondrait à un sens utilitariste des peuples nomades ayant besoin d’objets portatifs pour leur transhumance. Des études récentes démontrent que l’arsénicisme chronique endémique dans la vallée des Camarones dépassait de 100 fois la norme recommandée de nos jours par l’OMS, ce qui a déclenché un nombre élevé d’avortements spontanés et une mortalité périnatale élevée. Ces facteurs entre autres ont conduit à une réponse émotionnelle d’empathie des proches pour mieux préserver les reste de leurs enfants décédés sans explication et ce, à un rythme élevé.

De façon générale, le système qu’ils employaient pour la momification était simple. Le corps était dépourvu de peau, de tissus musculaires et d’organes internes, en prenant soin de combler les parties manquantes lors du processus de dépouillement avec des morceaux de peau animale. L’attirail comprenait un masque maintenant soigneusement la bouche et les narines, modelant également les organes sexuels.

La momie, une fois terminée comprenait une perruque en cheveux humains.

La position dans laquelle les corps ont été retrouvés suggère qu’ils n’avaient aucune croyance de la vie après la mort.

Le nombre exact de momies qui existe est inconnu, il y a en a déjà 180 réparties entre le musée d’Azapa et le site de Colón, un petit nombre se trouve dans les musées d’histoire naturelle de Santiago et de Valparaiso.

Types de momification

La société Chinchorro avait des connaissances approfondies de l’anatomie humaine, un rituel complexe et une représentation artistique délicate du corps humain. A l’opposé des autres groupes de pêcheurs, chasseurs contemporains dans le monde, ils avaient un traitement particulier de leurs morts, qu’ils soient membres de l’élite que gens ordinaires, hommes, femmes, enfants, fœtus étaient traités avec soin pour que leurs corps conservent leur aspect de vie après la mort.

Au fil du temps, après une longue tradition de pratiques mortuaires, les préparateurs funéraires ont créé différents types de momifications.

Arriaza* dans sa typologie qui est la plus utilisée de nos jours en met 3 types en avant : momies noires, momies rouges, momies bandées.

Les momies noires

momie noire d'un enfant De WeHaKa - Trabajo propio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=105445746

Elles sont développées de 5050 à 3000 avant JC. Les préparateurs prélevaient le cerveau, les organes du défunt, reconstruisaient le corps avec de l’argile grise et des fibres, remplissaient le crâne de paille ou de cendres, utilisaient des roseaux pour coudre et rattacher la peau reliant la mâchoire au crâne, maintenant la colonne vertébrale droite et attachée à la tête à l’aide d’un bâton, ensuite ils restauraient la peau en utilisant celle d’une otarie ou d’un autre animal puis recouvraient le corps d’une patine d’oxyde de manganèse lui donnant une couleur brillante noir bleuté la tête était ornée d’un masque facial et d’une perruque de cheveux humains noirs et courts

Les momies rouges

momie rouge d'un enfant De WeHaKa - Trabajo propio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=105445727

Elles sont réalisées de 2500 à 2000 avant JC.

Des incisions étaient pratiquées dans l’estomac, l’aine et les chevilles pour retirer les organes et les muscles. Les cavités étaient séchées et des bâtons étaient introduits pour renforcer le corps, les cavités étaient remplies de terre, de plumes, d’argile. La tête était ornée d’une longue perruque noire maintenue en place par un bonnet d’oxyde de manganèse. Le corps était peint à l’exception du visage avec de l’oxyde de fer donnant un corps rouge éclatant et un visage noir.

Les momies bandées

Ce type de momies se développe à partie de 2000 avant JC.

C’est une variante des momies rouges, la différence étant que les préparateurs funéraires disposaient la peau sous forme de bandages.

Détérioration

Environ 120 momies Chinchorro se trouvent dans la collection de l'Université de Tarapacá, au Musée archéologique de San Miguel de Azapa (Chili).Ces derniers temps, elles se sont dégradées, se transformant en une boue noire. Des experts comme Ralph Mitchell, professeur à l'Université de Harvard, ont utilisé leur expertise pour déterminer les causes de cette détérioration : il est apparu clairement à Mitchell que la dégradation était microbienne, en raison de l'augmentation du taux d'humidité - qui pourrait être liée au changement climatique - dans la zone où elles se trouvent.

Il a été conclu que la plage d'humidité idéale se situe entre 40 et 60 % (un taux d'humidité plus élevé entraînerait une dégradation et un taux plus faible créerait des acides nocifs). L'analyse a aidé le personnel du musée à ajuster l'humidité pour préserver les momies.

notes

* Arriaza, Bernardo (1995). Beyond Death: The Chinchorro Mummies of Ancient Chile (en inglés). Washington D.C.: Smithsonian Instution Press. ISBN 1-56098-512-7.

source : wikipedia en espagnol

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