Brésil : Printemps autochtone : mobilisation permanente pour la vie et la démocratie
Publié le 29 Août 2021
28 août 2021
Photo : @cicerone.bezerra
En mémoire de nos ancêtres, qui ont donné leur vie pour que nous puissions exister. Des enchantés qui nous ont amenés ici pour continuer leurs luttes en défense de nos corps, terres et territoires, notre identité et nos cultures différenciées, nous disons à la société brésilienne et internationale que nous sommes en mobilisation permanente en défense de la VIE et de la DEMOCRATIE.
Notre lutte ne vise pas seulement à préserver la vie de nos peuples mais de toute l'humanité, aujourd'hui gravement menacée par la politique d'extermination et de dévastation de Mère Nature promue par les élites économiques - qui ont hérité de la cupidité du pouvoir expansionniste colonial, mercantiliste et féodal - et des dirigeants comme le génocidaire Jair Bolsonaro.
L'Articulation des peuples indigènes du Brésil (Apib) a commencé le campement de la lutte pour la vie/Luta pela Vida à Brasilia le 22 août et renforce dans cette lettre que nous continuerons à nous mobiliser jusqu'au 2 septembre 2021 pour lutter pour nos droits. Aujourd'hui, cette mobilisation est la plus importante de l'histoire des peuples indigènes, dans la capitale fédérale, et renforce notre cri : Notre histoire ne commence pas en 1988 !
Même en mettant nos vies en danger, dans le contexte toujours gravement dangereux de Covid-19, nous sommes ici pour dire aux envahisseurs de nos territoires qu'ils ne passeront pas, même face à des attaques intenses contre nos droits fondamentaux garantis par la Constitution fédérale de 1988.
Nous occupons les réseaux, les rues, les villages et Brasilia pour lutter pour la démocratie, contre l'agenda raciste et anti-indigène qui est en cours au gouvernement fédéral et au Congrès national et pour accompagner le jugement du Tribunal Suprême Fédéral (STF), qui définira l'avenir de nos peuples.
Au cours du mois de juin 2021, nous avons organisé le Levante pela Terra, initiant ainsi nos premières activités en face à face, à Brasilia, pour faire face à l'aggravation de la violence contre les vies indigènes. Dès lors, nous avons entamé un nouveau cycle de luttes qui, depuis mars 2020, se déroulent virtuellement et au sein de nos territoires, en raison de la pandémie.
Parce que nous faisons face à de nombreux virus, y compris la politique génocidaire de Bolsonaro, nous avons commencé notre " printemps autochtone " qui a l'intention d'occuper Brasilia de manière stable, en 2021, en plus de suivre dans les réseaux sociaux et les territoires mobilisés.
Nous affirmons que du 7 au 11 septembre, les femmes indigènes seront en première ligne pour enterrer une fois pour toutes la thèse du Cadre Temporel, lors de la 2ème marche des femmes indigènes : les originelles qui reforment les esprits pour la guérison de la Terre.
Le 26, le STF a commencé le procès qui définira les démarcations des terres indigènes (TI). Sans conclusion prévue, les peuples autochtones restent mobilisés pour suivre l'issue du vote des ministres de la Cour suprême.
Nous nous battrons jusqu'au bout pour maintenir notre droit originel sur les terres que nous avons traditionnellement occupées et protégées. Faire partie de ce pays, maintenir notre condition de peuples culturellement différenciés, même si les autorités publiques et les entreprises privées nous considèrent comme des obstacles au développement. Cette évolution qui, depuis le début de l'invasion européenne, a été dévastatrice, ethnocidaire, génocidaire et écocidaire et qui, à l'heure actuelle, a trouvé, et ce n'est pas un hasard, dans ce mauvais gouvernement, un prototype pour perpétuer son projet de domination.
Nous sommes des enfants de la Terre ! Et la Terre n'est pas la nôtre, c'est nous qui en faisons partie. C'est le ventre qui nous engendre et le giron qui nous accueille. C'est pourquoi nous donnons notre vie pour elle. Dans notre tradition, il n'y a jamais eu cette histoire de réglementation de qui est ou n'est pas le propriétaire de la terre, parce que notre relation avec elle n'a jamais été une relation de propriété. Notre possession est collective, tout comme notre usufruit. C'est la base fondamentale de notre existence, que l'ignorance de la culture de la civilisation dite occidentale ne comprend pas, même après 521 ans.
Cette contradiction est à la base des litiges que les héritiers ou descendants des envahisseurs s'obstinent à entretenir avec nous. Ils contestent inlassablement nos territoires, tant durant les phases distinctes de formation et de configuration de l'État national brésilien, qu'aujourd'hui !
Les élites néocoloniales, également promoteurs et bénéficiaires de la dictature militaire, ont pris le contrôle de la majeure partie de l'actuel Congrès national et continuent de défendre la continuité de leur contrôle hégémonique, la domination des corps, des terres et des territoires, et pas seulement des peuples indigènes. Ils veulent nous faire croire qu'ils vont développer le Brésil, alors qu'en réalité ils promeuvent un projet de mort pour Mère Terre - pour les forêts, les rivières, la biodiversité - et pour les peuples et les cultures qui détiennent des connaissances millénaires accumulées, contrairement à la recherche scientifique. Selon les données les plus récentes du groupe d'experts des Nations unies sur le changement climatique, on constate une augmentation indéniable de la température de la planète, des inondations, entre autres catastrophes environnementales, manifestement causées par ce modèle de développement.
C'est pour tout cela que nous disons NON à toute initiative qui ignore notre protection historique et stratégique de la vie, de l'humanité et de la planète. Nous disons également NON à tous ceux qui proposent de violer nos droits par des centaines de mesures administratives, juridiques, législatives et judiciaires.
Notre histoire n'a pas commencé en 1988, et nos luttes sont séculaires, c'est-à-dire qu'elles perdurent depuis que les portugais et les envahisseurs européens successifs sont arrivés sur ces terres pour prendre possession de nos territoires et de leurs richesses. C'est pourquoi nous continuerons à résister, à réclamer le respect de notre façon de voir, d'être, de penser, de sentir et d'agir dans le monde.
Sous l'égide du texte constitutionnel, nous espérons que la Cour suprême sanctionnera notre droit originel à la terre, qui ne dépend pas d'une date spécifique de preuve d'occupation, comme le prétendent les envahisseurs. À travers la thèse du "cadre temporel", les colonisateurs actuels veulent ignorer que nous étions déjà là lorsque leurs ancêtres ont décimé nombre d'entre eux, élevant l'actuel État national sur leurs cadavres.
Soutenus par notre ancestralité et par la puissance de nos peuples, notre spiritualité et la force de nos enchantés qui valorisent notre Bien Vivre et celui de l'humanité, nous disons non au Cadre Temporel ! Et nous appelons la société nationale et internationale, en particulier les différentes organisations et mouvements sociaux qui ont toujours été à nos côtés, et surtout nos organisations et peuples autochtones de base, à rester vigilants et mobilisés pour la défense de nos droits.
Brasília - DF, 27 août 2021.
Campement Luta pela Vida
Articulation des peuples indigènes du Brésil - APIB
Mobilisation nationale autochtone - MNI
traduction carolita d'un communiqué paru sur le site de l'APIB le 27/08/2021
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PRIMAVERA INDÍGENA: mobilização permanente pela vida e democracia
Em memória dos nossos ancestrais, que entregaram as suas vidas para existirmos. Dos encantados que nos trouxeram até aqui para dar continuidade às suas lutas em defesa dos nossos corpos, terras ...
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