Brésil : Des indigènes illuminent la place des Trois-Pouvoirs avec des LED en soutien au STF et contre le "cadre temporel"

Publié le 25 Août 2021

Mardi 24 août 2021

Plus de 6 000 participants au camp "Luta pela Vida" ont organisé une veillée à la veille du procès qui pourrait décider de l'avenir des démarcations.
 

Veillée autochtone devant le STF

Brasília, 24/8/2021 - Plus de six mille indigènes participant au Camp de la lutte pour la vie ont organisé une veillée aujourd'hui (24), à Brasília, en soutien à la Cour suprême fédérale (STF), contre le programme anti-indigène du gouvernement Bolsonaro et du Congrès. Cette mobilisation est la plus importante de ce type depuis au moins 2005.

En début de soirée, munis de bougies, ils ont entamé une veillée et allumé simultanément le message "Terre indigène du Brésil", avec 380 lampes, devant le STF, pour demander au tribunal de rejeter le soi-disant "cadre temporel", lors du procès qui doit commencer mercredi (25), à 14 heures. L'acte revêt également une importance politique car il a été réalisé en soutien à la Cour, à un moment où le président Bolsonaro intensifie les attaques contre la Cour.

Le "cadre temporel" est défendu par les ruralistes et les secteurs intéressés par l'exploitation des terres indigènes. Selon cette interprétation, jugée inconstitutionnelle, les peuples autochtones n'auraient droit qu'à la démarcation des terres qui étaient en leur possession le 5 octobre 1988, date de la promulgation de la Constitution. Sinon, s'ils n'étaient pas en possession du terrain, il faudrait qu'ils soient en litige judiciaire ou en conflit matériel avéré sur la zone à la même date.

Des affiches ont été placées devant le Congrès

Cette thèse est utilisée par le gouvernement et une partie du pouvoir judiciaire pour justifier la paralysie des démarcations. Elle est injuste car elle ne tient pas compte des expulsions, des déplacements forcés et de toutes les violences subies par les autochtones jusqu'à la promulgation de la Constitution. En outre, elle ignore le fait que, jusqu'en 1988, ils étaient sous la tutelle de l'État et ne pouvaient pas saisir les tribunaux de manière indépendante pour défendre leurs droits.

"Cette mobilisation des indigènes, sur la place Três Poderes et devant le STF, est importante précisément pour apporter ce message de soutien au pouvoir judiciaire, pour dire que les indigènes croient au pouvoir judiciaire, qu'ils croient au STF en tant que protecteur de la Constitution et de la démocratie, dans ce scénario où le STF est extrêmement attaqué, principalement par l'exécutif. Tant le STF que les peuples indigènes sont attaqués par ce gouvernement", a déclaré Samara Pataxó, coordinatrice juridique de l'Apib.

"L'acte vise précisément à attirer l'attention des pouvoirs, et maintenant du STF, sur le fait que la protection territoriale est nécessaire, qu'elle est nécessaire pour protéger la vie des indigènes, et pour protéger la Constitution, puisque le droit territorial indigène est un droit constitutionnel, et qu'il appartient au STF de protéger la Constitution", a-t-elle fait valoir.

Terres indigènes

Avant l'acte de l'après-midi sur la place Três Poderes, les indigènes ont traversé l'esplanade des ministères, portant 1,3 mille bannières avec les noms de toutes les terres indigènes du pays. Ensuite, elles ont été déposées devant le Congrès. Le matériau imite les plaques d'identification du gouvernement fédéral placées dans ces zones protégées pour empêcher l'entrée d'envahisseurs. L'objectif était de revendiquer la continuité des démarcations, paralysées par le gouvernement Bolsonaro, et la protection des territoires.

Aux cris de "Dehors Bolsonaro !", les manifestants ont également dressé des banderoles en faveur de la destitution et portant la phrase "Génocide, ton destin est le Tribunal de La Haye", en référence à la plainte pour génocide déposée par l'Articulation des peuples indigènes du Brésil (Apib) devant la Cour pénale internationale contre Bolsonaro, le 9 août.

Une bannière placée devant le Congrès par des indigènes

"Je veux dire que ce Brésil est le nôtre. Le Brésil est une terre indigène. Le Brésil est indigène. Il faut donc qu'ils comprennent que nous sommes originaires de cette terre et que nous la défendrons toujours", a déclaré Marcos Xukuru, cacique général du peuple Xukuru et maire de Pesqueira (PE). "Plus de six mille leaders indigènes qui représentent aujourd'hui, pour nous tous dans ce pays, la force de l'enchantement. Parce qu'ils [les parlementaires et le gouvernement] ont le pouvoir, mais ils n'ont pas la force. C'est nous qui avons la force, la force de nos ancêtres", a-t-il ajouté.

"C'est la plus grande mobilisation indigène depuis la re-démocratisation du Brésil, car ce sont nos vies et la vie de l'humanité qui sont en jeu dans le STF. Et personne ne fera taire nos voix. Nous sommes ici pour réaffirmer au monde que le Brésil est une terre indigène et que les peuples soutiennent la Cour suprême pour que la Constitution soit respectée", renforce Sonia Guajajara, de la coordination exécutive de l'Apib.

traduction carolita d'un article paru sur le site de l'ISA le 24/08/2021

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