Deux femmes autochtones à des postes politiques clés pour l'avenir des peuples autochtones

Publié le 20 Juillet 2021

En ce milieu d'année 2021, Mary Simon, du peuple inuit du Canada, et Elisa Loncón Antileo, une Mapuche de l'Araucanie chilienne, ont été élues presque simultanément à des postes publics importants dans leurs pays respectifs, marquant ainsi une étape historique pour la consolidation des droits des femmes et des peuples autochtones dans les Amériques.

Il est inévitable que, de l'autre côté du continent, la figure et la carrière de Mary Simon nous soient pratiquement inconnues. Qui est-elle et que signifie l'élection de cette dirigeante du peuple inuit pour le poste de gouverneur général du Canada, c'est-à-dire en tant que 30e représentant personnel de la reine Elizabeth II d'Angleterre dans cette terre nordique, une "monarchie constitutionnelle" sur le sol américain.

"Après 154 ans, notre pays franchit une étape historique. Je ne peux penser à une meilleure personne pour occuper ce poste ", a déclaré le premier ministre Trudeau en annonçant la nomination de Simon au début du mois de juin, faisant référence à sa sélection parmi une centaine de candidats.

Mme Simon, âgée de 73 ans et mère de trois enfants, est la première femme autochtone à occuper le poste de gouverneur général. Elle a été décrite comme une bâtisseuse de ponts qui rassemble des personnes de tous horizons en étant "une diplomate, une défenseuse (de son peuple inuit) et une femme inuk forte".

En fait, non seulement elle a été ambassadrice de son pays au Danemark, mais elle l'a fait avec un bagage comprenant la participation au conseil d'administration de l'Association inuite du Nord québécois, la direction de la Conférence circumpolaire (un organisme représentant les Inuit de tous les pays arctiques) et la présidence de l'Inuit Tapiriit Kanatami, l'organisation inuite nationale.

Mary Simon est née à Kuujjaq, un petit village isolé au bord de l'océan Arctique, loin au nord de la province de Québec, fille d'une native Inuit et d'un commerçant de fourrures blanc employé par la Compagnie de la Baie d'Hudson.

Le Canada reconnaît trois peuples originaires : les autochtones, les Inuit et les Métis (Métis). Ces derniers comprennent à leur tour les Inuit proprement dits, qui habitent la toundra arctique du nord de l'Alaska, du Canada et du Groenland, et les Yupik (également appelés Esquimaux) de Sibérie et du sud de l'Alaska. Bien que Mary Simon puisse être considérée comme métisse, elle a vécu jusqu'à son adolescence de la chasse et de la pêche à la manière des Inuit, parlant la langue de son peuple et suivant son mode de vie traditionnel. Diplômée de l'un des "pensionnats" douteux de la région, Simon a travaillé comme diffuseur et productrice à CBC North avant d'entamer une carrière de plusieurs décennies dans la défense des droits des autochtones. Elle a été active dans d'innombrables organisations inuites (où elle a contribué à négocier, par exemple, des droits exclusifs de chasse et de pêche et l'autonomie gouvernementale dans des territoires communs par le biais d'un traité entre les Cris, les Inuit et le gouvernement provincial), ou dans l'organisation et l'administration de fonds de développement inuit, qui ont donné lieu à de brillants investissements et avantages, ainsi que dans des organisations publiques de libre-échange et de coopération environnementale, notamment par son opposition à l'industrialisation du phoque et d'autres produits marins.

Au niveau de l'État, Simon (ou Maria, comme l'appellent ses collègues), a été ambassadrice au Danemark et, le 26 juin, elle a été nommée gouverneur général du Canada, un poste qui, bien que largement symbolique, implique également le commandement des forces armées et le devoir de dissoudre périodiquement le parlement pour la convocation de nouvelles élections.

Lors de sa première conférence de presse en tant que gouverneur, Mme Simon s'est d'abord exprimée dans sa langue maternelle, l'inuktitut, puis en anglais. Curieusement, et malgré le fait que l'anglais et le français sont des langues officielles au Canada, la gouverneure ne parle pas la deuxième langue, étant donné la nature restrictive de son éducation dans les écoles primaires. Et bien qu'elle soit actuellement engagée dans un apprentissage accéléré pour mieux remplir ses fonctions, Simon ne manque pas de reconnaître les valeurs fondamentales de son éducation lorsqu'elle déclare que "ma mère et ma grand-mère ont été mes mentors" et lorsqu'elle remercie son père de lui avoir enseigné le monde des non-autochtones et de l'avoir aidée à établir des liens entre les deux mondes.

Les leaders autochtones de tout le pays l'ont louée et félicitée pour sa nomination et le message d'espoir qu'elle envoie pour l'avenir des peuples autochtones dans ce changement substantiel de la politique canadienne, particulièrement significatif si l'on considère que la prédécesseure immédiate de Mme Simon à ce poste était Julie Payette, une ancienne astronaute qui a dû démissionner en raison de l'"environnement de travail toxique" qu'elle a créé pendant son mandat. Ironiquement, on pourrait dire que cette dame était, et est probablement toujours, très éloignée des questions autochtones.

En revanche, en définissant sa position, Mary Simon a souligné l'importance de sa nomination "sur le long chemin de la réconciliation". "Nous devons accepter les atrocités du passé, a-t-elle déclaré, et travailler à la promesse d'un avenir meilleur /.../ Si nous embrassons notre humanité commune, les meilleurs jours du Canada sont à venir.

Sur le site officiel de la Gouverneure générale, on peut lire que "la Gouverneure générale encourage le dialogue, favorise un sentiment d'objectif commun, d'identité, d'empathie et de réussite, et promeut le respect des diverses expériences, origines et perspectives de tous les Canadiens. En toutes choses, le gouverneur favorise un esprit d'inclusion qui considère la diversité comme une force à célébrer et à encourager".

Les points communs sont nombreux entre Mary Simon et Elisa Loncón Anguileo, chacune à une extrémité du continent, mais toutes deux annonçant des temps nouveaux à venir. L'aigle du Nord et le condor du Sud ont commencé leur vol.

Par María Ester Nostro
Date : 14/07/2021

 

sources

Krickeberg Walter. Etnología de América, FCE, 1946, México https://www.cbc.ca/news/politics/trudeau-gg-mary-simon-1.6091376https://www.bbc.com/news/world-us-canada-57739372
https://www.ecojardinmagico.com/como-hacer-jabon-casero-con-cenizas-de-madera/?fbclid=IwAR1N6QqhqN8SjLnUT-JFK5Fg62x5ystnXkBuDb6jsEHBGHbx72sZOnyzxWo

traduction carolita d'un article paru sur Elorejiverde le 14/07/2021

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