Chili : La Convention constituante demande la démilitarisation du Wallmapu et le gouvernement assassine un Mapuche

Publié le 13 Juillet 2021

11/07/2021
 

Ni l'État ni les compagnies forestières ne se soucient de la destruction d'un mode de vie, d'une culture, d'un peuple. Ils ne se soucient pas non plus de la vie des Mapuche.

Par le Dr Tito Tricot.

La nuit apporte toujours des ombres, et parfois la mort. Et en territoire mapuche, il s'habille souvent en uniforme. Ainsi, avec des yeux de feu, les Carabineros ont assassiné Pablo Marchant, un combattant mapuche - un weichache - qui résistait à l'occupation de son territoire par les compagnies forestières.

Il n'avait que 29 ans et ils ont détruit son visage. Comment est-ce possible alors que dans le sud il n'y a presque plus de forêts, seulement des plantations ? Dans le sud, où il pleut en permanence, l'acidité des pins et des eucalyptus a asséché les eaux souterraines.

Mais la forêt native a la qualité de protéger les lits des rivières et autres sources d'eau en régulant leurs cycles naturels, garantissant ainsi également la survie de la flore et de la faune locales.

Les plantations détruisent la forêt indigène et altèrent l'écosystème et la biodiversité, ce qui correspond à peu près à l'Itrofilmongen des Mapuche, la façon de voir et d'habiter le monde où tout est en équilibre : les humains, les oiseaux, les cascades, le vent, la terre.

Rien ni personne n'est superflu, tout se complète, mais - comme l'a dit à juste titre un chroniqueur espagnol - les pins et les eucalyptus sont comme Othar, le cheval d'Attila, qui ne faisait jamais pousser d'herbe partout où il allait.

Et que feront alors les machi si leurs guérisons sont basées sur des herbes qui proviennent précisément de la forêt indigène ? Doivent-ils se rendre loin, là où il y a encore de la forêt ?

Ni l'État ni les compagnies forestières ne se soucient de la destruction d'un mode de vie, d'une culture, d'un peuple. Ils ne se soucient pas non plus de la vie des Mapuche. Aujourd'hui, c'était Pablo Marchant, en 2018 c'était Camilo Catrillanca ; en 2009 Jaime Mendoza Collío, en 2008 Matías Catrileo. Alex Lemun, âgé de 17 ans seulement, a été tué d'une balle dans la tête en 2002, pour n'en citer que quelques-uns.

Au Chili, lors de la Rébellion de 2019, ils ont pulvérisé les yeux de près d'un demi-millier de chiliens et de chiliennes, assassiné, détenu, battu et maltraité des milliers d'autres. Parce qu'au Chili, un feu de signalisation vaut plus qu'un regard. Et dans le Wallmapu, une machine forestière vaut beaucoup plus que la vie d'un jeune Mapuche.

Toujours la mort éternelle. Cela s'appelle du terrorisme d'État. Mais aussi toujours la résistance, cela s'appelle la Dignité.

La nuit apporte toujours des ombres, et parfois la mort. Mais en territoire mapuche, on voit aussi souvent des lucioles habillées en weichafe. Et c'est la vie.

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* Sociologue, directeur du Centre d'études latino-américaines et caribéennes-CEALC.

traduction carolita d'un article paru sur Mapuexpress le 11/07/2021

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