Mexique : Conférence de presse Communauté nahua de Santa María Ostula

Publié le 20 Juin 2021

18 JUIN 2021

Santa María Ostula, municipalité d'Aquila, Michoacán, 21 juin 2021

 

A tous les médias nationaux et internationaux
A la société civile
Aux organisations sociales, collectifs et groupes de travail
Aux organisations de défense des droits de l'homme et aux associations civiles
Aux magistrats de la Cour suprême de justice de la Nation
A qui de droit

 

La communauté de Santa María Ostula annonce dans une conférence de presse que, par l'intermédiaire de son équipe juridique, elle déposera le recours direct 203/2020 devant le Deuxième Tribunal Collégial en matière administrative et du travail du Onzième Circuit, ainsi que devant l'Assemblée plénière de la Cour Suprême de Justice de la Nation (SCJN) pour demander que cette dernière instance fédérale reprenne le procès agraire 78/2004 et le résolve en faveur des intérêts de la défense de la propriété communale.

Il est important de rappeler que depuis 2004, de supposés petits propriétaires terriens ont revendiqué, par le biais d'un procès devant le Tribunal agraire unitaire n° 38, la propriété des terres qui étaient connues à l'époque sous le nom de Canaguancera et où se trouve aujourd'hui la ville de San Diego Xayacalan, grâce aux efforts de nombreux membres de la communauté qui ont lutté et même perdu la vie aux mains de la violence organisée.

Les personnes qui ont intenté ce procès veulent obtenir la propriété légale de ces terres afin de pouvoir opérer librement et réaliser différents projets, parmi lesquels l'expansion de la mine de Ternium (située dans le chef-lieu de la commune de l'Aquila) ; la possibilité d'un développement touristique, puisque ces terres possèdent environ 2 km de plage vierge ; en plus de la reprise des activités de déchargement des médicaments et des emballages à déplacer par voie terrestre vers d'autres voies de transfert.

Ces dernières décennies, c'est avec certains habitants d'une ville voisine appelée La Placita que nous avons eu des conflits. Il s'agit d'un groupe de personnes qui prétendent posséder plus de 1 250 hectares de notre territoire. Nous entamons maintenant une nouvelle étape dans ce procès agraire. Pendant toutes ces années, ceux qui se disent petits propriétaires terriens n'ont pas seulement essayé de construire des maisons ou de vendre des parcelles de terre, ils ont aussi formé des groupes armés pour nous intimider.

Notre lutte remonte à loin, nous avons toujours essayé de faire en sorte que notre territoire soit exempt d'exploitation et de destruction, nous sommes soucieux que ceux qui vivent dans la communauté aient une vie paisible, qu'ils profitent des belles choses que nous avons et qu'ils puissent compter sur un plein développement du travail, de la culture et de l'éducation. Il n'est pas facile d'être une communauté nahua dans un pays qui méprise les peuples indigènes et tente de les exterminer, ou de les transformer en main-d'œuvre bon marché, un pays qui vole nos ressources naturelles, qui nous assassine, et qui protège et renforce les groupes criminels. Nous pouvons dire, avec certitude, que ceux qui nous tuent et nous menacent sont ceux qui composent la violence organisée : fonctionnaires, partis politiques, hommes d'affaires, trafiquants de bois, trafiquants de drogue et compagnies minières.

Après quelques tentatives pour faire valoir devant la loi certaines mesures de notre communauté qui prennent les points de référence fondamentaux et les titres primordiaux émis au 18ème siècle, le Tribunal Agraire a rejeté ces procédures en donnant la préférence aux petits propriétaires terriens et a donc émis dans certaines occasions des sentences contre la communauté.

Le 29 juin 2009, Santa María Ostula a récupéré les terres litigieuses afin de réaliser la construction de Xayacalan. À partir de ce moment, la réponse de ceux qui nous réclamaient est devenue une offensive de violence et de mort qui a laissé un bilan de 35 personnes assassinées et 6 personnes disparues. Il n'y a pas eu de progrès dans l'application de la justice, il n'y a pas eu d'enquête malgré le fait que des dénonciations légales et publiques ont été faites.

Ce sont les stratégies juridiques proposées par l'avocat de la communauté, ajoutées à la lutte sociale et politique de la communauté, ainsi que la communication, qui ont permis à Ostula de maintenir son territoire en possession par la voie des faits.

Pendant ces années, depuis la récupération des terres en 2009, malgré le fait que de nombreuses familles ont dû partir ou se cacher, nous avons réussi à maintenir en vie l'Assemblée générale, ainsi que d'autres organes de décision. Il s'agit d'institutions communales qu'Ostula maintient depuis plus de 450 ans, notamment une garde communale qui protège et assure une sécurité permanente. La vie publique a été rétablie et l'éducation, la culture, les sports, les traditions religieuses, les activités agricoles et le tourisme, qui constituent la base de l'économie locale, ont prospéré.

Cela n'a pas été exempt de nouvelles agressions de la part de ces groupes criminels, de partis politiques, de fonctionnaires du gouvernement de l'État, de forces de sécurité telles que l'armée ou la marine, et de trahisons de la part de certains éléments de la communauté qui ont collaboré avec les agresseurs que nous avons mentionnés.

Nous nous trouvons à un moment crucial sur le plan juridique, car si nous perdons le procès, le pire est à venir : la destruction du lieu où vivent des centaines de familles, le mépris de la propriété communautaire des terres, des droits fondamentaux dont jouissent les Nahua qui vivent à Ostula et qui reposent sur la convention 169 de l'Organisation internationale du travail, ratifiée par le Mexique et ayant force de loi, ainsi que sur l'article 2 de la Constitution mexicaine, pour ne citer que quelques fondements juridiques.

C'est pourquoi nous lançons cette invitation à écouter la communauté, à dialoguer avec elle et à en apprendre davantage sur l'histoire de la lutte dans la région de Sierra-Costa, dans le Michoacán.

La réunion a lieu à 12 h 30 (heure centrale du Mexique) au lien suivant : https://meet.jit.si/NoisyDiplomatsShopGently.

Nous aurons la présence de :

-Les autorités communales de la communauté.

-Membres de l'équipe juridique.

-Carmen Ventura, docteur en sciences sociales du Colegio de Michoacán (COLMICH).

-María de Jesús Patricio, Marichuy, membre du Congrès national indigène et porte-parole du Conseil indigène de gouvernement (CNI_CIG).

Sincèrement
Commission de communication de Santa María Ostula
"Plus jamais un Mexique sans nous".

traduction carolita d'un communiqué paru sur le site du CNI le 18 juin 2021
 

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