Mexique : Communiqué de la communauté indigène de Santa María Ostula à l'occasion du 12e anniversaire de la récupération de son territoire

Publié le 1 Juillet 2021

29 JUIN, 2021

Aux peuples et aux gouvernements du monde

Depuis les terres sacrées de San Diego Xayakalan, territoire communal de Santa María Ostula, et comme nous le faisons depuis 12 ans, nous sommes réunis pour commémorer le fait que, par accord de l'assemblée générale des membres de la communauté, nous avons récupéré, grâce à une forte mobilisation de la police communautaire et de la garde communale, plus de mille hectares qui avaient été violemment envahis par de supposés petits propriétaires de La Placita, Michoacán, qui ont utilisé des erreurs techniques dans le plan définitif d'Ostula, qui superposait les supposées petites propriétés aux terres communales.

Malgré le fait que nos terres sont protégées par la propriété agraire, avec cette dépossession ils ont l'intention de traiter la zone en conflit comme s'il s'agissait de petites propriétés, pour servir les intérêts capitalistes de groupes criminels et d'affaires, qui pendant des années ont soumis notre terre mère pour la voir comme une source de minéraux, détruisant les montagnes et contaminant les rivières, ils la voient comme des bois précieux à vendre, avec l'aide éhontée du gouvernement, aux marchés de l'est, en passant par les ports de Lázaro Cárdenas et Manzanillo. Ils y voient, en raison de sa proximité avec l'océan Pacifique, un espace favorable au transfert d'armes et de drogues.

Les gouvernements, les hommes d'affaires et les criminels mesurent tout cela en millions de dollars, mais nous le mesurons en souffrance et en sang de notre peuple, puisque 41 membres de la communauté nous ont été enlevés (dont deux mineurs), qui ont été assassinés ou ont disparu par des groupes militaires ou criminels en toute impunité.

Mais pour la communauté, c'est et ce sera toujours notre terre, la même terre pour laquelle les parents et les grands-parents de ceux qui sont ici aujourd'hui se sont battus, la même terre que nous ensemençons et honorons dans nos festivités traditionnelles.

Le gouvernement fédéral a gravement manqué à sa responsabilité constitutionnelle de nous offrir, en tant que peuple originel, des instruments juridiques qui nous permettent de défendre ce qui nous appartient et qui a été reconnu dans la résolution présidentielle du 27 avril 1964. La même qui délimite le territoire à la frontière avec l'océan Pacifique jusqu'à la borne connue sous le nom de Las Majahuas, ainsi que les points fixes des collines de Mancira, La Lagunita, San Franciscote et Tepataxte, dont l'emplacement n'a pas été reconnu dans le procès par limites du dossier 78/2004 du Tribunal agraire unitaire du 38e district ayant son siège dans la ville de Colima.

C'est pourquoi le 21 juin, avec notre équipe juridique, nous avons déposé une requête pour que la Cour suprême de justice de la nation se saisisse de l'affaire et se prononce sur "la démarcation adéquate, la délimitation et la protection juridique effective des terres communales et les normes de preuve dans les cas d'invasion des propriétés communales par de petits propriétaires privés", étant donné que les instances juridiques ont utilisé le plan définitif dont les déficiences techniques ont été signalées par le réviseur du secrétaire de la réforme agraire, l'ing. Fracisco Osorio Labastida en 1958, sans les avoir corrigées avant la résolution présidentielle. Des erreurs qui ont été documentées et signalées par le Tribunal Supérieur Agraire, qui a ordonné l'amélioration de l'expertise, sans avoir respecté cette exigence à ce jour.

C'est pourquoi aujourd'hui, 29 juin 2021, douze ans après la récupération de nos terres communales, nous disons clairement que nous ne ferons pas un pas en arrière dans la protection et la défense du territoire. Nos morts et nos disparus sont la plus grande conviction que nous avons de ne pas leur permettre de nous prendre un centimètre carré de plus, car plus l'attaque contre notre mère la terre sera grande, plus notre organisation et notre réponse seront grandes.

Enfin, nous envoyons des salutations fraternelles à tous ceux qui ont élevé leur voix en faveur de cette lutte, ceux qui ont exigé la justice à nos côtés. Nous demandons que nous reprenions la parole, que nous écrivions et diffusions la raison que les intérêts puissants ont voulu faire taire. Nous vous demandons d'être attentifs à la parole de notre communauté pour participer à la campagne de solidarité que nous avons entreprise pour empêcher qu'une nouvelle injustice soit commise, car ce serait le début d'une nouvelle escalade de la violence, dont les conséquences pourraient être pires que la traînée de sang que nous avons vécue ces douze années.

Le 29 juin 2021.

Plus jamais de Mexique sans nous

Communauté autochtone de Santa María Ostula

traduction carolita d'un communiqué paru sur le site du CNI le 29 juin 2021

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