L'escalade de la violence contre les manifestants en Colombie

Publié le 10 Mai 2021

Au milieu d'informations alarmantes sur la violence policière, dimanche a marqué le 12e jour de manifestations en Colombie.

Servindi, 10 mai 2021 - Le dimanche 9 mai, après 12 jours de grève nationale en Colombie, de nouvelles dénonciations de violations des droits des manifestants ont été rendues publiques.

La violence avec laquelle le gouvernement du président Iván Duque a réprimé les manifestations a suscité la condamnation de divers secteurs de la société colombienne et de la communauté internationale.

Le Conseil régional indigène du Cauca (CRIC) a dénoncé que des individus armés ont attaqué les mingueros qui se déplaçaient à Jamundí dans l'après-midi du dimanche 9 mai, faisant au moins 8 blessés.

Plaintes citoyennes

Plusieurs rapports font état d'attaques contre des personnes qui manifestent pacifiquement. Parmi ces plaintes de citoyens, il a été fait état d'actions irrégulières de groupes de policiers déguisés en civils, qui attaquent des groupes de jeunes en plein acte culturel de protestation.

Par ailleurs, les représentants du Conseil régional indigène du Cauca (CRIC) dénoncent les attaques de groupes sympathisants du gouvernement et des partisans de l'ancien président Álvaro Uribe, en complicité avec les forces publiques de Cali.

"Pendant plusieurs jours, nous avons réalisé un exercice pour arrêter le bain de sang à Cali, afin que les forces publiques n'attaquent plus, mais le gouvernement, avec ce type d'acte, démontre qu'il n'a aucune capacité d'écoute", soutiennent-ils.

En réponse au communiqué de presse de la police nationale, le CRIC a soutenu que c'est la police, habillée en civil et infiltrée parmi les citoyens de Cali, qui attaque et cherche à semer le chaos parmi la population.

Ils essaient malicieusement de montrer un conflit entre la société de Cali et les membres de la communauté du Cauca, alors qu'en réalité, il s'agit d'une protestation massive de la population qui est mécontente du gouvernement d'Ivan Duque.

"Le communiqué de la police nationale n'est rien d'autre qu'une fuite en avant, un acte du plus profond cynisme formulé par ceux qui massacrent le peuple colombien" soutient le CRIC.

Préoccupation internationale

De leur côté, les organisations internationales ont exprimé leur inquiétude face à la violence qui sévit dans le pays et ont appelé à une solution sans nouvelles violations des droits de l'homme.

Le 4 mai, Marta Hurtado, porte-parole du bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, a exprimé sa solidarité avec les familles des victimes. Elle a également appelé au calme et insisté sur le devoir des autorités de protéger l'intégrité de la population.

Quelques jours plus tard, le secrétaire général de l'OEA, Luis Almagro, a condamné " les cas de torture et d'assassinat commis par les forces de l'ordre ", par le biais d'une vidéo diffusée le 7 mai par les comptes officiels de l'entité.

Des chiffres alarmants

Dimanche 9 mai, un communiqué conjoint de l'ONG Temblores et de l'Institut d'études pour le développement et la paix (INDEPAZ), a publié les chiffres de la violence de l'État colombien dans le cadre de la grève nationale.

Sur les 47 meurtres recensés par ces organisations, 39 ont été causés par la police. La plupart de ces décès ont eu lieu à Cali et ont été causés par des armes à feu.

De même, plus de 1800 cas de violence policière sont signalés, notamment des détentions arbitraires, des agressions oculaires, des tirs avec des armes à feu ou des violences physiques et sexuelles. En outre, on signale plus de 500 disparitions de personnes qui ont été arrêtées pendant les manifestations.

Une réforme impopulaire

La grève nationale a débuté le 28 avril, en rejetant le projet du gouvernement de mettre en œuvre une réforme fiscale, une mesure qui affecterait gravement l'économie déjà endommagée des secteurs les plus populaires.

En Colombie, l'un des pays les plus inégalitaires de la région et l'un des moins sûrs pour les dirigeants autochtones, la pandémie a déjà gravement affecté l'économie du pays. La preuve en est l'augmentation spectaculaire des taux de pauvreté.

En réponse, une réforme visant à augmenter le prix des services de base a suscité le tollé social qui se propage actuellement dans les principales villes.

Bien que la grève, appelée par les syndicats de travailleurs et la société civile, ait eu pour principal objectif de repousser le gouvernement dans sa tentative d'appliquer ces mesures, la mobilisation a pris de nouveaux slogans face à la réponse brutale des autorités.

Bien que le 2 mai, après cinq jours de grève, le président Duque ait annoncé le retrait de ce projet de réforme, la violence aveugle avec laquelle les manifestants ont été réprimés est devenue la principale plainte de la population.

traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 09/05/2021

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