Chiapas : Mactumactzá : "Le même rêve que j'ai fait, d'autres comme moi l'ont fait ; à partir de là, nous avons marché ensemble, nous nous sommes tenus la main en cherchant à être des enseignants"

Publié le 27 Mai 2021

Publié par : POZOL COLLECTIVO

25 mai 2021


Force à tous mes petits frères de mactumactza !

Dans ma ville natale, une ville éloignée des grandes villes, je suis né pauvre, je rêvais de devenir enseignant, mais ma situation économique m'a obligé à abandonner ces rêves. Mes parents étaient des paysans et n'avaient pas les moyens de me donner une éducation.

Ils m'ont parlé d'une école pour les enfants de paysans, son nom était MACTUMACTZÁ, plus d'un millier de demandes ont été soumises, et seulement 60 pouvaient y entrer. J'ai étudié jour et nuit pour être l'un d'entre eux, je voulais avoir la possibilité de terminer une carrière.

Quand je suis arrivé à l'école, j'ai réalisé que nous étions tous pauvres, que le même rêve que j'avais, d'autres comme moi l'avaient ; à partir de là, nous avons marché ensemble, nous nous sommes pris par la main en cherchant à devenir des enseignants et ils ont commencé à être mes frères et sœurs.

Les élèves des classes inférieures étaient mes petits frères, mes professeurs mes guides, et mon école est devenue ma deuxième maison. J'ai appris à me défendre lors de nombreuses répressions, j'ai appris à élever la voix pour dénoncer les injustices.

Pour beaucoup, nous sommes des étrangers, pour les peuples d'où nous venons, nous sommes un espoir, ils attendent que nous leur apportions plus de connaissances, ils veulent voir le pauvre jeune homme devenir un enseignant.

Aujourd'hui il n'y a plus 95 prisonniers politiques, avec moi il y en a 96, parce qu'à l'intérieur je me sens aussi dévasté, le crime de mes petits frères et sœurs est seulement de demander un examen en classe, je me sens impuissant devant ma condition, mais mon courage pour défendre mon école est encore plus grand, je sais que les parents des jeunes pleurent dehors, qu'ils sentent la boule dans la gorge et que leurs épaules veulent tomber.

Quel crime ont-ils commis ?
Ont-ils violé ?
Ont-ils tué ?

GOUVERNEMENT, ne savez-vous pas ce qu'est le sens humain ?

Les pauvres n'ont-ils pas le droit de manifester, les classes sociales nous considèrent-elles comme une espèce rare du seul fait d'être pauvres, n'avons-nous plus le droit d'élever la voix et d'exprimer notre opinion face à l'injustice ?

Vous, le gouvernement, qui dirigez une municipalité, un État, un pays.
Pourquoi nous humiliez-vous de la sorte ?
Pourquoi abusez-vous de votre pouvoir, que nous vous avons donné ?

Savez-vous que votre pouvoir va bientôt disparaître ? Savez-vous que vous serez le pire des gouvernements ?
Savez-vous que cela nous fait mal que vous nous battiez et que vous risquiez nos vies juste parce que nous demandons la justice ?

Mais nous avons la force de nous battre et je sais que les manifestations ne s'arrêteront pas tant que nous ne verrons pas nos petits frères et sœurs sortir de ces quatre murs et nous continuerons à crier des slogans encore plus forts.

La lutte continue, ce n'est que le début, beaucoup d'entre nous sont mactu, nous sommes des normalistes ruraux, et les morts et la douleur que vous nous avez causé, ont éveillé nos consciences encore plus.

Mactumactzá vit et vivra pour toujours.

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=2044243675717755&id=100003964270289

Le conflit dans l'école normale rurale de #Mactumactzá, à #Chiapas, s'inscrit dans le cadre d'une réduction soutenue du budget que ces institutions reçoivent du gouvernement du Mexique et qui les met au bord de la disparition.

traduction carolita d'un communiqué paru sur Pozol.org le 25 mai 2021

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