Au Mexique, « pas de pandémie pour les groupes paramilitaires »

Publié le 29 Mai 2021

, par Equal Times , VARZI Changiz M.

 
Manifestation des membres de la société civile Las Abejas pour exiger la condamnation des auteurs du massacre d’Acteal.
Photo : Jesús Villaseca Pérez / Latitudes Press. (CC BY-NC-SA 2.0)

Au Mexique, les assassinats d’autochtones par des groupes paramilitaires sont devenus si banaux qu’ils ne sont même pas couverts par les médias. Le Rapport mondial 2020 de Human Rights Watch indique que le gouvernement mexicain ne fournit pas de données fiables sur les exécutions extrajudiciaires et les attaques violentes exercées contre les militants indigènes. Pourtant, dans les documents examinés par Equal Times, des organisations locales rapportent qu’entre 2012 et 2018, 499 attaques ont été perpétrées au Mexique à l’encontre des défenseurs de la terre et des militants environnementaux indigènes.

Au cours de l’année dernière, alors que l’attention du monde se focalisait sur les ravages causés par la pandémie de coronavirus (le Mexique se trouve actuellement à la troisième place, après les États-Unis et le Brésil, en nombre de décès dus au Covid), et en l’absence d’observateurs nationaux et internationaux des droits humains, les groupes paramilitaires ont redoublé leurs attaques contre les militants des droits des indigènes, les défenseurs de la terre et les organisateurs communautaires.

En ce 15 février 2021, 100 jours après sa disparition, le cadavre du militant indigène Miguel Vázquez Martínez a été retrouvé dans une fosse clandestine dans l’État de Veracruz. Le 23 janvier, Fidel Heras Cruz a été assassiné dans l’État d’Oaxaca. Entre le 18 et le 21 janvier, des milices paramilitaires ont attaqué la communauté autonome de Moisés Gandhi avec des armes à feu et tiré sur les maisons pendant des heures. Ces trois cas s’inscrivent, hélas, dans une bien longue liste d’agressions.

« Le paramilitarisme a une longue histoire dans de nombreux pays d’Amérique latine », déclare Michael A. Paarlberg, professeur de sciences politiques à l’université du Commonwealth de Virginie, aux États-Unis. Au Mexique, une nouvelle forme de paramilitarisme est apparue en réponse au soulèvement zapatiste de 1994. Alors que plusieurs communautés indigènes mayas prenaient les armes sous le nom d’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) pour protéger leurs terres ancestrales et lutter contre les inégalités et les discriminations dans le sud du Mexique, des groupes armés de droite, soutenus secrètement par le gouvernement fédéral et des personnalités régionales influentes, ont lancé des attaques contre les populations indigènes.

Dix ans plus tard, à mesure que les cartels de la drogue renforçaient leur présence au Mexique, l’alliance entre les trafiquants de drogue et les paramilitaires s’étendait pour contrôler les territoires appartenant aux populations autochtones et les forcer à quitter leurs terres ancestrales. Pour M. Paarlberg, ce déploiement correspond à une tendance régionale.

« C’est ce qui s’est passé avec les ’Autodefensas’ en Colombie, les ’Rondas’ au Pérou et les ’Patrullas’ au Guatemala. L’on constate une augmentation de l’activité paramilitaire dans les régions où l’État est peu présent et les institutions défaillantes, et où la sécurité n’est pas garantie et la justice n’est pas fiable. »

 

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