Amazonie péruvienne : Les indigènes ne se font pas vacciner par manque d'information
Publié le 15 Mai 2021
Photo : Orpio
L'enquête révèle que 66,2% des 462 indigènes du Loreto et d'Ucayali ne se feraient pas vacciner, principalement en raison du manque d'information et de la peur.
Servindi, 12 mai 2021 - Une enquête menée auprès de 462 indigènes de Loreto et d'Ucayali révèle que 66,2% d'entre eux ne veulent pas être vaccinés contre le COVID-19.
Parmi les principales raisons qui poussent la population indigène à préférer ne pas se faire vacciner figurent le manque d'informations officielles, la peur, le fait de "ne pas vouloir mourir" et la méfiance à l'égard du vaccin.
Les résultats montrent que le gouvernement n'a pas réussi à communiquer efficacement sur le processus de vaccination dans les communautés indigènes et à mettre fin à la désinformation croissante sur la pandémie.
L'enquête a été réalisée grâce à un travail collectif entre l'Organisation régionale des peuples indigènes de l'Est (Orpio), l'Organisation régionale Aidesep Ucayali (ORAU) et des entités privées.
Parmi elles, l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), l'Alliance pour l'Amazonie face au COVID19, Rainforest Foundation U.S. et Cedro.
Les résultats de l'enquête ont été présentés le mardi 11 mai lors d'une conférence de presse diffusée sur la page Facebook d'Orpio.
Raisons de ne pas se faire vacciner
Selon les résultats, 31,7% disent qu'ils ne se feraient pas vacciner par manque d'informations officielles, 22,9% par peur, 22,6% parce qu'ils ne veulent pas mourir et 10,1% par méfiance.
En outre, 6,2% ont déclaré avoir une confiance excessive dans la médecine traditionnelle et 3,9% avaient peur des effets secondaires du vaccin.
D'autre part, près de 10 % des répondants n'ont pas fait de commentaires ou ont invoqué d'autres raisons.
Autre preuve de désinformation, seuls 16,9 % des répondants ont indiqué qu'ils savaient qu'ils devaient signer un formulaire de consentement pour être vaccinés.
De même, seuls 32,7% ne savaient pas qu'ils pouvaient contracter le COVID-19 plus d'une fois.
Les personnes interrogées ont également indiqué que pour se faire vacciner, elles avaient besoin de conseils et d'avis de la part des centres de santé, d'informations officielles et de preuves que le vaccin est sûr.
Quelques pratiques face à la pandémie
Malgré le bilan national des infections et des décès, certaines activités collectives semblent rester en place dans les régions étudiées.
Les résultats indiquent que 83,3% participent toujours aux activités communautaires et 60,8% maintiennent des contacts étroits avec les autres membres de la communauté.
De même, le manque d'habitudes de prévention se traduit par des pourcentages qui, bien que dépassant la moitié, sont considérables. En outre, on constate un manque de respect des pratiques qui pourraient être considérées comme fondamentales pour prévenir la contagion.
Par exemple, 44,2% ont indiqué qu'ils n'utilisent pas de masques et 48,1% qu'ils partagent les mêmes ustensiles à la maison.
De leur côté, 25,3% ne couvrent pas leur toux ou leurs éternuements et 21,6% déclarent ne pas avoir l'habitude de se laver ou de se désinfecter les mains.
"Si les informations du ministère de la Culture atteignaient les communautés, peut-être auraient-elles des attitudes très similaires à celles du reste du pays", ont-t-il déclaré lors de la conférence de presse.
Les résultats montrent une désinformation, mais aussi plusieurs cas qui pourraient être dus au manque d'accès aux services de base afin de respecter les protocoles de santé.
A propos de l'enquête
Parmi les communautés indigènes de Loreto qui ont fait l'objet de l'enquête figurent les Kichwa, les Murui Muinane du Napo, les Maijuna du Napo, les Boras, les Yaguas, les Ocaina, les Murui Muinane de l 'Ampiyacu, les Ticuna et les Yaguas du Bajo Amazonas.
Pour la zone couverte dans l'Ucayali, les Ashaninka de l'Alto Tamaya et les membres du peuple Shipibo-Conibo du lac Imiria ont été interrogés.
Les enquêtes ont été réalisées en personne et géoréférencées dans des communautés qui n'étaient pas en quarantaine, en respectant tous les protocoles de biosécurité requis par l'État.
La conférence de presse a souligné le leadership et la coordination de sept leaders indigènes et de deux femmes leaders indigènes dans la réalisation du projet.
traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 11/05/2021
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