Pérou : Les peuples choisissent de lutter. Editorial de Lucha Indígena
Publié le 13 Avril 2021
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Servindi, 11 décembre 2020 - Quelle représentation politique pourrait nous offrir un processus électoral ? demande l'éditorial de Lucha Indígena, un mensuel dirigé par Hugo Blanco Galdós.
Nous partageons la 175ème édition correspondant à avril 2021 avec 40 pages où elle a comme un de ses thèmes centraux l'analyse critique de la représentation électorale au Pérou et dans divers pays de la région.
"Les peuples continueront à tisser d'en bas notre résistance, nos alternatives, notre identification avec le territoire qui nous fait vivre, avec l'eau qui nous donne des fruits, avec la langue qui nous abrite, avec l'acte communautaire de la vie quotidienne. C'est là que réside notre espoir et notre outil : l'organisation".
Lucha Indigena peut être téléchargé gratuitement à partir du lien suivant :
https://bit.ly/3mFuE1N(PDF, 40 pages)
L'éditorial est reproduit ci-dessous :
Les peuples choisissent de lutter
Nous sommes des peuples autochtones enracinés dans nos territoires, dans nos langues, dans nos cultures. Mais dans notre parcours, nous ne nous appelons pas ainsi.
Nous nous appelons Quechua, Wampis, Achuar, Aymara, Awajun, Kukama, Mapuche, Kuna, Wayuu, Nasa... nous sommes si nombreux, si divers, que cette langue ne suffit pas à nous définir, ni bien ni suffisamment, la langue que nous avons apprise à force de vouloir nous faire entendre, d'avoir quelqu'un à qui crier et se plaindre de la mort et de la dépossession qui nous hante. Si la langue nous exclut de cette manière, quelle représentation politique un processus électoral pourrait-il nous offrir ?
Quelle représentation politique un processus électoral pourrait-il nous offrir ?
Au Pérou, l'histoire et la lutte des indigènes ont été violemment réduites au silence, mais cette astuce éhontée consistant à "élire" des représentants est bien connue. Jusqu'en 1895, l'élection du président et des membres du Congrès était indirecte, puis le peuple était autorisé à voter, mais seulement ceux qui savaient lire et écrire.
Cela signifie l'expulsion des peuples amazoniens et andins de la politique nationale. Sans compter que les jurys électoraux et les bureaux de vote étaient choisis parmi les plus gros contributeurs de chaque département, c'est-à-dire les riches, les élites locales.
Cette exclusion pour les uns et ce privilège absolu pour les autres ne résonnent-ils pas en nous aujourd'hui, 2021, que ce soit pour voter, se faire vacciner, accéder à l'éducation ou même avoir le droit de travailler sans être persécuté au milieu d'une pandémie d'inégalités et d'incertitudes ?
Ce n'est qu'en 1980 que l'alphabétisation a cessé d'être une condition pour l'élection des présidents et des membres du Congrès. Depuis lors, nous marquons nos bulletins de vote d'une foi obéissante (contrainte, en réalité, par l'amende et le châtiment) pour celui qui a une chance, pour celui qui ressemble à notre abandon ou à notre stigmatisation, pour celui qui promet de ne pas nous tuer autant ou aussi vite.
Concrètement, les candidats ne représentent pas les organisations paysannes ou les peuples amazoniens. Nous ne sommes pas sur leurs écrans ou leurs haut-parleurs. Les millions budgétisés ne nous sont pas distribués à la demande. Les dettes oui, les concessions et les menaces oui. La peur, bien sûr, en abondance. Comme dans un cauchemar de l'histoire, ils nous posent des questions sans nous écouter, ils nous laissent choisir entre le massacre ou la résignation. Selon la loi, et ce depuis la colonie, il fait mauvais genre de nous raser sans ultimatum.
Une chose est sûre. Les concessions minières avancent au rythme de milliers d'hectares par mois ; les assassinats de la part des entreprises, la répression d'État et les tables d'outrage se succèdent sans discontinuer ; l'infrastructure de la déforestation, de la pollution et du pillage se construit sans discontinuer.
Une autre chose est certaine. Les peuples continueront à tisser d'en bas notre résistance, nos alternatives, notre identification avec le territoire qui nous fait vivre, avec l'eau qui nous donne des fruits, avec la langue qui nous abrite, avec l'acte communautaire de la vie quotidienne. C'est là que réside notre espoir et notre outil : l'organisation.
traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 12/04/2021
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Los pueblos eligen luchar. Editorial de Lucha Indígena
Indígenas somos los pueblos arraigados a nuestros territorios, a nuestras lenguas, a nuestras culturas. Pero en nuestro andar, nosotras y nosotros mismos no nos llamamos así. Nos nombramos Quechu...
https://www.servindi.org/12/04/2021/los-pueblos-eligen-luchar-editorial-de-lucha-indigena