Les autres effets secondaires des vaccins

Publié le 19 Avril 2021

Dites-moi que non, ce ne sont pas les mêmes, que les entreprises pharmaceutiques qui fabriquent et fournissent aujourd'hui nos vaccins contre le coronavirus en sont d'autres, plus transparentes, plus éthiques, plus soucieuses du bien-être de l'humanité et moins obsédées par le profit à tout prix.

Par Isaac Rosa Posté le 18 avr, 2021

Voyons voir, une question bête que je me pose depuis des mois, et que je n'ose jamais poser pour ne pas alimenter les canulars ou donner de l'air aux rabat-joie : les multinationales pharmaceutiques dont dépendent aujourd'hui nos vaccins, notre santé et notre économie, sont-elles les mêmes que celles dont nous avons passé des décennies à nous méfier et à maudire pour leurs pratiques douteuses, encore et toujours dénoncées et parfois condamnées pour corruption, pots-de-vin, cadeaux aux médecins, essais cliniques irréguliers, pression sur les gouvernements et les institutions internationales, le financement des partis et des candidats à la présidence qui favorisent leurs intérêts, le pillage des ressources naturelles et des richesses biologiques des pays africains, la crise des opioïdes aux États-Unis, et mille et un comportements non éthiques, voire carrément criminels ?

Je poursuis ma question, je dois reprendre mon souffle : les multinationales pharmaceutiques dont dépendent aujourd'hui les vaccins, etc., etc., ne seraient-elles pas par hasard les mêmes multinationales pharmaceutiques qui ont été les protagonistes de décennies de plaintes et de procès de la part des utilisateurs, de toutes sortes d'enquêtes journalistiques et judiciaires, ainsi que de centaines de thrillers très divertissants dans lesquels des journalistes intrépides et des médecins honnêtes découvrent leurs agissements mafieux, mettant leur vie en danger ? S'agit-il des mêmes industriels qui, depuis plus d'un demi-siècle, sont accusés de consacrer des ressources à la recherche de certaines maladies en fonction de leur rentabilité, de mettre au point des traitements chroniques plutôt que curatifs pour s'assurer des revenus sans fin, ou de tirer d'énormes profits de nos peurs et de nos angoisses ? Les mêmes qui, contrairement à la croyance selon laquelle la recherche progresse grâce à leurs efforts, ne consacrent en réalité qu'un faible pourcentage de leurs profits à la recherche, tout en bénéficiant sans cesse du travail public des universités, des centres de recherche et des hôpitaux de toute la planète, et d'énormes quantités d'argent public ?

Allez, calmez-moi un peu, enlevez la peur de mon corps : dites-moi que non, ce ne sont pas les mêmes, que les entreprises pharmaceutiques qui fabriquent et fournissent aujourd'hui nos vaccins contre le coronavirus ne sont pas celles des deux paragraphes précédents, que ce sont d'autres, plus transparentes, plus éthiques, plus soucieuses du bien-être de l'humanité et moins obsédées par le profit à tout prix.

Je ne veux même pas penser que notre santé et notre économie, c'est-à-dire nos vies et notre avenir, soient à la merci de ces coquins. Je suis convaincu que nos gouvernants, européens et espagnols, ne le permettraient pas. Et s'ils n'avaient pas d'autre choix que de se confier à ces mêmes fabricants, je suis certain qu'ils ne les laisseraient pas bénéficier de l'argent et de la recherche publics sans qu'on leur assure au préalable un approvisionnement suffisant et équitable en vaccins, en tenant compte des critères de santé mondiale plutôt que de la loi du marché ; et ils le feraient par le biais de contrats transparents, sans clauses confidentielles ni paragraphes occultés.

De plus, même dans le cas hypothétique -improbable, j'insiste- où, pour des raisons de force majeure -l'urgence d'obtenir un vaccin contre la montre-, nos gouvernants se seraient jetés dans les bras de ces mêmes entreprises pharmaceutiques des deux premiers paragraphes, je parie qu'ils seraient implacables avec toute rupture de l'approvisionnement ou avec le moindre soupçon de déviations dans la production ou la vente aux enchères des vaccins au plus offrant, les obligeant même à partager les connaissances pour que d'autres puissent aussi fabriquer.

Attendez, je vais faire un pas de plus : dans le cas improbable, hypothétique et totalement invraisemblable où tout ce qui précède se serait produit, et où nous serions aujourd'hui totalement à la merci de quelques compagnies pharmaceutiques telles que décrites dans les deux premiers paragraphes, et qu'il n'y aurait pas d'autre choix que d'avaler et d'avancer, je mets ma main au feu parce que nos gouvernants et les organisations internationales seraient déjà en train de préparer les futures réformes contre l'oligopole pharmaceutique et même de planifier la création de compagnies pharmaceutiques publiques afin que, puisque dans cette pandémie cela n'a pas été possible, il ne nous arrive pas la même chose dans la prochaine. C'est plus ou moins ce qui s'est passé avec les banques pendant la crise de 2008 : nous avons dû les avaler et les renflouer, car l'économie mondiale dépendait de leur effondrement, mais une fois la frayeur passée, les gouvernements et les organisations internationales sont devenus très, très sérieux et ont mis les banques du monde au pas, et depuis lors, elles sont responsables devant le public et ont reversé leurs bénéfices au bien commun.

Pardonnez-moi de me défouler, mais je voulais exprimer mes doutes. Que lorsqu'on m'appelle pour me faire vacciner, je n'aie pas à m'inquiéter des effets secondaires, ni de ceux du vaccin, ni de ceux découlant de l'accord avec leurs fabricants.

Nous parlerons de l'accès des pays disposant de moins de ressources à la vaccination un autre jour, je suis à court de pages. Et s'il te plaît, quand tu pars, éteins le mode ironique, je l'ai laissé allumé.

traduction carolita d'un article paru sur Kaosenlared le 18 avril 2021

Rédigé par caroleone

Publié dans #Santé, #Coronavirus, #Vaccins, #pilleurs et pollueurs, #Réflexions

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