Chili : Face à l'augmentation des saisies de terres dans le Wallmapu, Piñera renforce la militarisation de l'Araucanie
Publié le 21 Avril 2021
19/04/2021
L'entraînement militaire des Carabineros et de la PDI, ainsi que l'augmentation des équipements répressifs, sont quelques-uns des éléments présents dans le plan mené depuis le gouvernement, par le nouveau délégué présidentiel de la Macrozone Sud, Pablo Urquízar. Et lorsqu'il s'agit de répression, en particulier contre le peuple mapuche, le gouvernement ne ménage ni ses ressources ni ses finances.
Source : laizquierdadiario.cl
Ce n'est un mystère pour personne que depuis des mois, le gouvernement cherche à passer à l'offensive dans le cadre d'un plan de répression sans précédent dans la région du Wallmapu, contre les communautés mapuche qui se sont soulevées contre la militarisation dirigée par le gouvernement, et pour la récupération de leurs terres ancestrales.
Selon Cooperativa, il y a plus de 134 saisies de terres jusqu'à présent dans les trois premiers mois de cette année 2021, un nombre plutôt important comparé aux 17 de 2020.
Cependant, comme on pouvait s'y attendre de la part du gouvernement, la seule réponse qu'il apporte aux revendications territoriales est l'augmentation du budget et la spécialisation dans les techniques répressives des institutions qui détiennent le pouvoir de "l'ordre".
Le média Ex Ante rapporte que des membres de la Brigade d'opérations spéciales de l'armée (BOE) forment depuis le mois de mars les carabiniers et la police d'investigation (PDI), dans le but d'approfondir la militarisation à Victoria et Ercilla, les "zones rouges".
La formation au champ de tir militaire, à l'utilisation des armes de guerre, s'accompagnerait également d'un équipement de 30 véhicules blindés Mowag, dont 12 auraient été donnés récemment par l'institution.
Ce plan est dirigé par l'actuel coordinateur de la macrozone sud, Pablo Urquízar Muñoz, en remplacement de Cristián Barra qui a démissionné de son poste après avoir demandé aux forces armées de remplir leur rôle répressif dans la région. Et depuis son nouveau poste, il n'a pas hésité à condamner et à criminaliser les saisies de terres.
"La préoccupation concernant la forte augmentation des délits d'usurpation dans la Macrozone Sud, associés à d'autres actes de violence, est une priorité pour le gouvernement et nous y faisons face par le biais de la législation, en établissant des peines de prison pour ceux qui commettent le délit (aujourd'hui il n'y a qu'une amende), et avec des mesures de prévention et de poursuite dans un plan concret contre les usurpations que nous sommes en train de développer et que nous espérons matérialiser le plus tôt possible ", a déclaré Urquízar à La Tercera, profitant de l'occasion pour attaquer le Comité de coordination Arauco Malleco (CAM).
"Ici les choses sont claires, le CAM utilise la violence comme méthode d'action politique. Historiquement, ils ont revendiqué une série d'attentats, il y a eu des victimes, on a attaqué la vie, l'intégrité physique et les biens de nombreuses personnes, qu'elles soient Mapuche ou non. Ici, nous ne pouvons pas être confondus, nous devons condamner la violence d'où qu'elle vienne (...) C'est très grave non seulement parce qu'elle affecte l'intégrité physique de la personne ou des biens, mais ce qui est affecté ici dans son essence, c'est la démocratie et l'état de droit", a déclaré le délégué présidentiel pour la zone Macro Sud. Bien que clairement pour Urquíza quand il parle de la violence, il laisse exempt les Forces répressives de l'État, qui ont assassiné Camilo Catrillanca en 2018, ou la violence exercée même contre les enfants et adolescents mapuches.
Sur les entreprises forestières et les opérateurs politiques
Le CAM pointe déjà du doigt l'intervention des entreprises dans le conflit, dans lequel les opérateurs politiques ont systématiquement cherché à diviser la lutte pour la récupération des terres et les revendications fondamentales du peuple mapuche.
"Face à l'intervention et aux négociations actuellement menées par l'entreprise forestière Mininco sur le territoire Lavkenche, plus précisément dans la zone de Lleu-lleu, nous tenons à préciser que nous rejetons catégoriquement les manipulations et les sales affaires que cette entreprise réalise par le biais d'opérateurs politiques de l'entreprise forestière, déguisés en pseudo leaders du peuple mapuche, déguisés en pseudo-dirigeants territoriaux mapuche, qui conduisent notre peuple à une confrontation interne dans le but de sauvegarder les intérêts de l'entreprise forestière", déclarent-ils dans un fragment de leur communiqué, et ils ajoutent : "Nous appelons notre peuple à ne pas tomber dans le jeu du winka, qui tente de nous diviser et de nous faire combattre entre nous". Malheureusement, l'intervention de Mininco, en plus d'apporter violence et confrontation, ne profite économiquement qu'à quelques dirigeants, car actuellement la majorité de notre peuple est déterminée à expulser l'industrie forestière, en raison des graves dommages environnementaux qu'elle cause sur notre territoire ancestral".
L'offensive répressive du gouvernement et la défense de la lutte du peuple Mapuche
L'offensive répressive déjà brutale du gouvernement dans le sud du pays contre le peuple mapuche menace de s'intensifier encore. Depuis l'agitation des groupes d'ultra-droite comme APRA liés aux entrepreneurs ruraux et forestiers, jusqu'à la droite et son gouvernement, ils ont déclaré comme ennemis tous les secteurs qui s'élèvent contre la négligence des capitalistes avec leurs entreprises qui affectent l'écosystème dans le seul but d'élargir leurs poches de profits, tandis que des dizaines de communautés demandent la fin de la militarisation du Wallmapu.
Et il est clair que face à l'inquiétante situation d'urgence économique et sanitaire dans laquelle nous nous trouvons actuellement, dans laquelle le gouvernement n'offre que des miettes et des solutions provisoires aux travailleurs, il ne ménage pas ses dépenses et ses ressources lorsqu'il s'agit de répression, en particulier contre le peuple Mapuche, comme cela s'est avéré ces derniers mois.
C'est dans ce contexte qu'il est fondamental de reprendre l'organisation et la lutte pour les revendications élémentaires du peuple Mapuche, telles que la récupération de ses terres, et l'autodétermination de son peuple-nation, main dans la main avec les revendications de la classe ouvrière, et des différents secteurs frappés par la constitution héritée de la dictature, et le pillage des 30 années au service du grand capital.
L'expropriation des entreprises forestières et la restitution des terres sont une bannière commune entre la classe ouvrière et le peuple mapuche, face à des intérêts comme ceux des familles Matte et Angelini.
traduction carolita d'un article paru sur Mapuexpress le 19/04/2021