Brésil : Les députés du Rondônia suppriment la protection de plus de 200 000 hectares de forêts publiques
Publié le 25 Avril 2021
Jeudi 22 avril 2021
ISA
L'ISA et d'autres organisations de l'État du Rondônia et du Brésil rejettent un projet de loi qui réduit de vastes zones de deux aires protégées de l'État, libérant ainsi la zone pour les envahisseurs et les accapareurs de terres.
Consultez le texte intégral :
À l'heure où les pays tentent de donner le ton pour garantir l'avenir climatique de la planète, l'Assemblée législative du Rondônia préfère utiliser le contraire de l'histoire pour récompenser les grileiros des terres publiques et les déboiseurs illégaux, au détriment de l'ensemble de la population.
Par décision des députés dans la nuit du mardi 20 avril, la réserve extractive de Jaci-Paraná aura pratiquement disparu. Sur les 193 000 hectares existants, il n'en restera que 22 000, soit un peu plus de 10 % de la superficie initiale. Le parc d'État de Guajará-Mirim perdra 55 000 hectares, dans une coupe qui affectera même le siège de l'unité de conservation, qui sera laissé en dehors de la zone préservée.
Les terres retirées aux unités de conservation seront données en prix aux envahisseurs illégaux qui ont occupé la forêt sur la base de la violence. Les grileiros ont expulsé les communautés traditionnelles pour mettre à leur place 120 000 têtes de bétail, destinées même à l'exportation.
Avec cette décision, l'Assemblée législative expulse les indigènes, les planteurs d'hévéas et les extractivistes pour faire place aux pâturages et au bétail, qui enrichissent quelques puissants, laissant la facture des dommages environnementaux à la population. Elle condamne à la misère, dans la périphérie des villes, des centaines de familles empêchées de continuer à vivre durablement dans la forêt sur pied - qui tombe désormais officiellement au nom du bétail.
Cette appropriation illégale des terres publiques aura des impacts directs et irréversibles sur les terres indigènes Uru-eu-wau-wau, Karipuna, Igarapé Lage, Igarapé Ribeirão, Karitiana et les communautés en isolement volontaire de la région. Ces peuples, qui n'ont jamais été consultés sur les modifications apportées aux unités de conservation, voient aujourd'hui leur intégrité physique, culturelle et territoriale menacée, ce qui les expose à l'expulsion, à la maladie et à la mort.
Les parlementaires et le gouvernement de l'État tentent de vendre l'idée fausse que les grileiros sont des gens pauvres, qui travaillent la terre de leurs mains pour subvenir aux besoins de leurs familles. Ils essaient de cacher la réalité. Les grands responsables des invasions sont des personnes puissantes et influentes, qui utilisent les squatters comme des ornements. Des personnes qui engagent des tireurs armés pour expulser par la force des familles traditionnelles qui tirent leur subsistance de la forêt. Les gens modestes ont dix, vingt ou même cent têtes de bétail, jamais le plus grand troupeau de bovins de l'État, commercialisé avec de grands abattoirs.
La réduction drastique des unités de conservation est le couronnement d'attaques systématiques contre la loi et l'ordre, dans une histoire de plus de 20 ans d'agressions. Elle contredit diverses décisions judiciaires et celles des ministères publics de l'État et du gouvernement fédéral. Elle n'est pas conforme à la législation en vigueur et aux accords internationaux signés par le Brésil. Le projet a été présenté par le gouverneur Marcos Rocha et approuvé par les députés sans qu'aucune étude technique ne soit présentée pour justifier les coupes.
Mardi soir (20/4), lorsque les invasions ont été légalisées, les parlementaires ont passé plus de temps à négocier à huis clos qu'à délibérer publiquement. La session a été interrompue deux fois, pendant plus de trois heures au total, à un moment où la population est empêchée de suivre les sessions en personne en raison des restrictions imposées par la pandémie.
Des négociations sans transparence, cachées au public, constituent un recul démocratique qui rend les décisions de l'Assemblée illégitimes. Que s'est-il passé lors de ces réunions secrètes ? Qu'est-ce qui a été négocié ? Qui a participé ? Telles sont quelques-unes des réponses que les députés doivent à la société et à la démocratie.
Le gouverneur Marcos Rocha a maintenant l'opportunité de choisir comment il veut entrer dans l'histoire. S'il oppose son veto aux projets criminels, il enverra au Brésil et au monde entier le message de quelqu'un qui se soucie des gens et de la nature. S'il sanctionne le projet de loi, il montrera qu'il s'allie à la dévastation, la violence, l'accaparement des terres et la déforestation qui détruisent l'Amazonie. De plus, il court le risque d'être désavoué par les tribunaux, qui ont à plusieurs reprises interdit les agressions contre la forêt et la population.
Pour notre part, nous ne permettrons pas la consolidation de ces menaces. Nous les dénoncerons et nous nous battrons par tous les moyens, y compris à l'extérieur du pays si nécessaire, pour défendre nos populations, nos forêts, notre climat et notre Démocratie.
Signataires :
Mouvement Sos Cerrado
Association alternative Terrazul
FBOMS - Forum brésilien des ONG et des mouvements sociaux pour l'environnement et le développement durable
GEEMA- Groupe d'étude sur l'éducation et l'environnement
Associação de Defesa Etnoambiental Kanindé (Association Kanindé de défense ethno-environnementale)
SOS Amazonia
Daniel Luis Dalberto - Avocat fédéral
Aparecida Vilaça - anthropologue/musée national UFRJ
OPAN -Operação Amazônia Nativa
Ramires Andrade - Avocat
Association du peuple autochtone Uru Eu Wau Wau - JUPAÚ
Association du peuple autochtone Karipuna ( APOIKA)
Movimento Amazônia na Rua (Mouvement Amazonie dans la rue) - Recife
Idesam - Institut pour la conservation et le développement durable de l'Amazonie
Instituto Socioambiental - ISA
traduction carolita d'un article paru sur le site de l'ISA le 22 avril 2021
Deputados de Rondônia retiram proteção de mais de 200 mil hectares de florestas públicas
Em carta, 15 organizações, entre elas o Instituto Socioambiental (ISA), repudiam projeto de lei aprovado na Assembleia Legislativa do Estado de Rondônia. O projeto deiminui a área de duas Unida...