Argentine : la CIDH demande la protection de 7 femmes indigènes Wichí enceintes

Publié le 20 Avril 2021

En Argentine, les femmes wichí mènent leur grossesse en secret par crainte des autorités qui chercheraient à les placer en détention, selon des informations qui ont été soumises à la CIDH.

Servindi, 19 avril 2021 - Sept femmes indigènes de la communauté Wichí ont reçu le 16 avril des mesures de protection préventives de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH).

Les femmes mèneraient leur grossesse en se cachant dans la ville d'El Portillo, dans la province de Formosa, en Argentine, de peur que les autorités ne cherchent à les arrêter pour leurs prétendues déclarations dans un rapport.

Les déclarations alléguaient une discrimination historique et faisaient référence à des abus présumés des autorités provinciales dans la mise en œuvre des mesures de lutte contre le COVID-19 au sein du peuple Wichí.

La résolution de la CIDH indique qu'elle a agi sur une demande de mesures conservatoires reçue le 12 mars et après avoir examiné les informations demandées aux pétitionnaires et au gouvernement.

Contexte

La controverse a commencé lorsque le programme d'information Todo Noticias (TN) a diffusé une enquête dans laquelle on voyait des femmes indigènes enceintes se cacher de la police provinciale dans une forêt à El Portillo.

C'est ce que rapporte le quotidien argentin Clarín, qui indique également que le gouvernement a tenté de délégitimer l'enquête avec le soutien du ministre de l'Intérieur Eduardo Wado De Pedro.

Le journal ajoute que, précédemment, la gestion du COVID-19 à Formosa avait déjà été décrite comme "abusive" et "malsaine" par Human Rights Watch et les centres de santé de l'Université Johns Hopkins.

Peur des autorités

Les femmes, dont six avaient entre 20 et 25 ans et une était âgée d'une trentaine d'années, sont restées cachées, sans nourriture suffisante, sans services de base et sans accès aux soins médicaux nécessaires.

Selon le rapport de Todo Noticias, seules les sept femmes enceintes ont été approchées pour l'interview, mais à l'intérieur il y en avait beaucoup plus qui sont restées cachées par peur.

Intervention internationale

Sur la base de ces faits, la CIDH a demandé au gouvernement argentin d'adopter les mesures nécessaires pour protéger les droits à la vie, à l'intégrité personnelle et à la santé des bénéficiaires.

Ces mesures doivent être convenues avec les représentantes et les bénéficiaires, avec leur consentement libre, préalable et éclairé, et en tenant compte de leur vision du monde indigène et de leur perspective de genre.

La Commission a également demandé aux pétitionnaires et à l'État argentin de fournir toutes les informations relatives à la situation de risque des bénéficiaires, ainsi que de coopérer à la mise en œuvre de mesures en leur faveur.

Il convient de mentionner que, compte tenu de la demande de confidentialité, l'État ne connaissait pas les noms des sept femmes avant l'octroi des présentes mesures, qui seront prises après examen par la Commission.

Retrouvez le document de la résolution de la CIDH publiée le 16 avril ici.

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