Janequeo, héroïne Mapuche

Publié le 8 Mars 2021

Janequeo

Mapuche

XVIe siècle

Peinture de Cristián Eleacer Gavilán.

 

L'histoire de Janequeo, vraie ou mythique, l'a transformée en un symbole de la résistance mapuche.
Le chroniqueur jésuite Diego de Rosales (1605-1677) dans "Historia General del Reino de Chile" la désigne sous le nom d'Anuqueupu ("silex tranchant"). D'autres la mentionnent comme Jenlilqueupu ; Alonso de Ovalle l'a simplifiée en Janequeo ou Yanaquén. Le biographe et membre du Congrès chilien Ramón Briseño Calderón (1814-1898) l'a appelée "La Juana de Arco de la Araucanía" (La Jeanne d'Arc de l'Araucanía).

Elle était la principale épouse du lonco Huepotaén, toqui de Llifén qui a résisté avec ténacité à l'invasion espagnole. Le gouverneur Alonso de Sotomayor (1) a monté une vaste opération pour la capturer, la faire prisonnière, la torturer et la tuer.

Janequeo a juré de se venger, avec le soutien de son frère Huechuntureo et elle a été investie comme lonco de la région. Elle aurait rassemblé 4 000 guerriers avec le renfort des puelches qui arrivaient de l'autre côté de la chaîne de montagnes.

En 1587, elle a commencé une guérilla, harcelant les colonnes de soldats espagnols. Avec ses troupes elle a attaqué avec succès les forteresses de Puchunqui, à Nahuelbuta et à Antelepe, où est mort le commandant Cristóbal de Aranda, dont Janequeo a coupé la tête et l'a exposée au bout de sa lance.

Elle poursuit ses actions en parvenant à stopper l'expansion espagnole jusqu'en 1589, date à laquelle une épidémie de variole décime son armée. Elle se retira à Voipir, un endroit que les Espagnols appelaient Villarrica, où sa trace fut perdue.

Janequeo, personnage historique, ou représentation des femmes mapuche, est un symbole de la lutte des Mapuche pour la reconquête des territoires qu'ils considèrent comme les leurs.

De nombreuses rues de différentes villes chiliennes portent son nom, et des navires de la marine chilienne ont également été baptisés de son nom.

Vérité ou mythe

L'historien Diego Barros Arana (3), raconte dans sa collection "Historia General de Chile" (Histoire générale du Chili) que dans les écrits de l'époque, il n'y a aucune mention des événements dans lesquels Janequeo a été impliquée, la seule étant celle faite par Alonso de Ercilla (2) dans son œuvre "La Araucana".

Pedro Mariño de Lobera (1528-1594), militaire et chroniqueur espagnol qui a participé à la conquête du Chili, ne la mentionne pas dans sa "Chronique du Royaume du Chili".

Janequeo apparaît dans des chroniques ultérieures, correspondant à Ovalle dans son "Histórica Relación del Reino de Chile" (1646) et à Rosales dans l'"Historia General del Reino de Chile, el Flandes Indiano" (1674). A partir d'eux, l'histoire a commencé à se répéter comme vraie.

Barros Arana, dans le tome I de son œuvre (1884), a écrit

"Les derniers chroniqueurs font référence avec quelques détails plus ou moins dignes de crédit, aux événements de ces campagnes dont on ne trouve que très peu de nouvelles dans les documents et c'est pour cette raison même que ces rapports deviennent suspects."

C'est l'époque dans laquelle est représentée Janequeo, une héroïne araucane qui, pour venger son mari, prend les armes et accomplit des exploits qui lui ont donné un nom légendaire dans nos traditions".

"L'examen de tous les antécédents nous autorise à croire que Janequeo est une création du poète capitaine Alonso de Ercilla dans son Araucana, et que de là les pères Ovalle et Rosales et les historiens ultérieurs qui ont répété sans critique ni examen ce qu'ils ont donné un certain corps à des événements absolument fabuleux".

1 Alonso de Sotomayor y Valmediano

Espagne

1545 - 1610

Militaire et gouverneur du Chili et du Panama.

Après avoir reçu des nouvelles alarmantes du Chili, où les Espagnols n'ont pas pu pacifier leurs territoires, la couronne espagnole le nomme gouverneur du Chili le 19 mars 1581.

D'innombrables difficultés dans son voyage ont fait que ce n'est que le 19 septembre 1583 qu'il a pu prendre effectivement possession de la position.

Ses actions pour dominer les Mapuche n'ont pas été efficaces, ils étaient chaque jour plus habiles pour manipuler les chevaux et les armes qu'ils prenaient aux Espagnols. Il doit également faire face à des attaques de corsaires anglais et à des soulèvements de ses soldats qui ne sont pas satisfaits de leur solde.

Alors qu'il tentait d'obtenir plus de ressources et de soldats pour affronter les Mapuche, on lui a demandé de prendre en charge le gouvernement du Panama menacé par la flotte anglaise. Avec une stratégie brillante, il a réussi à vaincre définitivement Francis Drake.

2 Alonso de Ercilla y Zúñiga
Espagne

7 août 1533 - 29 novembre 1594

Poète et soldat espagnol. Il est arrivé au Chili en avril 1557, alors que les Mapuche se révoltaient, accompagnant García Hurtado de Mendoza, récemment nommé gouverneur.

Il a participé aux batailles de Lagunillas, Quiapo et Millarapue. Il a été témoin de la mort de Caupolicán. Pendant sa campagne, il commence à écrire "La Araucana", un poème épique de 37 chants, où il raconte les événements les plus importants de la guerre d'Arauco. Son œuvre, publiée en 1569, a été considérée par Cervantès comme l'une des meilleures œuvres épiques en vers castillans jamais produites par l'Espagne.

3 Diego Jacinto Agustín Barros Arana

Chili

16 août 1830 - 4 novembre 1907

Historien et éducateur, considéré comme l'un des principaux intellectuels libéraux du XIXe siècle. Il a été député entre 1855 et 1873.

En 1863, il est nommé recteur de l'Institut national, débutant une carrière qui l'amènera à occuper à plusieurs reprises le décanat de la Faculté de philosophie et des sciences humaines de l'Université du Chili, ainsi que le poste de recteur de l'Université (1893-1897).

Son legs le plus important est l'ouvrage monumental intitulé Historia General de Chile, écrit en 16 volumes entre 1881 et 1902, pour lequel il a fait une compilation exhaustive des données. Son parcours idéologique est marqué par un anticléricalisme profond.

 

traduction carolita du site Pueblos originarios.com

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article