Colombie - Dénonciation publique : Manque de garanties dans la prise en charge des indigènes victimes de déplacement à Bahía Solano (Chocó)
Publié le 20 Janvier 2021
par Willander dans ONIC News 18 janvier 2021
Bogotá D.C., 18 janvier 2021 Depuis plus d'un mois, une grave violation des droits de l'homme est commise dans la municipalité de Bahía Solano - Chocó, suite à l'assassinat du leader Miguel Tapí Rito, un indigène du resguardo indigène de Río Valle par des groupes armés, qui a entraîné le déplacement massif de 900 indigènes du peuple Emberá Dóbida, dont des enfants, des femmes enceintes, des mères allaitantes et des personnes âgées, vers l'institution éducative de Santa Teresita, dans le Corregimiento de El Valle.
Depuis l'ONIC, nous avons effectué un accompagnement et un suivi permanent de la situation, contrairement à ce qui a été rapporté aux médias :
º La communauté n'a pas eu le soutien des entités chargées de l'enquête pour la procédure correspondant à la dépose du corps.
º La communauté n'a pas eu le soutien des entités responsables de l'enquête pour effectuer les démarches nécessaires au retrait du corps.
º L'aide humanitaire dans le domaine de l'alimentation commence déjà à se faire rare, car elle n'a pas d'orientation différentielle et oblige les communautés à transformer leurs habitudes alimentaires.
º L'Unité nationale de protection n'a pas mené de processus de protection collective avec une approche différentielle.
º L'aide humanitaire est fournie en fonction des recensements qui correspondent à la population totale, mais les autorités indigènes n'ont pas encore été contactées pour apporter les corrections nécessaires.
º Les principes du retour sont : la sécurité, le volontariat et la dignité. Malgré le concept proposé par les institutions officielles, les autorités indigènes dénoncent que, pour satisfaire à cette exigence, la présence de leurs propres formes de protection (Garde indigène) est transversale et indiscutable, exigence qui n'a pas été prise en compte dans les comités de justice transitionnelle.
º Les communautés se sont vu refuser l'accès aux procès-verbaux et aux preuves des déclarations respectives de victimes devant les instances compétentes.
º Le 13 janvier de cette année, une commission s'est réunie dans le but d'établir des garanties pour le retour des communautés, mais les rapports de sécurité n'indiquaient pas de garanties suffisantes ; il n'y avait pas de coordination entre les entités publiques, l'Unité des Victimes, les Forces Armées et le pouvoir exécutif, tant au niveau départemental que municipal.
NOUS DEMANDONS
º Aux institutions qui composent le Système national de prise en charge intégrale et de réparation des victimes, afin de fournir des garanties réelles et matérielles pour le retour des communautés sur leurs propres territoires, qui doivent avoir une orientation ethnique différenciée, conformément au décret-loi 4633 de 2011 ; le renforcement des mécanismes d'autoprotection, des garanties de non-répétition des actes de victimisation, et la restauration des droits des sujets de protection spéciale au sein des communautés, ainsi que l'établissement de protocoles de biosécurité tenant compte du deuxième pic dans le cadre de la pandémie produite par le COVID-19.
º A l'Unité Nationale de Protection - UNP de déployer les mesures de protection collective nécessaires avec une approche différentielle.
º Au bureau du procureur général de la République, accorder la rapidité et la priorité dans le processus d'enquête qui aboutira à la capture des responsables du meurtre du leader Miguel Tapi Rito.
º Au ministère public, pour effectuer un suivi plus détaillé et plus strict de l'accomplissement des responsabilités de chaque institution chargée de fournir les garanties respectives.
Nous rappelons aux institutions publiques, au ministère de l'intérieur, à l'unité des victimes, au ministère public et au bureau du médiateur, que dans ces circonstances, l'aide humanitaire ne constitue pas une "collaboration avec les communautés" ; au contraire, il s'agit d'un respect effectif de la politique publique en matière de réparation pour les victimes, Dans le respect des garanties des droits constitutionnels dont tous les Colombiens devraient bénéficier, nous exigeons une rapidité et un engagement total dans la mise en œuvre de tous les mécanismes qui permettent de résoudre cette grave situation de violations des droits de l'homme à l'encontre des communautés indigènes protégées par la constitution et la convention.
GUSTAVO ALONSO VÉLEZ TASCÓN
Conseiller pour les droits des peuples indigènes, les droits de l'homme et la paix
Organisation nationale indigène de Colombie - ONIC
ORGANISATION NATIONALE INDIGÈNE DE COLOMBIE - ONIC
AUTORITÉ GOUVERNEMENTALE NATIONALE INDIGÈNE
traduction carolita d'un communiqué paru sur le site de l'ONIC le 18/01/2021