Chili : Les territoires mapuches de Panguipulli publient une déclaration face à la diffusion irresponsable du phénomène de l'éclipse effectuée par les gouvernements régionaux et locaux
Publié le 12 Décembre 2020
En tant que territoire Mapunche de Panguipulli, les différents lof de revendication des processus, résistances et organisations territoriales, ci-dessous signataires, face à la promotion irresponsable du phénomène naturel connu sous le nom d'éclipse, au nom des institutions publiques des gouvernements régionaux et locaux, ainsi que des instances privées telles que les chambres de commerce et les entreprises liées au tourisme, nous nous sentons dans l'obligation de manifester notre préoccupation et de mettre en garde contre les conséquences de cette situation, c'est pourquoi nous déclarons ce qui suit :
- Kiñeke /Premièrement Tout d'abord, nous voudrions vous informer que pour nous, le peuple Mapuche, l'éclipse n'est pas un événement touristique, économique ou festif, mais plutôt un moment où les gens ont besoin de rester calmes et protégés des énergies qui sont libérées à ce moment-là, de se mettre à l'abri afin de se préparer aux temps que cette annonce va apporter. Avec la promotion de l'éclipse, le gouvernement local et régional et les entrepreneurs du tourisme, au lieu de respecter le savoir des Mapuche, ont encouragé la marchandisation de notre savoir, en utilisant des langues inappropriées, en créant de nouveaux concepts liés à leurs intérêts économiques, en ignorant la vision des Mapuche eux-mêmes. Cela a eu des conséquences déformées, perpétuant les pratiques colonialistes et négationnistes, non seulement avec le peuple mapuche, mais aussi avec la nature et piétinant la chose la plus transcendante de notre vie, qui est la spiritualité. Nous regrettons qu'en 500 ans de coexistence ou d'irruption permanente, notre vision ne soit toujours pas prise en compte ou respectée, surtout en période de crise mondiale et de réchauffement climatique.
- Epuke/ deuxièmement Du point de vue de la santé : nous constatons la contradiction des mesures de gestion de la pandémie qui, d'une part, restreignent la mobilisation sociale et communautaire mais ne limite pas les foules générées par la promotion irresponsable de ce phénomène, puisque des milliers de personnes arriveront de l'extérieur de la région, dans le but de voir le phénomène naturel pendant quelques minutes. Il est clair qu'aujourd'hui, en phase II, les conditions qui protègent la population qui vit et coexiste sur le territoire ne sont pas données et il est clair de réaliser, "l'utilisation de la pandémie" pour obéir aux pouvoirs qui ont des intérêts économiques dans le territoire Mapuche, laissant en second lieu le bien-être et la santé des habitants de ce territoire. Outre cette omission de droits qui implique l'assouplissement des mesures sanitaires, l'effondrement des infrastructures de base et les effets collatéraux sur l'environnement n'ont pas non plus été pris en compte. Face à cela, nous tenons les autorités régionales et locales pour responsables des effets sur la santé des personnes et des dommages causés à l'environnement.
- Külake/troisièmement Depuis notre préexistence Mapunche dans le territoire du Wallmapu, nous avons le devoir, comme l'ont toujours fait nos ancêtres, de défendre nos territoires contre les invasions, vers nos lieux d'importance spirituelle, historique, sociale et culturelle, en exerçant notre droit ancestral et actuel de vivre en paix et en harmonie, compte tenu également des conventions et des lois que l'État chilien lui-même a signées, comme la réserve de la biosphère, la loi indigène 19.253, la convention 169 de l'OIT. qui établit que : "a) les valeurs et pratiques sociales, culturelles, religieuses et spirituelles de ces peuples doivent être reconnues et protégées, et qu'il doit être dûment tenu compte de la nature des problèmes auxquels ils sont confrontés, tant collectivement qu'individuellement". Elle définit en outre que "l'utilisation du terme "terres" inclut la notion de territoires, qui couvre la totalité de l'habitat des régions que les peuples concernés occupent ou utilisent d'une autre manière". Ainsi que d'autres instruments de protection des droits qui protègent nos droits sociaux, politiques et culturels.
Dans ce contexte, nous affirmons clairement que nous continuerons à défendre notre peweñentu, (Parc national Villarrica) pu lafken, et d'autres espaces sacrés contre l'invasion de ceux qui ne font que mobiliser l'intérêt pour l'exploitation économique des entreprises et piétinent l'existence et les modes de vie du peuple mapuche comme Kümefelen et Küme Mogen.
- Melike/ quatrièmement ; compte tenu de l'état actuel de manque de protection, les différents lof ont convenu de façon autonome de faire des contrôles territoriaux dans certaines zones afin de ne pas permettre l'entrée dans certains territoires et sites sacrés de la commune ; d'autre part, compte tenu des besoins économiques de nos frères mapuche, avec et sans entreprises qui voient dans cet événement une opportunité commerciale, de leur rappeler que nous, les Mapuche, avons été appauvris par le système néocolonial lui-même, par la dépossession de nos terres, qui nous ont toujours donné la subsistance pour bien vivre. C'est pourquoi, aujourd'hui plus que jamais, nous devons prendre soin de ce que nous avons et récupérer ce qui nous a été enlevé, en exerçant notre droit en tant que peuple mapuche.
Enfin, nous appelons tous les habitants d'un même territoire à participer et à agir en harmonie face aux problèmes qui nous menacent tous, tels que la perte d'eau, l'invasion de biens immobiliers, le manque de protection des rivières et des zones humides, la monopolisation des terres de quelques privilégiés et le manque de développement construit par les peuples mapuche et chilien qui vivent dans cette commune.
Les signataires
- Lof Pilinhue mapu,
- Lof/communauté Dionisio Manquel Chepo.
- Lof Malchehue mapu.
- Lof Kona rupu Futa mapu
- Lof Trafun
- Lonko Pucura
- Lonko Traitraico
- Lof tralkapulli mapu
- Représentant culturel pu lof Hueitra, Ragintuleufu, Llashkawe.
- Koyagtun Koz koz mapu
Panguipulli 10 décembre 2020
traduction carolita d'un article paru sur Mapuexpress paru le 10/12/2020