La violence à l'égard des femmes s'est accrue pendant le confinement

Publié le 25 Novembre 2020

Servindi, 24 novembre 2020 - De nouvelles données et de nouveaux rapports confirment ce que l'on craignait : la violence contre les femmes et les filles, en particulier la violence domestique, a augmenté pendant la pandémie et en milieu carcéral.

Dans certains pays, les appels aux lignes d'assistance ont été multipliés par cinq en raison de l'augmentation de la violence dans la sphère privée.

Pourquoi devrions-nous éliminer la violence à l'égard des femmes ?

La violence contre les femmes et les filles est l'une des violations des droits de l'homme les plus répandues, persistantes et dévastatrices dans le monde aujourd'hui.

Ces violences ne sont pas suffisamment signalées en raison de l'impunité dont jouissent les auteurs et du silence, de la stigmatisation et de la honte dont souffrent les victimes.

En général, la violence se manifeste de manière physique, sexuelle et psychologique et comprend :

  • la violence exercée par un partenaire (violence physique, abus psychologique, viol conjugal, féminicide)
  • la violence et le harcèlement sexuels (viol, actes sexuels forcés, avances sexuelles non désirées, abus sexuels sur des enfants, mariage forcé, harcèlement moral, harcèlement de rue, cyber-harcèlement) ;
  • la traite des êtres humains (esclavage, exploitation sexuelle) ;
  • les mutilations génitales ; et
  • le mariage des enfants.

La Déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes, publiée par l'Assemblée générale des Nations unies en 1993, définit la violence à l'égard des femmes comme :

"tout acte de violence qui cause ou est susceptible de causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée."

Les effets psychologiques néfastes de la violence à l'égard des femmes et des filles, ainsi que les conséquences négatives sur leur santé sexuelle et reproductive, touchent les femmes à chaque étape de leur vie.

Par exemple, les désavantages précoces dans l'éducation sont le principal obstacle à la réalisation de la scolarisation universelle et à l'application du droit des filles à l'éducation.

Ensuite, elle restreint également l'accès des femmes à l'enseignement supérieur et limite leurs possibilités d'emploi.

Bien que toutes les femmes, dans toutes les régions du monde, puissent souffrir de la violence de genre, certaines femmes et filles sont particulièrement vulnérables.

C'est le cas des filles et des femmes âgées, des femmes qui s'identifient comme lesbiennes, bisexuelles, transgenres ou intersexuelles, des migrantes et des réfugiées, des femmes issues de peuples indigènes ou de minorités ethniques, ou des femmes et des filles vivant avec le VIH et des handicaps, et de celles qui vivent des crises humanitaires.

La violence contre les femmes reste un obstacle à l'égalité, au développement, à la paix et au respect des droits humains des femmes et des filles.

En outre, la promesse des objectifs de développement durable (SDG) de ne laisser personne derrière soi ne peut être tenue sans d'abord mettre fin à la violence contre les femmes et les filles.

Pandémie de l'ombre

La violence à l'égard des femmes est la pandémie fantôme qui se développe en pleine crise de la COVID-19, et un effort collectif global est nécessaire pour l'arrêter.

ONU Femmes fournit des mises à jour et soutient des programmes essentiels pour combattre la violence contre les femmes dans l'ombre de la pandémie COVID-19.

La campagne "Tous unis pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes" du secrétaire général des Nations unies marque les 16 jours d'activisme contre la violence sexiste (du 25 novembre au 10 décembre 2020).

Vous avez été victime d'abus et avez besoin d'aide ?

Si vous avez été maltraitée, menacée, ne vous sentez pas en sécurité ou avez besoin d'aide, veuillez consulter la liste des numéros d'urgence des pays ci-dessous.

S'il n'y en a pas dans votre pays, veuillez consulter cette liste d'agences.

Saviez-vous que ?

  • Dans le monde, une femme sur trois a subi des violences physiques ou sexuelles, le plus souvent de la part d'un partenaire.
  • Le nombre d'appels aux lignes d'assistance téléphonique a été multiplié par cinq dans certains pays en raison de l'augmentation des taux de violence entre partenaires intimes provoquée par la pandémie COVID-19.
  • Seulement 52 % des femmes mariées ou en couple décident librement de leurs relations sexuelles, de l'utilisation de contraceptifs et de leur santé sexuelle.
  • Seules 52 % des femmes mariées ou vivant en couple prennent librement des décisions en matière de sexe, d'utilisation de contraceptifs et de santé sexuelle. 71 % des victimes de la traite des êtres humains dans le monde sont des femmes et des jeunes filles, et trois sur quatre d'entre elles sont utilisées à des fins d'exploitation sexuelle.

source d'origine Con información del sitio oficial de las Naciones Unidas: https://www.un.org/es/observances/ending-violence-against-women
 

Traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 24/11/2020

Plus de faits et de chiffres

Quelques faits et chiffres : la violence à l’égard des femmes et des filles

La disponibilité des données sur la violence à l’égard des femmes et des filles s’est considérablement améliorée ces dernières années et les données sur la prévalence des violences de la part du partenaire intime sont désormais disponibles pour au moins 106 pays. Veuillez consulter notre page Recherche et données pour mieux comprendre en quoi les données sont cruciales pour le travail d’ONU Femmes soutenant les femmes et les filles qui subissent des violences.

  • Dans le monde, 35 pour cent des femmes ont subi au moins une fois des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime, ou bien des violences sexuelles de la part d’une autre personne. Ce chiffre ne tient pas compte du harcèlement sexuel. Certaines études à l’échelle nationale montrent que cette proportion peut atteindre 70 pour cent des femmes et que les taux de dépression, d’avortement et de contamination par le VIH sont plus élevés chez les femmes ayant subi ce type de violence, par rapport aux femmes qui ne l’ont pas subi [1].
  • Les appels aux numéros d’urgence ont été multipliés par cinq dans certains pays du fait de l’augmentation du signalement de violences de la part du partenaire intime liées à la pandémie de Covid-19. Les restrictions en matière de déplacements, l’isolement social et l’insécurité économique augmentent la vulnérabilité des femmes du monde entier face à la violence subie chez elles [2].
  • En septembre 2020, 48 pays avaient intégré la prévention et la réponse à la violence à l’égard des femmes et des filles à leurs plans de lutte contre la COVID-19 et 121 pays avaient adopté des mesures pour renforcer les services aux victimes de violences durant cette crise mondiale. Pourtant il est urgent d’accomplir davantage d’efforts en ce sens [3].
  • Chaque jour, 137 femmes sont tuées par un membre de leur famille. On estime que sur les 87 000 femmes qui ont été intentionnellement tuées en 2017 dans le monde, plus de la moitié (50 000) l’ont été par un partenaire intime ou un membre de leur famille. Plus d’un tiers (30 000) des femmes intentionnellement tuées en 2017 l’avaient été par leur partenaire intime actuel ou par un ex-partenaire [4].
  • Moins de 40 pour cent des femmes qui subissent des violences demandent de l’aide sous une forme ou une autre. Dans la majorité des pays disposant de données sur ce sujet, parmi les femmes qui demandent de l’aide, la plupart se tournent vers leur famille ou leurs amis, et très peu vont vers des institutions officielles telles que la police et les services de santé. De fait, moins de 10 pour cent de celles qui demandent de l’aide font appel à la police [5].
  • Au moins 155 pays ont promulgué des lois sur la violence domestique et 140 disposent de lois sur le harcèlement sexuel au travail. Cependant, même lorsque de telles lois existent, cela ne signifie pas forcément qu’elles se conforment aux normes et recommandations internationales, ni qu’elles sont appliquées [6].
  • Les femmes adultes représentent près de la moitié (49 pour cent) de toutes les victimes de trafic d’êtres humains repérées dans le monde. Les femmes et les filles dans leur ensemble constituent 72 pour cent des victimes, les filles représentant plus des trois quarts des enfants victimes de la traite. La plupart des femmes et des filles victimes du trafic le sont à des fins d’exploitation sexuelle [7].
  • En 2019, une femme sur cinq ayant entre 20 et 24 ans s’était mariée avant l’âge de 18 ans. Au cours des dix dernières années, le taux mondial de mariage d’enfants a chuté, la diminution la plus importante sur cette période étant observée en Asie du Sud. De nos jours, c’est en Afrique subsaharienne que le risque de mariage d’enfants est le plus élevé : plus d’une femme sur trois de la tranche d’âge 20-24 ans y a été mariée avant ses 18 ans. Le mariage des mineures débouche souvent sur les grossesses précoces et l’isolement social, il interrompt leur scolarité et il les expose davantage au risque de subir des violences domestiques [8].
  • Au moins 200 millions de femmes et de filles âgées de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines dans les 31 pays où se concentre cette pratique. La moitié de ces pays sont situés en Afrique de l’Ouest. Il existe toujours des pays où la mutilation génitale féminine est quasi universelle, puisque plus de 9 filles et femmes sur 10 de la tranche d’âge 15-49 ans y ont subi une excision [9].
  • 15 millions d’adolescentes dans le monde (âgées de 15 à 19 ans) ont été forcées d’avoir des rapports sexuels. Dans la grande majorité des pays, ce sont les adolescentes qui sont les plus exposées au risque de relations sexuelles forcées (rapports sexuels ou autres actes sexuels forcés) de la part d’un partenaire actuel (mari, conjoint, petit ami) ou ex-partenaire. D’après les données issues de 30 pays, seul 1 pour cent d’entre elles se sont tournées vers les services d’aide professionnelle [10].
  • La violence scolaire basée sur le genre est un obstacle majeur à la scolarisation universelle et à la réalisation du droit à l’éducation des filles. Dans le monde, un élève sur trois âgé de 11 à 15 ans a été persécuté ou harcelé par ses camarades au moins une fois au cours du mois précédent, avec une probabilité égale pour les filles et les garçons. Tandis que les garçons sont plus susceptibles que les filles de subir des brimades physiques, il est plus probable que les filles fassent l’objet d’un harcèlement psychologique. Elles déclarent plus fréquemment que les garçons subir des moqueries au sujet de leur visage ou leur corps [11].
  • Une femme de l’Union européenne sur dix rapporte avoir subi un harcèlement en ligne au moins une fois depuis l’âge de 15 ans. Il s’agit par exemple de la réception de courriels ou SMS sexuellement explicites indésirables et/ou offensants, ou bien des avances offensantes et/ou inappropriées sur les réseaux sociaux en ligne. C’est chez les jeunes femmes âgées de 18 à 29 ans que ce risque est le plus élevé [12].
  • Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 40 à 60 pour cent des femmes ont déjà été harcelées sexuellement dans la rue. Dans une étude menée dans plusieurs pays, les femmes ont déclaré que ce harcèlement prenait principalement la forme de commentaires à caractère sexuel, d’un harcèlement ou d’une filature, ou encore de regards insistants ou de propos salaces. Entre 31 et 64 pour cent des hommes ont confié s’être déjà livrés à de tels actes. Les jeunes hommes, les hommes bien instruits et ceux ayant subi des violences dans leur enfance étaient plus susceptibles de s’adonner au harcèlement sexuel dans la rue [13].
  • Dans des pays de cinq régions, 82 pour cent des femmes parlementaires ont indiqué avoir déjà connu une forme de violence psychologique au cours de leur mandat. Il s’agissait notamment de commentaires, gestes et images à caractère sexiste, ou contenant une référence sexuelle humiliante, ainsi que des menaces ou des intimidations collectives. Les députées ont cité les médias sociaux comme vecteur principal de ce type de violences et près de la moitié (44 pour cent) ont signalé avoir reçu des menaces de mort, de viol, d’agression ou d’enlèvement dirigées contre elles ou leur famille. Enfin 65 pour cent avaient déjà fait l’objet de remarques sexistes, principalement de la part de leurs collègues parlementaires [14].

Pour trouver des données actualisées, vous pouvez consulter la Base de données mondiale sur la violence à l’égard des femmes d’ONU Femmes et le Women Count Data Hub.

Notes

[1] Organisation mondiale de la Santé, Département de la santé et de la recherche génésiques, London School of Hygiene and Tropical Medicine, Conseil sud-africain de la recherche médicale (2013). Estimations mondiales et régionales de la violence à l’encontre des femmes : prévalence et conséquences sur la santé de la violence du partenaire intime et de la violence sexuelle exercée par d’autres que le partenaire, p.2. Pour obtenir des informations spécifiques par pays, voir la Base de données mondiale sur la violence à l’égard des femmes d’ONU Femmes.

[2] ONU Femmes (2020). Intensification de l’action menée pour prévenir et éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles : Rapport du Secrétaire général (2020), p. 4.

[3] ONU Femmes et PNUD (2020). COVID-19 Global Gender Response Tracker.

[4] Office des Nations unies contre la drogue et le crime (2019). Étude mondiale sur l’homicide 2019, p. 10.

[5] Nations Unies, département des Affaires économiques et sociales (2015). Les femmes dans le monde, 2015 : des chiffres et des idées, p. 159

[6] Groupe Banque mondiale (2020). Les Femmes, l’Entreprise et le Droit 2020.

[7] UNODC (2018). Rapport Mondial sur la Traite des Personnes 2018, p. 25, 28.

[8] Nations Unies, département des Affaires économiques et sociales, division des Statistiques (2020). Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles.

[9] Nations Unies, département des Affaires économiques et sociales, division des Statistiques (2020). Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles.

[10] UNICEF (2017). Un visage familier : La violence dans la vie des enfants et des adolescents, p. 73, 82.

[11] UNESCO (2019). Au-delà des chiffres : en finir avec la violence et le harcèlement à l’école, p. 25-26 ; UNESCO (2018). Violence et harcèlement à l’école : Rapport sur la situation dans le monde, p. 4, 9 ; Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous (EFA GMR), UNESCO, Initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles (UNGEI) (2015). Les Violences de genre en milieu scolaire font obstacle à la réalisation d’une éducation de qualité pour tous – Document de politique 17 ; et UNGEI (2014). Lutte contre la violence de genre en milieu scolaire (infographie).

[12] Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (2014). Violence à l’égard des femmes : une enquête à l’échelle de l’UE, p. 104.

[13] Promundo et ONU Femmes (2017). Comprendre les masculinités : Résultats de l’enquête internationale sur les hommes et l’égalité des sexes (IMAGES) – Moyen-Orient et Afrique du Nord, p. 16.

[14] Union interparlementaire (2016). Sexisme, harcèlement et violence à l’encontre des femmes parlementaires, p. 3.

Rédigé par caroleone

Publié dans #Droits des femmes, #Violences envers les femmes

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