La construction du pouvoir constituant au Chili

Publié le 2 Novembre 2020

Le processus constituant que nous vivons au Chili doit être un processus sans fin, comme la démocratie elle-même, il suffit de continuer à la promouvoir dans tous les espaces possibles.

Par Andrés Kogan Valderrama*.

La Tinta, 30 octobre 2020 - Au regard du résultat historique du plébiscite du 25 octobre dernier au Chili, où plus de 78 % de la population a voté pour l'option de rédaction d'une nouvelle constitution, le nouveau défi consiste à consolider un processus démocratique qui va bien au-delà du processus électoral.

Bien que le vote ait atteint 50,9 % de la liste électorale, jamais autant de personnes n'ont voté lors d'une élection au Chili (7 562 173). En plus d'être sans précédent, il y a tant de différences entre ceux d'entre nous qui choisissent de voter pour l'approbation et une convention constitutionnelle avec parité, par opposition à l'option conservatrice de rejet et à une convention mixte. En fait, le vote et la différence auraient pu être beaucoup plus importants dans un contexte sans pandémie et de vote obligatoire.

Un battage électoral qui montre que la grande majorité d'entre nous qui avons voté ce jour-là voulons construire un pays différent, pas seulement un parmi d'autres, et qui répond réellement à la pluralité des voix et des expériences, afin que la dignité des personnes, des communautés et des territoires devienne une habitude.

Le Chili le plus maltraité et le plus piétiné s'est levé pour en dire assez. 
Ce n'est donc pas un hasard si, dans les zones dites de sacrifice, icônes du déni et de la violence du système néolibéral-extractiviste, l'approbation a remporté plus de 89% des voix (Freirina, Huasco, Mejillones, Petorca, Illapel, Tocopilla, Chañaral, Andacollo, María Elena, Diego de Almagro). Cela nous montre que le Chili le plus maltraité et le plus piétiné s'est levé pour dire qu'assez c'est assez.

De même, ce grand vote n'est pas seulement le résultat de la grande révolte d'octobre dernier, mais c'est quelque chose qui s'est construit au fil des décennies, où les luttes étudiantes, socio-environnementales, féministes, indigènes, dissidentes sexuelles, animalistes et ouvrières, entre autres, ont généré les conditions politiques pour ouvrir un processus constituant sans précédent dans l'histoire du Chili.
 

Pour la même raison, ces luttes doivent continuer à s'articuler pour faire pression et exiger de grandes transformations de la part de la convention constitutionnelle même, qui est susceptible d'être cooptée par les mêmes partis politiques traditionnels, puisque l'accord dit "Accord pour la paix sociale et la nouvelle constitution" restreint considérablement l'accès aux personnes extérieures à ces partis pour faire partie du nouvel organe constitutionnel.

C'est pourquoi, comme le dit l'ancien président de l'Assemblée constituante de l'Équateur, Alberto Acosta, la constitution ne peut être le résultat du seul travail de ceux qui composent la convention constitutionnelle, mais des citoyens eux-mêmes, qui sont les véritables constituants, qui doivent être les protagonistes de la construction de ce nouveau projet de vie en commun.

Par conséquent, le processus d'élaboration de la constitution est aussi important, voire plus important, que la constitution elle-même, car si l'on parvient à une plus grande politisation de la société, où les conseils municipaux sont installés partout, les nouveaux membres de la convention constitutionnelle seront obligés d'inclure les grandes exigences historiques dans la nouvelle constitution. Le défi consiste donc à trouver des mécanismes citoyens pour rendre ces demandes aussi visibles que possible.

Il est fondamental que les droits humains et naturels soient garantis dans la nouvelle constitution 

Les demandes sont nombreuses, mais il est fondamental que les droits humains et naturels soient garantis dans la nouvelle constitution, afin que la propriété privée ne fasse plus jamais obstacle aux autres droits, et ouvre ainsi une nouvelle voie qui favorise les souverainetés multiples (alimentation, eau, énergie).

Il en va de même pour la nécessité de construire une constitution plurinationale, où l'accent n'est pas mis sur le progrès ou le développement, mais sur une vie territorialement durable. Nous avons beaucoup à apprendre des différents peuples indigènes et de leur relation avec les écosystèmes, et de la façon dont ils ont contribué à d'autres processus constitutifs de la région.

Quant au danger qu'après l'approbation de la nouvelle constitution, son application soit violée par de grandes entreprises transnationales ou cooptée par des seigneurs de guerre autoritaires, comme cela s'est produit dans les pays voisins, il dépend de l'organisation ou non de la société pour être attentive et exiger l'application des droits.

Pour tout ce qui précède, le processus constituant que nous vivons au Chili doit être un processus sans fin, comme la démocratie elle-même, il suffit de continuer à la promouvoir dans tous les espaces possibles.

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* Andrés Kogan Valderrama est sociologue, diplômé en éducation pour le développement durable, titulaire d'un master en communication et culture contemporaine et d'un doctorat en études sociales d'Amérique latine
Membre du comité scientifique de la revue Iberoamérica Social. Membre du Réseau d'études sur les drogues en Amérique latine (REDESAL) et directeur de l'Observatoire plurinational de l'eau www.oplas.org

source d'origine La Tinta, periodismo hasta mancharse: https://latinta.com.ar/2020/10/la-construccion-del-poder-constituyente-en-chile/

traducteur deepl relecture carolita

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Chili, #Nouvelle constitution

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