Des élevages de porcs pour nourrir la Chine envahissent la péninsule mexicaine
Publié le 16 Novembre 2020
Ces dernières années, des centaines de fermes ont été installées dans toute la région pour répondre aux besoins du marché asiatique. Ces élevages de porcs ont provoqué des conflits environnementaux et sociaux dans différentes communautés.
Par José Ignacio De Alba
Pie de Página, 14 novembre 2020 - En Amérique latine, l'activité particulière consistant à installer des élevages de porcs pour approvisionner le marché asiatique s'est développée. Pour la Chine, avec ses 1,4 milliard d'habitants, c'est une question de sécurité alimentaire ; pour la région d'Amérique latine, c'est un fardeau pour plusieurs populations et aussi pour l'environnement.
La Chine était déjà le plus grand consommateur et producteur de porc au monde. Mais cette autosuffisance a pris fin en 2018, lorsqu'une épidémie de grippe porcine africaine, mortelle et sans remède, a arrêté la production. Cela a conduit à l'abattage de millions d'animaux pour tenter d'arrêter le virus. En 2019, la Chine a réduit sa production jusqu'à 40 %.
D'autres pays comme le Cambodge, la Mongolie et le Vietnam ont également signalé des cas de grippe porcine. Le continent asiatique a donc été contraint de sortir de ses frontières pour produire.
Au Mexique, les élevages de porcs ont trouvé leur place dans la péninsule du Yucatán, explique Lourdes Medina, avocate de l'organisation non gouvernementale Indignación. La région a le taux de croissance de la production porcine le plus élevé du pays : jusqu'à 14 % par an.
- Pourquoi la péninsule du Yucatán a-t-elle été choisie ? lui demande-t-on.
- L'industrie porcine a besoin de beaucoup d'eau pour pouvoir fonctionner. Des milliers de litres d'eau sont nécessaires pour laver les enclos et pour nourrir les porcs. Et la péninsule est le plus riche réservoir d'eau douce souterraine de tout le pays.
Dans toute la péninsule du Yucatan, il y a 257 élevages de porcs, la majorité de ces projets - 86 % - se trouvent dans l'État du Yucatán, soit 222 ; dans le Quintana Roo, il y en a 21 et à Campeche 14, selon un rapport publié cette année par Greenpeace.
Mais l'avocate Medina explique qu'il y a 400 fermes qui n'ont aucun enregistrement dans la péninsule orientale du Mexique, qui est composée de ces trois États.
Et l'installation de fermes dans le Yucatán, pour l'exportation de viande, se fait main dans la main entre fonctionnaires et entreprises.
La Commission nationale de l'eau a fait de nombreuses concessions, explique Lourdes Medina : "L'eau du Yucatán est utilisée par des entreprises et les droits des peuples indigènes où cette eau est extraite et sa disponibilité pour les habitants de la péninsule ne sont pas pris en compte.
La femme explique que de nombreuses communautés indigènes dépendent encore de puits ou de sources d'eau peu fiables car il n'y a pas de système d'égout public. L'avocate résume : la consommation d'eau par les animaux est envisagée, avant la consommation humaine.
On estime que pour produire un kilogramme de porc, il faut 6 000 litres d'eau et 3,5 kilogrammes de céréales.
L'un des aliments les plus utilisés pour nourrir les animaux est le soja. Dans la péninsule, plusieurs accusations sont portées pour l'utilisation de cette culture transgénique.
"Dans la péninsule, en plus des ressources naturelles, en plus de disposer de grandes quantités de terres, dans les communautés, dans les ejidos, les entreprises disposent des facilités que le gouvernement de l'Etat leur donne", explique Medina.
Quatre grandes entreprises opèrent dans cette région : Grupo Porcícola Mexicano (Kekén), Granjas Caroll de México, Promotora Comercial Alpro et Kowi Foods. Ces entreprises consacrent une grande partie de leur production à l'exportation vers l'Asie.
La projection de la Chine concernant l'approvisionnement alimentaire a trouvé en Amérique latine la possibilité de prévoir l'approvisionnement en protéines pour plusieurs années.
-Avez-vous communiqué avec les gouvernements de ce pays asiatique ?
-Il y a quelques années, nous avons envoyé des lettres, alors que seul le cas Homún était connu. Mais au fil des ans, d'autres cas ont été révélés, et aujourd'hui, plus de 22 communautés - dans trois États - ont déposé des plaintes contre les élevages porcins.
Ce mois-ci, il a été révélé que les résidents de 21 communautés mayas, de Campeche, Yucatán et Quintana Roo, ont déposé une plainte auprès des autorités fédérales pour faire annuler leurs permis jusqu'à ce que "la loi mexicaine soit respectée".
En outre, aucune consultation n'a été faite pour l'installation de ces projets.
L'avocate, qui représente les habitants d'Homún, explique : "nous demandons aux autorités de considérer cela comme un problème régional" et pas seulement comme un problème communautaire.
En 2017, les habitants de la municipalité maya d'Homún ont réussi à suspendre l'installation d'un élevage de porcs appartenant à la société Producción Alimentaria Porcícola, qui avait l'intention de s'implanter dans la région, grâce à une consultation publique.
Les résidents ont fait valoir que le projet violait les droits des communautés de la région et leurs sources d'emploi. Parce que le projet de porcherie endommagerait les cenotes. Le projet est actuellement suspendu, dans l'attente d'une décision de la Cour suprême de justice de la Nation.
Les cenotes, rivières souterraines composées principalement d'eaux cristallines que l'on trouve dans très peu d'endroits dans le monde. Dans la péninsule du Yucatan, il y a plus de 6 000 cénotes, bien que seulement 2 400 aient été enregistrés. Source des images : Conseils pour votre voyage : https://tipsparatuviaje.com/cenotes-en-yucatan/
La consommation de porc est devenue plus chère dans le monde après 2018. L'année dernière, les marchés de gros ont enregistré une hausse des prix en raison de la pénurie de viande de porc.
Le ministère américain de l'agriculture a publié des chiffres records sur les exportations de viande de porc depuis le début des relevés. On estime que son importation dans ce pays asiatique va doubler.
La production de porc a augmenté en Argentine, au Brésil, au Chili et au Canada. Dans d'autres régions du continent, on observe une tendance croissante à l'installation d'élevages de porcs.
"Ce modèle d'industrie, de surpopulation animale, est justement celui qui génère des épidémies", explique l'avocate.
Puis elle prévient : "À ce rythme, la péninsule va devenir le prochain centre de maladie, tout indique que nous serons l'épicentre d'une future pandémie si nous ne changeons pas notre modèle de développement.
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* José Ignacio De Alba a fait ses études dans des écoles catholiques jusqu'à ce qu'il devienne athée. Il est maussade et errant. Il a étudié le journalisme et n'a jamais obtenu son diplôme. Il a généralement plus confiance dans les anciens récits que dans les nouveaux. Il aime écrire des histoires.
source d'origine Pie de página: https://piedepagina.mx/granjas-de-cerdos-para-alimentar-a-china-invaden-la-peninsula-de-yucatan/
traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 14/11/2020
Granjas de cerdos para alimentar a China invaden península mexicana
En los últimos años se han instalado cientos de granjas en toda la región para satisfacer las necesidades del mercado asiático. Estos criaderos de cerdos han traído conflictos ambientales y so...