OMS : l'immunité collective n'est pas une stratégie, c'est une tragédie

Publié le 4 Octobre 2020

Parier sur la population immunisée en lui permettant de contracter le COVID-19 n'est pas une stratégie valable et a un prix très élevé en vies perdues. La Suède a opté pour une telle réponse à la pandémie et le taux de mortalité dû à la maladie est sept fois plus élevé que dans les pays voisins ayant les mêmes caractéristiques.

Noticias ONU, 3 oct. 2020 - "Permettre aux gens de contracter le COVID-19 pour obtenir une immunité collective n'est pas une stratégie, c'est une tragédie", a déclaré vendredi le directeur adjoint de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) lors d'une séance de questions-réponses pour le grand public.

Jarbas Barbosa a averti que la mortalité qui peut résulter d'une tentative d'immunité communautaire est très élevée, en particulier chez les personnes âgées ou les personnes présentant une certaine comorbidité.

L'expert en santé publique a expliqué que le concept d'immunité collective est utilisé pour les vaccins et a cité le cas de la rougeole, une maladie qui ne nécessite pas une couverture vaccinale de 100 % pour protéger l'ensemble de la communauté puisqu'en vaccinant 95 % des enfants, les 5 % restants sont protégés.

"Il est facile d'imaginer pourquoi : si 95% sont vaccinés, la probabilité de trouver une autre personne non vaccinée est de une sur 20, c'est le concept de l'immunité collective", a-t-il déclaré.

Le Dr Barbosa a ajouté que ce précepte varie pour chaque maladie, et dans le cas du COVID-19, on ne sait pas encore exactement quelle proportion de personnes doit être infectée pour que la transmission cesse.

"Nous n'avons pas encore cette information. Nous ne savons pas non plus si une deuxième infection peut se produire après quelques semaines ou quelques mois, ni combien de temps la protection peut durer après avoir contracté la maladie", a-t-il déclaré.

Un prix très élevé

"Ce n'est pas une stratégie valable", a insisté M. Barbosa, en se référant à l'exemple de la Suède, un pays qui a choisi de ne pas adopter la distanciation sociale ou d'autres mesures recommandées dans le cadre de la poursuite de l'immunité communautaire. Il en résulte un taux de mortalité sept fois plus élevé que celui des autres pays nordiques, dont les caractéristiques sont très similaires et donc comparables.

"La société est-elle prête à payer un prix aussi élevé en termes de décès pour une stratégie dont nous ne sommes pas sûrs qu'elle fonctionnera", a-t-il demandé. "Je ne pense pas", a-t-il souligné.

Le directeur adjoint a déclaré que pour protéger les personnes et sauver des vies, l'alternative est de mettre en œuvre toutes les mesures connues au niveau social et individuel : éloignement physique, lavage des mains, utilisation de masques, tests et suivi et isolement des cas.

Réouverture économique et épuisement social

Le directeur du département des maladies transmissibles de l'OMS a également participé à la session virtuelle de questions-réponses, partageant l'avis de M. Barbosa et soulignant l'importance de maintenir ces mesures malgré l'appauvrissement de la société.

"L'important est d'éviter l'infection", a déclaré Marcos Espinal, en invitant la population à combiner les trois principales dispositions : l'utilisation de masques, le lavage des mains et l'éloignement physique. "L'un ne fonctionne pas, il faut suivre les trois."

M. Espinal a reconnu que l'ampleur de la crise provoquée par la pandémie de coronavirus place les pays dans une situation très précaire et que nombre d'entre eux doivent réactiver leur économie de toute urgence.

"Si ils doivent s'ouvrir, ils doivent le faire lentement", a-t-il dit, ajoutant que dans ces cas-là, un solide programme d'éducation sera nécessaire car les gens sont fatigués et risquent de baisser leur garde.

"Il faut constamment rappeler aux gens que les mesures de protection ne peuvent pas être assouplies", a-t-il déclaré.

À cet égard, il a exhorté les gouvernements et les sociétés à faire preuve d'innovation pour surmonter la fatigue causée par les protocoles imposés par l'urgence sanitaire.   

traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 03/10/2020

Rédigé par caroleone

Publié dans #Santé, #Coronavirus, #Immunité collective

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