Mexique - Communiqué de presse sur le processus d'articulation de la Sierra de Santa Marta, Veracruz

Publié le 15 Octobre 2020

Communiqué de presse 12 octobre 2020

Dans le cadre de la Journée nationale de mobilisation pour la défense de la terre et contre la guerre contre l'Armée zapatiste de libération nationale et les peuples indigènes qui a été convoquée en ce jour commémorant l'invasion européenne du territoire américain et le début de la résistance digne de nos peuples indigènes, nous sommes venus dans la ville de Coatzacoalcos comme représentants des communautés Nuntaj+yi' (Popolucas), nahuas et paysans métis de la Sierra de Santa Marta intégrés dans le Mouvement indigène régional pour la défense et le respect de la vie, ainsi que le Processus d'articulation de la Sierra de Santa Marta, intégré dans le Congrès National Indigène et la Résistance civile contre les prix élevés de l'électricité dans la zone de la Sierra, intégrée dans le Réseau national de résistance civile.

Nous nous sommes mobilisés devant les bureaux de la Commission fédérale de l'électricité pour exprimer notre désaccord avec la violation de notre droit à l'information par cette organisation, comme base indispensable à la réalisation de notre droit à l'autodétermination dans nos territoires indigènes, en ce qui concerne la construction de deux sous-stations, l'une dans l'ejido de Tatahuicapan et l'autre dans l'ejido de Soteapan, ainsi que l'installation de nouvelles lignes pour conduire l'énergie électrique.
Depuis février de cette année, lorsque nous avons appris la construction prochaine de ces ouvrages, nous avons demandé aux ingénieurs de la CFE de nous livrer les projets correspondants avant qu'ils ne commencent, ce qu'ils n'ont jamais fait, violant ainsi notre droit à l'information et à l'autodétermination, ce qui signifie le respect du consentement libre, préalable et éclairé, tel qu'énoncé à l'article 2 de la Constitution, aux articles 6, 7 et 23 de la Convention 169 de l'OIT et aux articles 3, 4 et 19 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

C'est pourquoi nous exigeons la livraison de projets techniques détaillés et complets pour les sous-stations électriques et un délai suffisant pour les faire analyser par nos experts en la matière, afin que nous puissions ensuite délibérer dans nos assemblées communautaires et conclure des accords régionaux avant de dialoguer avec le personnel qualifié de la CFE concernant la mise en œuvre de ces projets. En attendant, nous exigeons qu'ils changent tous les vieux transformateurs et équipements, qu'ils réparent les lignes en amont et dans toutes les communautés, et qu'ils placent les nouveaux transformateurs là où ils sont nécessaires pour garantir un service électrique de qualité à toutes les communautés et éviter la saturation des lignes.

On nous a dit que ces sous-stations électriques garantiront de bonnes tensions lumineuses dans nos communautés, ce qui est un besoin très pressant. Cependant, nous savons que de bonnes tensions lumineuses dans les vieilles lignes et les équipements génèreront des problèmes plus importants dans nos lignes. D'autre part, nous sommes préoccupés par la destination de cette énergie électrique au-delà du bénéfice supposé pour nos communautés.

Nous avons pris connaissance du méga-projet du gouvernement de la IVe transformation appelé "Corridor interocéanique", des parcs industriels et des infrastructures électriques qui y sont associés, des déclarations du président de la République d'exploiter les hydrocarbures dans les territoires indigènes même sans le consentement des peuples, mais de nos assemblées communautaires, nous continuons à dire que nous ne permettrons sur nos territoires ni l'exploitation minière ou d'hydrocarbures, ni la production d'électricité commerciale, ni l'installation de parcs industriels et nous ne donnerons pas une goutte d'eau ou d'électricité à ces fins, sachant qu'elles signifient la méga-destruction et la contamination de notre terre-mère, le pillage consécutif des quelques eaux qui nous restent, l'extermination de nos cultures, l'augmentation de la violence et de l'insécurité et la cession de notre territoire aux grandes capitales transnationales, mettant en danger notre souveraineté et une contribution brutale au réchauffement climatique et au désastre planétaire qui entraîne le risque d'apparition et de propagation de nouvelles pandémies. Avec nos compaéneros de Oaxaca, nous disons "L'isthme est à nous", pas aux hommes d'affaires.

Avec le Réseau national de résistance civile et le Congrès national indigène, nous nous battrons pour la production d'énergie électrique des communautés autonomes et des régions et pour une autre économie possible pour le bien des communautés et non des grandes entreprises transnationales. Nous ne sommes pas d'accord avec le prétendu "développement et progrès" qui n'est rien d'autre qu'un enrichissement des plus riches au prix de la destruction de la nature et de l'exploitation, d'un appauvrissement et d'une précarité accrus des conditions de vie de la grande majorité.
Nous continuerons à exiger la reconnaissance constitutionnelle de l'accès à l'électricité comme un droit de l'homme et les tarifs équitables qui en découlent pour la lumière. Nous ne permettrons pas l'installation de compteurs numériques dans nos communautés.

Aujourd'hui, 12 octobre 2020, avec nos sœurs et frères mobilisés au niveau national, nous dénonçons la guerre que le gouvernement de la 4ème transformation est en train de mettre en place, à la suite des gouvernements précédents du PRI et du PAN, contre les peuples indigènes, et parmi eux les zapatistes, avec l'imposition de leurs méga-projets sur leurs territoires, comme le mal nommé train maya, le corridor interocéanique, le projet intégral de Morelos, l'aéroport de Santa Lucia, l'exploitation minière, la fracturation, les parcs éoliens commerciaux et bien d'autres dans tout le pays.

Nous dénonçons la réactivation des groupes paramilitaires soutenus par différents niveaux de gouvernement au Chiapas, qui a provoqué le déplacement forcé de nombreuses communautés et la mort de nombreux innocents. Nous dénonçons la répression des mouvements sociaux par les différentes forces militaires et policières et la création récente de la police minière pour défendre les intérêts des compagnies minières étrangères et réprimer le peuple mexicain.

Nous dénonçons également la complicité du gouvernement et son refus de mettre fin à la violence, aux féminicides, aux assassinats de défenseurs des droits de l'homme qui n'ont cessé de se multiplier après l'assassinat de notre grand camarade Samir Flores Soberanes le 20 février 2019 dans la communauté autonome Nahuatl d'Amilcingo, à Morelos, et dont le crime reste impuni, de retrouver les disparus, en particulier notre compañero défenseur communautaire Sergio Rivera, de libérer les prisonniers politiques, comme notre compañero Fredy Garcia à Oaxaca.

En ces temps de pandémie de COVID-19, nous dénonçons le système de santé publique mortel et reprenons notre système de santé communautaire à base de plantes et homéopathique. 

Nous dénonçons la terrible inégalité qui se manifeste plus que jamais en ces temps d'enseignement à distance, creusant le fossé dans les conditions désastreuses d'apprentissage des enfants et des jeunes des communautés indigènes.

ENFIN, NOUS DÉCLARONS QUE NOUS CONTINUONS À LUTTER POUR DÉFENDRE NOS DROITS ET NOS TERRITOIRES DANS LA SIERRA DE SANTA MARTA ET EN SOLIDARITÉ AVEC LES AUTRES PEUPLES EN LUTTE AU MEXIQUE ET DANS LE MONDE.

traduction carolita d'un communiqué paru sur le site du CNI le 12/10/2020

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