Colombie : Les médias au service de l'État et leur délégitimation de la Minga du Sud-Ouest
Publié le 24 Octobre 2020
23 octobre 2020
Depuis lundi dernier, le 19 octobre, de fausses nouvelles ont circulé selon lesquelles l'armée nationale aurait détruit 63 laboratoires de production de cocaïne dans les départements du Cauca et du Caquetá, alors que les communautés indigènes, les Afro-Colombiens et d'autres organisations sociales se mobilisaient pour exiger du gouvernement qu'il fasse quelque chose contre la violence systématique dans les territoires, les assassinats de leaders sociaux, ses politiques extractives qui détruisent les ressources naturelles et le non-respect des accords de paix, entre autres choses que le gouvernement doit respecter.
Cette nouvelle n'est qu'un échantillon des mesures prises par les médias pour délégitimer les luttes pour des causes justes. Cette nouvelle révèle l'ignorance dans laquelle sont plongés les colombiens, inconscients des nombreuses réalités qui se présentent dans les régions les plus reculées du pays. Il faut souligner le jeu dans lequel sont tombés de nombreux médias lors de la couverture de la Minga del Suroccidente, où ils étaient chargés de rendre visibles des faits qui ne répondaient pas aux caractéristiques d'une information, et de plus, ils étaient chargés de trouver des situations banales pour contribuer à délégitimer la mobilisation.
C'est ce à quoi ont été soumis des territoires aussi riches que les départements du Cauca et du Caquetá. Pendant des années, ces médias hégémoniques ont été responsables de la création d'une image erronée de ces départements, les qualifiant de zones rouges et de zones de conflit, et plus encore de la discrimination dont ont fait l'objet les groupes ethniques qui y vivent, Mais le plus triste de tout, c'est que nous sommes toujours gouvernés par une classe politique élitiste, une classe politique qui se croit supérieure aux autres, qui ne considère pas les autres comme des égaux, qui au contraire utilise les mêmes mécanismes d'oppression qui ont été utilisés il y a des centaines d'années pour discriminer et ignorer des personnes qui ont été condamnées à être étiquetées comme différentes pour ne pas avoir suivi ce que le monde occidental nous a imposé.
La Minga du Sud-Ouest est un appel pour que beaucoup remettent en question leur position privilégiée, pour que nous soyons conscients que dans ce pays, il n'y a pas les mêmes opportunités pour tout le monde, pour que nous soyons critiques et que nous pensions qu'en raison de la société arrogante dans laquelle nous vivons, bien souvent notre race, notre sexe et notre classe sociale dépendent des opportunités que nous allons avoir dans nos vies ; réfléchissons un peu à la façon dont les chances ne sont pas égales pour une personne de race mixte, pour un autochtone ou pour un noir, réfléchissons à la façon dont les chances changent entre les hommes et les femmes, réfléchissons à la façon dont notre classe sociale est souvent la raison pour laquelle certaines portes sont fermées pour certains et toujours ouvertes pour d'autres, ceci parce que nous croyons toujours que l'homme blanc occidental est le modèle de ce que la société devrait être, nous sommes toujours soumis, nous sommes toujours discriminés, nous sommes toujours colonisés et quelqu'un doit bouger pour que cela change.
Par : Programme de communication du CRIC
traduction carolita d'un communiqué paru sur le site du CRIC le 23/10/2020