Colombie, la Minga : Je suis minguero et non guérillero
Publié le 15 Octobre 2020
14 octobre 2020
Être minguero, c'est se sentir fier d'appartenir à une communauté, de la culture et de la lutte qui sont dans notre sang, celle que nous transmettons depuis des générations millénaires.
La minga est tissée à partir du plus petit de chaque personne, famille, communauté et organisation. C'est le pouvoir de partager, d'apprendre et de construire des choses ensemble dans un but commun et que sa cause puisse unir davantage de personnes qui se battent pour la vie, le territoire et la paix. Ce sont les raisons qui nous motivent à nous mobiliser dans la minga du sud-ouest de la Colombie.
Les peuples qui marchent avec la parole, nous sommes victimes d'un modèle de mort, de guerre et de destruction, celle-ci, qui veut nous priver de vie et de territoire. Il est triste de constater les assassinats, les massacres, la stigmatisation des communautés et l'oubli historique constant de la part des citoyens en général, mais surtout du gouvernement national.
Il y a un silence de la part des pouvoirs en place, ceux qui imposent leurs rideaux de fumée voulant faire taire tous les processus dignes d'un peuple en lutte. Leur machinerie travaille dur sur la façon de stigmatiser les minga, en utilisant les médias pour servir leurs intérêts et pour perpétuer ces rideaux qui obscurcissent la réalité de ceux qui écoutent leurs messages sans se douter de rien. C'est pourquoi ils disent que la mobilisation est infiltrée par des acteurs armés et ils invoquent toutes les excuses possibles pour détourner l'attention et tenir le monde mal informé.
C'est pourquoi nous ne restons pas immobiles et silencieux, c'est pourquoi nous nous tissons à partir des peuples indigènes du sud-ouest et nous nous unissons aux secteurs afros, paysans et populaires qui luttent pour la dignité, qui font le changement par en bas et qui font le pari de la vie. Il ne s'agit pas d'une question d'argent, mais d'un débat clair et vigoureux et du fait que l'État assume la responsabilité de nombreuses situations qui sont évidentes dans le pays, comme la dépossession des terres et des cultures, l'invasion des multinationales et la militarisation des territoires. L'État et toutes les institutions doivent assumer des responsabilités et garantir des processus d'égalité, car nous, les peuples indigènes, avons la capacité de prendre des décisions, de même que les actions de résistance doivent être respectées.
Nous sommes conscients que le changement ne viendra pas d'en haut, le changement vient d'en bas, mais comme tout processus, notre colère digne et la raison de nos luttes doivent être entendues.
C'est pourquoi nous venons raconter notre réalité à partir de nos voix. Par exemple, dans le Cauca, la situation est complexe en raison de la présence d'acteurs armés, ceux qui disent qu'ils infiltrent la minga, mais nous leur disons que nous effectuons donc des contrôles territoriaux, avec notre garde indigène, et nous leur faisons comprendre que nous ne voulons pas d'acteurs armés sur nos territoires, ni légaux ni illégaux, car ils laissent la mort et la dépossession dans leur sillage.
Un exemple clair est le rapport Indepaz. En tout, en 2019, il y a eu 36 massacres dans le pays, au cours desquels 133 personnes ont été tuées. Au cours de l'année 2020, 67 massacres ont eu lieu, au cours desquels 271 personnes ont été tuées. Cela signifie qu'en seulement deux ans de gouvernement Duque, 103 massacres ont eu lieu.
Quant à l'assassinat de dirigeants sociaux, les chiffres sont encore plus effrayants. Jusqu'à la première semaine d'octobre, en 2020, 225 dirigeants ont été assassinés en Colombie. Si l'on tient compte du fait qu'au cours des quatre années entre 2016 et 2019, 804 dirigeants ont été assassinés, cela signifie que, depuis l'année de la signature des accords de paix jusqu'à aujourd'hui, nous avons perdu 1 029 dirigeants sociaux.
Les signataires de l'accord ont également été systématiquement décimés. En octobre de cette année, 48 signataires ont été assassinés. Et de 2016 à aujourd'hui, 231 ex-combattants ont été tués.
Les déplacements forcés ont également augmenté à un rythme extrêmement inquiétant. Par rapport à l'année dernière, ils ont augmentés de 96,8 %, avec au moins 16 190 personnes déplacées au début du mois d'août. On estime que d'ici la fin de l'année, il y aura 9 000 000 de victimes du conflit en Colombie, dont l'immense majorité est déplacée par la violence.
Le nombre de disparitions forcées n'a cessé de croître. Au moins 16.313 disparitions ont été signalées au cours des quatre dernières années, dont 9.667 au cours des deux dernières années seulement. De décembre 2016 à août 2020, au moins 466 de ces disparitions étaient liées à la violence et aux conflits armés.
Les menaces individuelles et collectives ont également augmenté. Au cours des quatre dernières années, 707 menaces ont été proférées dans le seul Cauca et à l'encontre des peuples indigènes. Rien qu'en 2020, au moins 133 menaces collectives ont été enregistrées jusqu'à présent, soit un chiffre quatre fois plus élevé qu'en 2019.
C'est pour cela que nous marchons pour que le reste du pays écoute et connaisse nos réalités ; cette parole qui veut arriver sans filtre et qui veut nous unir, nous savons que dans le pays il y a beaucoup de similitudes à nos problèmes ; c'est pour cela que nous marchons et nous parions pour nous unir, pour cela nous devons savoir par le sentiment et comprendre que les différences ne sont pas si grandes quand on comprend les causes et les rêves, ceux qui parient de laisser aux générations futures une possibilité de vivre avec dignité, C'est pourquoi nous pensons toujours à ceux qui viennent, peut-être que beaucoup d'entre nous ne peuvent pas jouir de la paix de l'esprit, beaucoup d'entre nous partiront, mais que la graine de la lutte reste pour nos fils et nos filles et que la culture et l'histoire qui peuvent survivre avec eux dans le temps et l'espace survivent, nous vous invitons à rejoindre la minga qui déplace, tisse, construit et rêve des changements qui apportent la dignité et la vie aux peuples et aux processus en lutte.
par tejido de comunicación para la verdad y la vida
traduction carolita d'un communiqué paru sur le site du CRIC le 14/10/20
Yo soy Minguero y no guerrillero - Consejo Regional Indígena del Cauca - CRIC
El ser minguero es sentirse orgulloso de pertenecer a una comunidad, de la cultura y de la lucha que se lleva en la sangre, esa que transmitimos desde generaciones milenarias. La minga se teje desde
https://www.cric-colombia.org/portal/yo-soy-minguero-y-no-guerrillero/