Colombie - La Minga attend Ivan Duque le 12 octobre

Publié le 7 Octobre 2020

Servindi, 7 octobre 2020 - La Minga pour la vie, le territoire, la démocratie et la paix attend le président Ivan Duque le lundi 12 octobre sur la Plaza San Francisco de la municipalité de Santiago de Cali.

L'objectif de la réunion est de soulever les problèmes, les alternatives et les exigences de la politique économique, sociale, culturelle et environnementale de la minga dans le sud-ouest de la Colombie, composée d'organisations et de processus indigènes, paysans, syndicaux, étudiants, sociaux et populaires.

Par une lettre ouverte adressée au chef de l'État, la Minga propose, entre autres, le respect du territoire et de ses habitants, conformément aux droits différentiels et collectifs.

De même, le respect et la mise en œuvre de l'accord de paix avec les FARC et le progrès vers une paix complète, en poursuivant les pourparlers avec l'ELN.

La lettre dénonce et rejette la poursuite de la violence sociopolitique contre les peuples et les communautés ainsi que les meurtres, massacres, attaques, menaces, disparitions et déplacements forcés.

Elle souligne que la situation a été aggravée par la politique de paix et de sécurité et la gestion de l'urgence pandémique COVID 19, avec des politiques contre les secteurs populaires du pays.

Elle rappelle qu'en 2019, Iván Duque s'est engagé à dialoguer avec la Minga del Suroccidente dans la municipalité de Caldono, "mais malgré le fait qu'il soit arrivé dans cette municipalité, il a refusé de rencontrer la population qui l'attendait à la Minga. 

Le message conclut que si le président n'arrive pas ce jour-là, les personnes qui convoquent la réunion décideront d'arriver dans une mobilisation pacifique et démocratique dans la capitale du pays pour exiger ce qui a été proposé.

MINGA pour la vie, le territoire, la démocratie et la paix

 

Monsieur :
Ivan Duque Marquez
Président de la République de Colombie

Monsieur le Président :

Recevez les salutations de la Minga Sociale et Comnunautaire du Sud Ouest de la Colombie, pour la défense de la vie, du territoire, de la démocratie et de la paix.

Depuis cette région meurtrie de Colombie, les organisations signataires, qui attendent de vous rencontrer en tant que Président de tous les Colombiens, rejettent publiquement la poursuite de la violence sociopolitique contre les peuples et les communautés, ainsi que les meurtres, massacres, attaques, menaces, disparitions et déplacements forcés, commis contre des personnes, des leaders sociaux, des défenseurs des droits de l'homme et d'anciens guérilleros des FARC-EP en voie de réincorporation. Cette violence s'ajoute à la façon dont les militaires traitent la protestation sociale, à l'usage excessif de la force et à la brutalité policière.

La politique économique et sociale de votre gouvernement, qui s'en prend à notre vie et à notre survie en tant que peuples et communautés, se concentre sur les territoires et les secteurs populaires, approfondit la politique minière et énergétique, réduit les droits démocratiques et les libertés civiles, et détériore de façon permanente la démocratie, ce qui se manifeste dans les actions de l'exécutif qui tente de concentrer entre ses mains les décisions et tout le pouvoir de l'État en ignorant les décisions des cours et des tribunaux.

Aujourd'hui, nous continuons à exiger l'application des accords avec le mouvement social, de l'accord de paix de La Havane et la poursuite des dialogues de paix, sur la base du programme convenu et signé entre le gouvernement national et l'ELN, qui sont indispensables pour parvenir à une solution du conflit social et armé que connaît le pays.

Arrêter votre politique économique et sociale et reprendre le chemin sûr de la paix est une nécessité que le pays exige, tout comme il exige que le gouvernement national assume son devoir de prendre soin et de protéger la vie, les écosystèmes, l'intégrité et la sécurité des citoyens.

Nous disons à la Colombie que nous persistons dans la recherche de certaines solutions aux problèmes qui nous affligent aujourd'hui. Cette situation a été aggravée par l'effet de votre politique de paix et de sécurité, et la gestion de l'urgence pandémique COVID 19, avec des politiques contre les secteurs populaires du pays.

En 2019, vous vous êtes engagé à dialoguer avec notre Minga du Sud-Ouest dans la municipalité de Caldono, mais, bien que vous ayez atteint cette municipalité, vous avez refusé de rencontrer la population qui vous attendait à la Minga.

De même, en tant que membres de la grève nationale qui a débuté l'année dernière, nous avons attendu certaines réponses au Pliego Nacional présentées à votre gouvernement, mais nous n'avons vu que de l'ignorance et du mépris pour tous ceux qui se sont mobilisés. Un comportement réitératif, compte tenu de votre refus de vous asseoir avec le mouvement universitaire en 2018 qui défendait le droit à l'éducation dans la rue, exigeant un budget plus important qui est actuellement encore refusé en raison du non-respect des accords et du manque d'engagement en faveur de l'inscription zéro en 2020 et du sauvetage des EES.

Nous avons attendu les excuses du ministre de la Défense pour les excès de la force publique, notamment ce qui a été fait par l'ESMAD de la Police nationale lors des manifestations développées dans le pays à partir du 21 novembre 2019 et en particulier dans la Minga du sud-ouest. Vos paroles et voss actes sont loin d'être une reconnaissance de la vérité et de la responsabilité, et visent à normaliser la violence d'État et à délégitimer la protestation sociale. C'est pourquoi, Monsieur le Président, nous demandons aujourd'hui la démission du ministre de la défense.

Du Sud-Ouest de la Colombie et des organisations et processus indigènes, paysans, syndicaux, étudiants, sociaux et populaires, nous faisons à nouveau appel à vous, à cette occasion le 12 octobre prochain, dans la municipalité de Santiago de Cali, sur la Plaza San Francisco. Nous vous y attendrons dans la minga du Sud-Ouest, afin de vous exposer nos problèmes, nos alternatives et nos exigences en matière de politique économique, sociale, culturelle et environnementale, de manière publique devant le pays, qui sont axés sur les questions suivantes :

  • Vie et devoir de garantie de l'État.
  • Respect du territoire et de ses habitants, conformément aux droits différentiels et collectifs.
  • La démocratie, en tant que fondement de l'état social de droit.
  • Respect et application de l'accord de paix avec les FARC et progrès vers une paix globale, en poursuivant le dialogue avec l'ELN.
  • Accès aux droits fondamentaux, sociaux, politiques et culturels

Monsieur le Président, nous vous attendons. Si vous n'arrivez pas ce jour-là, ceux d'entre nous qui ont convoqué cette réunion ont décidé de se rendre dans la capitale du pays de manière pacifique et démocratique pour exiger ce qui a été proposé.

Cordialement :

MINGA SOCIALE ET COMMUNAUTAIRE DU SUD-OUEST DE LA COLOMBIE, POUR LA DÉFENSE DE LA VIE, DU TERRITOIRE, DE LA DÉMOCRATIE ET DE LA PAIX.

traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le07/10/2020

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Colombie, #Peuples originaires, #Minga sociale, #12 octobre, #La paix

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