Brésil - Le candidat au prix Nobel de la paix, Raoni, lance un appel urgent pour mettre fin à l'exploitation minière sur les terres indigènes
Publié le 9 Octobre 2020
Jeudi 8 octobre 2020
Manifeste signé par l'Institut Kabu, l'Association des forêts protégées et l'Institut Raoni qui alerte sur l'explosion de la déforestation et des entraves dans les territoires ethniques
Connu dans le monde entier pour sa trajectoire de lutte et de défense des droits des peuples indigènes au Brésil, le cacique Raoni est l'un des noms les plus estimés dans le concours pour le prix Nobel de la paix en 2020. Le prix sera annoncé ce vendredi (9 octobre), à Oslo.
Parallèlement, le "cacique da paz", comme on l'appelle, lance un manifeste urgent avec les trois associations indigènes Kayapó (Instituto Raoni, Associação Floresta Protegida et Instituto Kabu) du Mato Grosso et du sud du Pará contre la légalisation du garimpo en terres indigènes et avec une alerte à l'augmentation effrénée de la déforestation et du squattage des territoires indigènes ces dernières années.
Comme l'avertissent les Kayapó, le démantèlement des terres indigènes et l'encouragement du gouvernement au garimpo favorisent les invasions et l'exploitation prédatrice. Rien qu'au cours des trois dernières années, le garimpo a détruit quelque 5 000 hectares de forêt dans le territoire indigène Kayapó, l'un des épicentres de l'exploitation minière illégale. Toute la déforestation causée par le garimpo sur ces terres indigènes entre les années 1980 et 2015 a atteint la moitié de cette superficie : 2 500 hectares.
L'escalade des conflits met en danger l'intégrité des indigènes et favorise l'avancée de Covid-19 dans le territoire. On dénombre au moins 16 décès et 2 032 cas dans les TI Kayapó, Menkragnoti, Badjokôre, Capoto Jarina et Baú.
"Nous répudions la façon dont le gouvernement fédéral a encouragé l'invasion de nos territoires, soit par la rhétorique qui renforce le crime organisé, soit par l'omission et l'affaiblissement des organes chargés de protéger les territoires indigènes et de lutter contre les activités illégales et prédatrices", indique le document.
Dans le manifeste, les organisations reconnaissent qu'il y a des indigènes de l'ethnie qui ont décidé de rejoindre la chaîne de garimpo, mais elles soulignent qu'ils ne représentent pas l'ensemble du peuple Kayapó. "La pression croissante sur nos communautés a conduit quelques dirigeants à être séduits par le gain financier rapide et facile que procure le garimpo. Nous ne leur permettons pas de parler au nom du peuple Kayapó (...) Comment pourrions-nous être en faveur d'une activité qui génère de profonds impacts environnementaux et sociaux sur nos territoires et nos communautés ? Comment pourrions-nous priver nos enfants et petits-enfants d'un territoire préservé pour continuer à vivre selon nos coutumes et traditions, comme le garantit la Constitution fédérale ?
L'année 2020 a été un défi pour Raoni. A 90 ans, le cacique a dû faire face à la mort de sa femme, Bepkwyjka, en juin ; il a souffert lui-même d'une infection intestinale et d'une contamination par le Covid- 19, dont il se remet encore. En janvier, quelque 600 leaders extractivistes, de riverains, de quilombolas et d'indigènes ont répondu à l'appel du cacique et ont uni leurs voix dans le village de Piaraçu, Terre indigène de Capoto Jarina (Mato Grosso), dans ce qui a été marqué par la relance de l'Alliance des peuples de la forêt.
Lors de cette rencontre, Raoni, qui semble avoir prévu la nécessité de rassembler des forces pour faire face à une année marquée par la destruction de l'environnement et les menaces qui pèsent sur les peuples indigènes et traditionnels, a de nouveau fait écho au message qui caractérise sa biographie : "Je n'abandonnerai pas, je continuerai jusqu'à ce que mon corps ne résiste plus. Tant que les peuples indigènes seront menacés, je demanderai la paix".
traduction carolita d'un article paru sur Socioambiental.org le 08/10/2020
Candidato ao Nobel da Paz, Raoni faz apelo urgente pelo fim do garimpo em Terras Indígenas
Conhecido mundialmente pela trajetória de luta e defesa dos direitos dos povos indígenas no Brasil, o cacique Raoni é um dos nomes mais cotados na disputa pelo Nobel da Paz 2020. O prêmio será...