Paco Ibáñez: Poèmes de Federico García Lorca et Luis de Góngora (Paco Ibáñez 1) (1964)

Publié le 3 Décembre 2020

Paco Ibáñez est considéré comme l'un des pères de la chanson espagnole, dont la principale caractéristique a été de mettre en musique l'œuvre poétique de différents écrivains, notamment espagnols et latino-américains. Son premier ouvrage complet a été publié en France en 1964 par Polydor (658 022 GU), Moshé-Naïm (658022GU). Il y met en musique deux poètes espagnols : Federico García Lorca et Luis de Góngora.

L'album était accompagné à la guitare par Antonio Membrado, et comprenait une illustration de Salvador Dalí, réalisée spécialement pour l'édition.

Il est indiqué à l'intérieur de l'édition du CD :

Il est difficile d'être espagnol, et difficile d'être un poète espagnol, et encore plus, un compositeur espagnol avec la guitare comme seul instrument.

La terre espagnole est une répulsion constante. Un rejet passionné de la vie et de la mort. D'où, peut-être, le fait que les légendes sont aimées, et que les légendes se révèlent fausses. Le folklore de Segrega, aussi le folklore est faux. Et la guitare est l'instrument essentiel de ce folklore qui est une tromperie.

Federico García Lorca est un poète espagnol, et aussi un musicien espagnol. Un andalou de toutes les guitares possibles. Paco Ibáñez joue de la guitare.

Et puis un problème se pose. C'est mathématique. Il tombe dans le piège. Et pourtant, le problème est résolu. Grâce à Lorca, grâce à Góngora, il n'y a pas de problème.

Et tout devient alors clair. Góngora est le cousin de Lorca, et cette parenté secrète devient évidente grâce à Paco Ibáñez qui reconstitue avec ses doigts, avec ses notes, la longue route qui les relie. Je veux parler du chemin de la rigueur, de l'authenticité, de l'amour et de la mort.

Car il fallait comprendre que les mots d'enchantement, les jasmins des nuits andalouses, n'acquéraient de poids et de sens que lorsqu'ils étaient placés sur le chemin de la rigueur et de la sobriété
García Lorca est un poète-inspiration, car cette inspiration est rigoureuse. Góngora est un poète-labyrinthe, mais ce labyrinthe est tout à fait nécessaire.

Il est possible de chanter l'amour dans tous les tons et de ne pas arriver, mais rien du tout. L'important est de faire chanter l'amour lui-même. On peut faire chanter la mort et pourtant ne pas sortir du silence. L'important est de capturer la voix exacte de la mort.

Et Lorca a chanté à l'amour et à la mort. C'étaient ses oiseaux du matin, familiers, qu'il entendait chanter tous les matins, dans son jardin à Grenade. Et Góngora savait aussi le ton précis à donner aux cercueils florissants et aux mariées qui meurent d'amour. Il a fallu les doigts précis de Paco Ibáñez, et son rigorisme, pour mettre en musique, (comme si l'on disait "mettre en conditions"), les "lamentations" de Lorca et Góngora. Il fallait être doté, tout d'abord, du sens du silence et, en outre, du sens de la note qui éclate entre ce silence. Il fallait aimer l'amour pour pouvoir joindre ces mots brillants à ces merveilleuses notes.

L'amour, comme la mort, exige une certaine musique. Rares sont ceux qui viennent la découvrir, la débarquer, la harceler et enfin l'apprivoiser. Et ces êtres exceptionnels sont marqués par une grâce, par un don, par un signe particulier.

Paco Ibáñez est l'un d'entre eux.

Henri-François Rey

Liste des titres

01. Canción del jinete [Federico García Lorca – Paco Ibáñez] (2:09)
02. El lagarto está llorando [Federico García Lorca – Paco Ibáñez] (2:44)
03. Romance a la luna, luna [?] (2:18)
04. Casida de las palomas oscuras [Federico García Lorca – Paco Ibáñez] (3:07)
05. La señorita del abanico [Federico García Lorca – Paco Ibáñez] (1:50)
06. Mi niña se fue al mar [Federico García Lorca – Paco Ibáñez] (3:03)
07. La más bella niña [Luis de Góngora – Paco Ibáñez] (2:40)
08. Que se nos va la Pascua, mozas [Luis de Góngora – Paco Ibáñez] (3:24)
09. Y ríase la gente [Luis de Góngora – Paco Ibáñez] (1:39)
10. Lloraba la niña [Luis de Góngora – Paco Ibáñez] (3:22)
11. Hermana marica [Luis de Góngora – Paco Ibáñez] (3:47)
12. Bien puede ser, no puede ser [Luis de Góngora – Paco Ibáñez] (2:18)

traduction carolita du site Perrerac.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #Nueva canción, #Chanson du monde, #La poésie que j'aime, #Espagne

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