Maurício Ye'kwana : Je suis allé à l'ONU pour le Brésil
Publié le 29 Septembre 2020
Lundi 28 septembre 2020
J'ai eu l'occasion de faire entendre la voix des peuples indigènes lors de la session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies le 25 de ce mois. J'ai parlé de la situation des peuples Yanomami et Ye'kwana au Brésil, où notre territoire est envahi par plus de 20 000 mineurs qui apportent aux communautés des maladies comme la malaria, l'alcool, la drogue et la violence et qui continuent à polluer nos rivières avec du mercure, contaminant également nos proches. J'ai également mentionné qu'en 2020, deux Yanomami ont été assassinés par des garimpeiros. J'ai parlé de la situation en pleine pandémie, du fait que la présence de mines illégales a également apporté le Covid-19 dans les communautés qui vivent près du garimpo. Cela fait mal de voir la forêt être détruite et nos vies menacées.
Il était nécessaire d'accéder à cet organisme international pour que notre appel soit entendu. Ici au Brésil, nous ne sommes pas écoutés par le gouvernement actuel, qui ne fait que s'en prendre aux peuples indigènes. C'est pourquoi, en tant que leader indigène, nous devons agir face à l'attitude du gouvernement fédéral à l'égard des peuples indigènes. Des positions qui ont interféré dans la vie des peuples indigènes, des peuples de la forêt. Une politique anti-indigéniste qui menace des terres déjà délimitées, reconnues en fait et en droit par la constitution brésilienne, des attaques de préjugés, des négligences et des abandons face à la pandémie, des pressions pour la régulation de l'exploitation minière sur nos terres. Cette posture a également interféré avec la base, car elle attire l'attention des indigènes qui sont attirés et achetés, ce qui affecte directement les communautés.
Le discours de Bolsonaro cette semaine à l'Assemblée générale des Nations unies présente une réalité complètement déformée de la vie des peuples de l'Amazonie, les indigènes du Brésil, en particulier les Yanomami et les Ye'kwana, ici dans le Roraima. Il ne devrait ni mentionner ni parler des peuples indigènes, car il ne fait qu'attaquer nos droits. Nous ne sommes pas responsables de la déforestation, ni des incendies, nous n'encourageons pas l'exploration minière sur les terres indigènes. C'est le gouvernement lui-même qui le fait ! La terre indigène Yanomami a plus de 60 % de sa superficie couverte par des besoins miniers.
Nous sommes en plein milieu de la campagne Fora Garimpo Fora Covid, une grande mobilisation qui demande aux envahisseurs de partir, parce que c'est le rôle de l'État brésilien. Nous, les indigènes, craignons un nouveau génocide pour notre peuple.
C'est pourquoi nous demandons un soutien à la campagne en signant la pétition qui demande la désintrusion des envahisseurs, la sortie des garimpeiros illégaux de nos terres. Aidez-nous à sauver nos vies, notre forêt. Allez sur foragarimpoforacovid.org, découvrez la campagne et embrassez aussi notre combat.
Nous demandons également plus de respect pour notre culture, nos traditions. Pas de discrimination, principalement le racisme. La lutte des peuples Yanomami et Ye'kwana est une lutte pour la survie, pour maintenir la forêt debout, sans la forêt nous n'avons pas de vie. Il est donc important de transmettre notre message au Brésil et au monde entier. La société non indigène a besoin de nous connaître, de savoir qui sont les indigènes et pourquoi nous nous battons. J'aimerais que les autorités entendent notre appel à la désinsertion des envahisseurs illégaux des terres indigènes. Ce combat nous appartient à tous, il est de notre devoir de protéger la planète.
*Dirigeant indigène et directeur de l'association Hutukara Yanomami
traduction carolita d'un article paru sur Socioambiental.org le 28/09/2020
Maurício Ye'kwana: Fui à ONU pelo Brasil
Artigo originalmente publicado na Folha BV Tive a oportunidade de levar a voz dos povos indígenas para a Sessão do Conselho de Direitos Humanos da ONU, no dia 25 deste mês. Falei da situação d...
https://www.socioambiental.org/pt-br/blog/blog-do-rio-negro/mauricio-yekwana-fui-a-onu-pelo-brasil