Mensaje al hermano (Julio Cortazar)

Publié le 3 Septembre 2020

Message au frère


Maintenant, ce seront les mots, les plus inutiles ou les plus éloquents, qui jailliront des larmes ou de la colère, maintenant nous lirons de belles images sur le phénix qui renaît de ses cendres, dans les poèmes et les discours l'image du Che sera fixée pour toujours. Ce sont aussi des mots que j'écris, mais je ne les veux pas comme ça, je ne veux pas être celui qui parle de lui. Je demande l'impossible, le plus immérité, ce que j'ai osé faire une fois de son vivant : je demande que ce soit sa voix qui apparaisse ici, que ce soit sa main qui écrive ces lignes. Je sais que c'est absurde et impossible, et c'est pourquoi je crois qu'il l'écrit avec moi, car personne ne savait mieux que moi à quel point l'absurde et l'impossible seront un jour la réalité des hommes, l'avenir pour la conquête duquel son jeune homme a donné sa merveilleuse vie. Alors utilise ma main une fois de plus, mon frère, cela n'aura servi à rien de te couper les doigts, cela n'aura servi à rien de te tuer et de te cacher avec leurs tours maladroits. Prends, écris : ce qu'il me reste à dire et à faire, je le dirai et le ferai toujours avec toi à mes côtés. Ce n'est qu'alors qu'il sera logique de continuer à vivre.  

Mensaje al hermano


Ahora serán las palabras, las más inútiles o las más elocuentes, las que brotan de las lágrimas o de la cólera, ahora leeremos bellas imágenes sobre el fénix que renace de las cenizas, en poemas y discursos se irá fijando para siempre la imagen del Che. También estas que escribo son palabras, pero no las quiero así, no quiero ser yo quien hable de él. Pido lo imposible, lo más inmerecido, lo que me atreví a hacer una vez cuando él vivía: pido que sea su voz la que asome aquí, que sea su mano la que escriba estas líneas. Sé que es absurdo y es imposible, y por eso mismo creo que él escribe esto conmigo, porque nadie supo mejor hasta qué punto lo absurdo y lo imposible serán un día la realidad de los hombres, el futuro por cuya conquista dio su joven, su maravillosa vida. Usa entonces mi mano una vez más, hermano mío, de nada les habrá valido cortarte los dedos, de nada les habrá valido matarte y esconderte con sus torpes astucias. Toma, escribe: lo que me quede por decir y por hacer lo diré y lo haré siempre contigo a mi lado. Sólo así tendrá sentido seguir viviendo.  
 

Julio Cortázar traduction carolita

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Rédigé par caroleone

Publié dans #Au coeur du Che, #La poésie que j'aime, #Argentine

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