El Che (Patricio Manns)
Publié le 4 Septembre 2020
El Che
A bordo del pasado yo atravesé los páramos,
los bosques solitarios, la vastedad salvaje,
un crepúsculo en llamas, el glaciar imperfecto,
la dentellada pura del vendaval andino
hasta este Valle Grande para encontrar al Che.
Aquí caminó alzando sus pródigos vocablos,
rehizo muchas veces los múltiples caminos,
palpó el amargo musgo de las conciencias muertas
y construyó en su carpa las luces aurorales,
las lides y los sueños de la victoria siempre.
El orgulloso visionario, el gran demiurgo latinoamericano,
el hondo capitán llamado a restaurar el orden de la vida,
paciente como una semilla, se propagó sobre el tiempo y la memoria,
se hizo alfabeto, orgánico y rebelde,
acrisoló los hornos del deber.
Fue el Che el que despertó a los pueblos
llenando de altos martillos la mañana.
Fue el Che el que levantó los cantos
entre metralla y ráfagas de muerte.
Fue el Che el que con su estrella ardiendo
hizo estandartes del fuego que rugía,
hizo constante el peso de la aurora:
el Che escribió las leyes del futuro.
Pueblo es la tierra,
pueblo la semilla,
pueblo el agua, la siembra,
el viento y el molino.
Pueblo es la letra, pueblo la ventana,
la cosecha, la escuela, el canto y la palabra;
y suyos son los combates,
suyos los deberes
y el derecho incesante
de alumbrar la tierra
con el incendio de las cárceles.
*****
Le Che
A bord du passé, j'ai traversé la lande,
les forêts solitaires, l'immensité sauvage,
un crépuscule en flammes, le glacier imparfait,
les dents pures de la tempête andine
dans cette Valle Grande pour trouver le Che.
Il marchait là, élevant ses mots prodigues,
il refaisait les multiples chemins à de nombreuses reprises,
il palpait la mousse amère des consciences mortes
et construisait dans sa tente les lumières aurorales,
les querelles et les rêves de victoire toujours.
Le fier visionnaire, le grand démiurge latino-américain,
le profond capitaine appelait à rétablir l'ordre de la vie,
patient comme une graine, propagé dans le temps et la mémoire,
il s'est fait alphabet, organique et rebelle,
Il a nettoyé les fours du devoir.
C'est le Che, celui qui a réveillé les peuples
se remplissant de hauts marteaux le matin.
C'est le Che, celui qui a élevé les chants
entre les éclats d'obus et les rafales de mort.
C'est le Che qui, avec son étoile ardente
a fait des bannières à partir du feu rugissant,
a rendu constant le poids de l'aube :
Le Che a écrit les lois du futur.
Peuple est la terre,
peuple la graine,
peuple l'eau, semailles,
le vent et le moulin.
Peuple est la lettre, peuple la fenêtre,
la récolte, l'école, le chant et la parole ;
et les combats sont à lui,
à lui ses devoirs
et le droit incessant
d' éclairer la terre
avec l'incendie des prisons.
Patricio Manns traduction carolita