Brésil : Le peuple Parintintin
Publié le 8 Juillet 2020
Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état d’Amazonas et qui formait l’ensemble de petits groupes Kagwahiva connus sous des noms différentes qui ont été donnés par leur ennemis comme c’est le cas de Parintintin dont le nom leur a été donné par les Munduruku.
Ils sont sans doute les descendants des Cabahyba qui habitaient les eaux amont du rio Tapajós au XVIIIe et début XIXe siècle et qui constituaient l’un des groupes désignés par Carl Friedrich Von Martius comme « tupí central ». Ce groupe comprenait en dehors d’eux-mêmes les Kayabi et les Apiaká.
Le nom
Le nom kagwahiva dans son sens le plus large veut dire notre peuple, par opposition à tapy ‘yn = ennemi.
Langue : parintintin ou kagwahiva, branche VI des langues tupí- guaraní.
Population : 450 personnes (2014)
Localisation et terres indigènes
- T.I Ipixuna – 215.362 hectares, 64 personnes, réserve homologuée. Ville : Humaitá.
- T.I Nove de Janeiro – 228.777 hectares, 206 personnes, réserve homologuée. Ville : Humaitá.
Organisation politique
Le leadership incombe au chef du groupe familial ou villageois appelé mborerekwárá ga « celui qui nous tient ensemble » ou ñanderuviháv « notre co-résident ». La façon de contrôler les conflits dans la société Parintintin ainsi que les comportements inappropriés est de les éviter. Une grande importance est accordée à la socialisation des enfants privilégiant l’affirmation de soi par rapport à la compétition et à la violence dans les jeux. Un leader travaille à atténuer les conflits dans le groupe davantage avec la persuasion et la médiation que par la coercition. En cas de conflit inconciliable, l’une des parties quitte le groupe. La guerre avait une grande importance culturelle pour les Parintintin avant le contact tout comme c’était le cas avec les sociétés Tupí sur la côte. Les attaques étaient menées par les ñinboipára’nga « organisateurs d’attaques ». le prestige masculin dans cette période-là de pré-contact était apporté par ma capture de la tête d’un ennemi devant être exposée dans une akangwéra Toryva (danse de la tête du prix), un festival exubérant qui célébrait l’évènement. Celui qui avait rapporté la tête acquérait alors le statut honorable d’okokwaháv. Il devait ensuite traverser une période d’isolement rituel puis ensuite il obtenait un nouveau nom.
Guerrier Parintintin - Par Auteur inconnu — MP-USP, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11982229
Activités économiques
Traditionnellement l’économie Kagwahiva se base sur la chasse, la pêche, la cueillette et l’agriculture. La pêche se fait à l’arc et flèches, en canoë ou à la saison des pluies sur des plateformes triangulaires (mbytá) faites de bâtons amarrés entre les arbres sur le chemin de la forêt inondée. Ils utilisent aussi la technique du timbo (pêche à la nivrée).
La chasse aujourd’hui est pratiquée avec des fusils de chasse, autrefois c’était avec arc et flèches. Les chasseurs se regroupent entre membres de la même famille, les pièces principales sont confiées au chef ou au beau-père qui est chargé de la distribution à la communauté.
Les champs de plantation sont nettoyés chaque année et sélectionnés dans des zones choisies par les dirigeants pour chaque noyau familial. Les femmes plantent et récoltent mais cela se fait aussi par groupes familiaux. Les plantes cultivées comprenaient autrefois une grande variété d’espèces de maïs (mais cela s’est perdu). Aujourd’hui elles plantent du manioc, de nombreuses variétés de pommes de terre et des ignames. Des arbres fruitiers sont plantés autour des villages et les fruits sont ramassés ou cueillis à l’aide de bâton par les femmes et les enfants.
Les tortues tracajá sont capturées dans la selva et leurs œufs récoltés sur les plages en saison sèche. C’est un produit très recherché.
Elles récoltent aussi plusieurs variétés de miels.
Cosmologie
L’expression centrale de la cosmologie parintintin est le mythe de Pindova’umi’ga le puissant chef/chaman ancestral qui a créé le Peuple du Ciel (Yvága’nga) qui apparaît aux chamans dans leurs cérémonies.
Pratiques religieuses
Les tabous alimentaires représentaient l’expression solide et centrale de la vie des anciens parintintin. Différents aliments étaient évités (principalement les poissons, le miel er la viande) pendant la grossesse et après la naissance d’un enfant.
Ces restrictions visaient à prévenir la maladie en particulier chez les enfants et elles étaient étendues aux proches parents.
La manipulation du manioc est dangereuse en cas de maladie.
Le sexe est interdit lorsque la liane du timbo (en association avec le sperme) est utilisée pour intoxiquer les poissons dans la rivière.
Les relations sexuelles entre cousins parallèles (membres de la même moitié) provoquent la mort des enfants des transgresseurs.
Certaines pratiques rendent un chasseur incapable de tuer certaines espèces d’animaux ou de pêcher certains poissons.
Le rêve
L’acte de rêver est étroitement associé au chamanisme.
Un ipaji ou apprenti chaman peut trouver des esprits dans les rêves.
Les gens ordinaires peuvent avoir des rêves prémonitoires principalement liés au succès à la chasse ou à la maladie et la mort.
Un chaman par contre peut contrôler l’arrivée du futur dans les rêves.
Les ipaji-mêmes sont nés au moyen de rêves.
La cérémonie de guérison d’un ipaji n’est plus pratiquée, c’était l’un des rites religieux centraux des Parintintin. La chaîne de transmission des connaissances chamaniques a été rompue par la mort prématurée de nombreux chamanes en raison des épidémies survenues après le contact.
Organisation sociale
Elle reprend celle des Kagwahiva, c’est-à-dire qu’elle est composée de moitiés nommées avec des noms d’espèces d’oiseaux aux caractéristiques contrastées. Chaque moitié correspond à un groupe patrilinéaire exogame (les individus appartiennent à la moitié de leur père et ne peuvent épouser qu’une personne de l’autre moitié).
Les villages Parintintin ne sont pas très grands surtout depuis la diminution du nombre de personnes suite aux premiers contacts. Il y a en général 3 à 5 familles nucléaires. Les résidences sont situées le long des rives des igarapés ce qui leur permet d’accéder aux canoës pour se rendre à la pêche. Les villages traditionnels étaient composés d’une maison communale (ongá) dans laquelle chaque famille nucléaire avait un segment entre les piliers centraux et les murs latéraux pour y accrocher leurs hamacs. Autour de la maison se trouvait la place (okará) nettoyée régulièrement et aussi des arbres fruitiers.
Les noms d’oiseaux des moitiés patrilinéaires sont Myt m (mutum, hocco de Blumenbach) et Kwandú (harpie ou épervier). La moitié Kwandú est toujours associée aux perroquets à tête rouge, taravé. Un troisième groupe les Gwyrai’gwará sont considérés comme des Kwandú mais se marient de façon interchangeable avec d’autres Kwandú ou des Myt m. ils sont identifiés au japú, un oiseau jaune qui construit son nid avec des branches sur les rivières et les igarapés.
Le mode de résidence après le mariage est uxorilocal (l’homme va vivre dans la famille de sa femme) et les moitiés patrilinéaires. Les Parintintin sont les seuls Tupí- Guaraní a posséder des moitiés exogames.
Socialisation
Les jeunes enfants sont portés dans les bras de leur mère pour avoir librement accès aux seins et ils sont pris en charge par la mère jusqu’à environ 3 ans. Si un enfant est né avant qu’un autre ne soit sevré et ait acquis une plus grande autonomie, il est pris en charge par sa sœur aînée. Les Parintintin essaient d’éviter tant que possible cette situation en se donnant des intervalles de 5 ans entre les naissances en utilisant les herbes contraceptives. Les enfants qui marchent sont pris en charge par la sœur aînée. Celle-ci n’accepte pas toujours de bon cœur cette tache mais un lien spécial finit par se développer entre l’enfant et celle qui s’en est occupé. Les enfants ont une liberté de choix considérable et les châtiments corporels sont évités. La valeur de générosité est stimulée très tôt.
Les noms et l’initiation masculine
Le prénom est donné a un garçon (mbotagwaháv) par le frère de la mère lors d’une cérémonie de nomination. Pendant l’initiation masculine le garçon reçoit un tatouage facial et son premier ka’á, étui pénien de la part d’un frère de son père qui lui donne aussi en cadeau un nouveau nom associé à une moitié. Ce nom se substitue au nom de naissance.
Par la suite de nouveaux noms sont donnés en fonction de transformation du statut social que l’individu traverse (mariage, entrée d’une nouvelle phase de vie, événements particuliers, une femme à la naissance de son premier enfant, ou encore un homme qui a enlevé la tête d’un ennemi ce qui bien entendu ne se pratique plus de nos jours).
L’initiation féminine
L’initiation féminine se produit dans la ménarche lorsque la jeune fille est isolée après ses premières règles pendant dix jours dans un compartiment de la maison et doit se limiter à des tabous rigoureux dans ses gestes et dans son alimentation. Finalement elle est portée à la rivière par son père ou le frère de celui-ci et baignée rituellement puis tatouée au visage. Son mariage a lieu avec un cousin croisé (idéalement) immédiatement.
De belles photos de ce peuple ICI .
Sources : pib.socioambiental.org