Pérou - AIDESEP : les ressources allouées sont insuffisantes pour 2000 communautés

Publié le 26 Juin 2020

Servindi, 24 juin 2020 - Les ressources allouées par l'État péruvien pour réduire les effets néfastes de la propagation de COVID-19 dans les 2000 communautés indigènes de 51 peuples indigènes de l'Amazonie sont insuffisantes. 

Lizardo Cauper, président de l'Association interethnique pour le développement de la forêt péruvienne (AIDESEP), s'est interrogé sur la différence abyssale entre les 88 millions de S/. pour s'occuper des peuples indigènes et le budget de 60 milliards de S/. du programme Reactiva Pérou, destiné à soutenir le secteur des entreprises.

"Nous allons demander plus d'expansion, parce que pour la réactivation des entreprises, l'opportunité est donnée et les peuples indigènes vont être laissés pour compte", a déclaré le président de l'AIDESEP en dialogue avec Servindi.

Après 100 jours d'urgence, le gouvernement a autorisé, par le biais du décret d'urgence n° 071-2020, le transfert de ressources pour le plan d'intervention du ministère de la santé pour les communautés indigènes et les centres de population rurale de l'Amazonie en vue de l'urgence du COVID-19. 

Le plan a été approuvé avec un budget de 88.426.254 S/. Cependant, le décret d'urgence autorise le transfert de 74 millions 558.670 soles, afin d'exécuter à distance les actions du plan.

A cet égard, Cauper a exigé la transparence de l'information : "Nous avons eu une réunion avec l'équipe technique (...) pour vérifier ce qui se passe, aussi le MINSA doit nous informer clairement pourquoi le changement de 14 millions de S/$ qu'ils escomptent".

"S'il y a des budgets établis, qu'est-ce qui est préjudiciable ? Les médicaments, certains équipements ou l'embauche de certains personnels (...) nous examinons la stratégie de la façon de consulter le MEF ou peut-être le PCM", a-t-il ajouté. 

Des ressources insuffisantes 

"Pour l'instant, ils mettent S/88 millions non seulement pour les communautés, mais aussi pour les villages ruraux. Cela nous préoccupe aussi", a déclaré Lizardo Cauper. 

Selon le plan d'urgence COVID-19 en Amazonie indigène présenté le 7 avril au président Martín Vizcarra et aux autorités compétentes, les ressources récemment allouées sont manifestement insuffisantes.

"On sait que le ministère de la culture a obtenu 5 millions de plus, mais ce n'est pas suffisant. Les communautés sont éloignées, il y a des communautés frontalières qu'il faut atteindre (...) avec des médicaments, avec des mises en place".

"En Amazonie, il y a 2 000 communautés indigènes. Quelle proportion des 88 millions sera nécessaire pour traiter non seulement cette maladie [COVID-19], mais aussi le paludisme, la dengue et d'autres maladies que l'État péruvien n'a jamais traitées", a ajouté Cauper. 

C'est une population qui a toujours souffert de l'abandon des autorités et qui se trouve aujourd'hui en totale vulnérabilité, sans médicaments, sans médecins et sans nourriture, au détriment de la pandémie.

Le président de l'organisation nationale amazonienne a déclaré que le budget consacré à l'aide des 51 peuples indigènes de l'Amazonie devrait représenter au moins 1 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. "Avec ce montant, beaucoup de leurs demandes seraient satisfaites", a-t-il déclaré.

"Cela permettrait d'aborder les questions de santé, d'éducation, d'infrastructures, de sécurité juridique territoriale et de genre. Tout un plan d'action bien développé sur lequel a travaillé l'AIDESEP à travers plusieurs conférences", a déclaré le leader indigène.

Comités de surveillance, de suivi et de contrôle 

Les mesures prises par le gouvernement en faveur des peuples indigènes représentent l'effort et la lutte de l'AIDESEP, de ses organisations et fédérations régionales, a déclaré Lizardo. 

Pour ces luttes, il fait appel aux organisations de l'AIDESEP pour assurer le respect du budget alloué et la meilleure utilisation des ressources pour les communautés. 

"Nous nous organisons par le biais du Commando indigène COVID-19 pour contrôler les budgets qui parviendront aux Directions régionales de la santé (...) dans les districts et les provinces", a déclaré le président. 

Dans ce contexte, les organisations, les fédérations et les communautés indigènes elles-mêmes rendront compte de l'arrivée des budgets et des ressources comme prévu dans le plan, a-t-il ajouté.

Il a annoncé que les commandos communaux pour la surveillance et le contrôle des médicaments dans les communautés indigènes sont en cours de formation. Et il a prévu qu'ils demanderont le soutien du contrôleur de la République pour assurer le respect du plan national. 

"Avant, ils achetaient des matériaux qui n'étaient pas utiles (...). C'est pourquoi nous formons un comité de surveillance, de suivi et de contrôle afin que ces fonds arrivent oui ou non", a-t-il déclaré. 

Réactivation économique dans les communautés

Le président de l'AIDESEP a déclaré que dans les prochains jours, il sera demandé de rencontrer le président Vizcarra et ses ministres pour discuter de la relance économique des peuples indigènes.

Il traitera de l'entreprenariat dans les communautés à travers "l'artisanat, la gestion des lacs, l'agriculture, l'agroforesterie, etc. dans le cadre de l'économie indigène des peuples.  

Un dialogue aura lieu dans le cadre de la Commission multisectorielle, créée le jeudi 18 juin, pour assurer le suivi des actions visant à protéger les peuples indigènes dans le contexte de l'urgence sanitaire. 

traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 24 juin 2020

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Pérou, #Peuples originaires, #Santé, #Coronavirus, #AIDESEP

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