Les peuples indigènes de Colombie menacés d'extermination physique et culturelle

Publié le 26 Juin 2020

Servindi, 26 juin 2020 - Les peuples indigènes sont exposés à un risque physique et culturel lié à la pandémie de COVID-19 et à l'absence de réponse différenciée du gouvernement national qui ne promeut ni ne garantit la participation des indigènes.

Cette affirmation est étayée par un rapport présenté au rapporteur spécial des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, José Calí Tzay.

Le document a été préparé par l'Organisation nationale indigène de Colombie (ONIC), la Corporation communautaire des juristes d'Akubadaura et EarthRights International (ERI).

Le document rend visible la situation particulièrement vulnérable des populations indigènes à travers les frontières et dans les zones frontalières et des peuples indigènes dans un contexte urbain.

De même, il met en garde contre les risques d'extermination liés au conflit armé interne et qui s'accroissent dans le contexte de la pandémie.

Vulnérabilité préexistante

La situation préexistante de vulnérabilité à la pandémie augmente de manière disproportionnée les risques pour la vie et l'intégrité des peuples indigènes de Colombie.

Dans les conditions existantes, le taux de mortalité infantile de la population indigène est 2,79 fois plus élevé que celui de la population non indigène.

Dans les capitales comme Leticia, qui présente aujourd'hui la deuxième prévalence la plus élevée du pays (6,3), 26,9 % de la population a ses besoins fondamentaux non satisfaits, contre un pourcentage national de 14,13 %.

Manque de soutien du gouvernement


Le document rend compte des initiatives prises par les peuples indigènes dans le cadre de leur autonomie, de leur gouvernance et de leurs propres droits pour prévenir, contenir et répondre à la pandémie. À cet égard, il souligne que ces actions n'ont pas reçu le soutien du gouvernement national.

Il met également en évidence le travail fondamental de la garde indigène et les stratégies mises en œuvre basées sur le travail spirituel, la connaissance des plantes et du territoire et le renforcement de la médecine traditionnelle et des connaissances ancestrales.

En ce sens, la pandémie a été l'occasion d'un "retour aux sources", selon l'orientation des anciens.

Pas d'approche différentielle intégrale

L'une des lacunes des mesures adoptées par le gouvernement national dans le cadre de l'état d'urgence est l'absence d'une approche globale et différenciée.

Il y a même eu des mesures négatives au début de l'isolement préventif lorsqu'il était prévu de mettre en œuvre des scénarios de consultation préalable par voie virtuelle au moyen de la circulaire CIR-2020-29-DMI- 1000 du ministère de l'Intérieur.

La mesure a finalement été abrogée en raison de l'opposition des organisations indigènes et ethniques et du bureau du procureur général, bien que la nature inconstitutionnelle des consultations préalables virtuelles n'ait pas été reconnue.

Les actions en matière de soins de santé n'ont pas tenu compte des propositions faites par les peuples autochtones dans le cadre du système de santé indigène et interculturel (SISPI).

L'accès à l'éducation des enfants et des jeunes indigènes n'a pas été correctement garanti, puisque selon les données du recensement DANE 2018, seuls 6 % des ménages indigènes ont une couverture Internet.

En outre, l'aide humanitaire d'urgence annoncée par le gouvernement national pour les peuples indigènes a été fournie dans un pourcentage minime, presque trois mois après le début de l'isolement.

Un jugement de première instance du tribunal administratif de Cundinamarca a protégé les droits à la dignité humaine et aux conditions de vie minimales des communautés indigènes ciblées.

Le jugement ordonne la fourniture effective de l'aide humanitaire d'urgence pour un total de 468 896, ainsi que la livraison de 17 488 kits de biosécurité pour la garde indigène.

Le rapport au rapporteur des Nations unies fait également des recommandations pour atténuer l'impact grave et disproportionné de la pandémie en termes d'actions du gouvernement national, coordonnées et convenues avec les autorités et les organisations indigènes.

Enfin, elle exhorte le gouvernement national, dirigé par le président Ivan Duque, à tenir compte des recommandations formulées et à garantir les droits des peuples indigènes en tant que sujets bénéficiant d'une protection constitutionnelle spéciale.

traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 26/06/2020

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article