Brésil : Le peuple Sakurabiat
Publié le 1 Juin 2020
Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état du Rondônia, qui a été démographiquement réduit mais qui , en tant que peuple fort et guerrier mène une lutte quotidienne pour survivre et maintenir sa culture et ses coutumes. Ils ont gagné la bataille de la terre délimitée et approuvée depuis 1996 mais il y a encore des batailles à mener. Aujourd’hui ils revivent « les histoires des anciens » racontées par les personnes âgées en langue sakurabiat.
Autodésignation : sakirabiat, mot complexe qui veut dire littéralement « le groupe des singes capucins ». ils sont connus traditionnellement sous le nom de Mekens (mequens, mequen, moquen, michens, mequenes, meke), un nom qui était attribué autrefois à plusieurs groupes habitant la région du rio Mequens.
Population : 219 personnes (2014)
Langue : sakurabiat ou mekens, famille linguistique tupari, tronc tupí.
4 sous-groupes sont identifiés : sakurabiat, guaratira (koaratira), korategayat (guarategaja), siokweriat.
Il y a 3 dialectes identifiés : guaratira, siokweriat et sakurabiat qui englobent les dialectes sakurabiat et korategayat, les dialectes sont mutuellement intelligibles avec une différenciation dans le vocabulaire.
Les enfants n’apprennent pas de nos jours la langue et les jeunes adultes sont des locuteurs passifs de la langue.
23 locuteurs (dont des locuteurs âgés).
Localisation et terre indigène
- T.I Rio Mequens – 107.553 hectares, 95 personnes, réserve homologuée, état du Rondônia. Ville : Alto Alegre do Parecis. 2 peuples y vivent : Makurap (langue tupari), Sakurabiat (langue tupari).
Brésil - Peuple Sakurabiat - Historique du contact - coco Magnanville
image Les premières notes sur les contacts entre les non-indiens et les peuples indigènes qui occupaient la rive droite du rio Guaporé remontent au XVIIe siècle. Les documents portugais font ...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2020/05/bresil-peuple-sakurabiat-historique-du-contact.html
Vue partielle d'un village Vista parcial de uma das aldeias. Foto: Ana Vilacy Galucio, 2002.
Système productif
Leurs principales étaient autrefois le maïs, le manioc et les arachides, bien que le manioc avait une importance secondaire. Ils cultivaient aussi le roucou, le coton, les poivrons, les courges et le tabac et des haricots noirs.
Aujourd’hui le maïs joue un rôle central dans l’alimentation des Sakurabiat avec 4 variétés cultivées de maïs tendre : jaune, blanc, noir et rouge. Le maïs est utilisé pour fabriquer la boisson fermentée d’importance centrale dans la vie sociale du groupe. Le manioc est devenu aussi une base alimentaire (il est consommé par la famille, sert à préparer de la chicha, à fabriquer de la farine de puba).
Lors des fêtes on trouve de la chicha de maïs et de manioc et de la chicha de patate douce d’igname pourpre et de banane.
Dans les jardins familiaux, ils cultivent des papayes, des bananes, des patates douces, des ignames, du manioc, du maïs. Certaines familles cultivent du riz et du café mais à petite échelle.
L’abattage et le brûlis des parcelles de culture sont faites avec le travail collectif, ceux qui aident reçoivent de la chicha, du tabac à priser et de la nourriture du propriétaire de la parcelle. C’est aussi une occasion de fête, de danses et de réunion.
Les fruits de la forêt sont récoltés dont les plus appréciés sont les noix du Brésil, le piquiá, l’açai, le patauá.
patauá oenorcapus bataua Por Roniere, Domínio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19148203
Les femmes participent à l’ensemble du processus agricole du semis à la récolte. La préparation de la chicha est une activité presque essentiellement féminine même si parfois des hommes viennent les aider à broyer des grains dans le mortier.
La récolte des fruits sauvages est réalisée par les femmes et les enfants en dehors des fruits des palmiers açai et patauá qui sont récoltés par les hommes.
La chasse est le centre des activités quasi quotidiennes des hommes du groupe et le produit de la chasse est source des protéines de l’alimentation. De nos jours ils chassent avec des fusils de chasse mais ils maîtrisent toujours la technique de fabrication des flèches (avec un os à la pointe, ornées de plumes).
Le poisson est un mets apprécié par les Sakurabiat mais il ne fait pas partie de l’alimentation quotidienne car la pêche est difficile d’accès, la TI est éloignée des rivières et des ruisseaux où abondent des poissons.
Organisation sociale
Conceição Saquirabiar, TI Rio Mequens, tecendo marico. Foto: Ana Vilacy Galucio, 2002
Les maisons sont occupées par des familles nucléaires, le bâti de ces maisons ressemble à présent au modèle régional même s’ils utilisent des matériaux traditionnels comme les feuilles du palmier açai pour la toiture, ou des lattes en paxiubá pour les murs. La maison continent deux pièces, la cuisine se trouve dans un bâtiment séparé et sert pour préparer et servir les repas.
Les nouveaux mariés habitent dans la maison des parents de l’épouse et construisent plus tard une nouvelle maison.
Artisanat
Des colliers, bracelets en dents de singe et perles de rocaille sont fabriqués.
Certains aînés ont le septum nasal perforé et autrefois ils y glissaient le narigueira fait d’une plume ou de bambou.
Dans le passé ils utilisaient les peintures corporelles comme le genipapo pour les cérémonies. Ils ne le font plus de nos jours.
La panier marico est à présent l’artisanat le plus expressif, il est tissé en fibres de tucum et de plusieurs tailles. Il est utilisé par les hommes comme par les femmes ou les enfants. Le processus de fabrication est lent et complexe de l’extraction des fibres au tissage. C’est une activité presque exclusivement féminine.
Complexe culturel du marico
Selon les études de l'anthropologue Denise Maldi (1991), les sociétés indigènes Sakurabiat (appelées Koaratira et Sakirap, par Maldi), Ajuru, Makurap, Jxeoromitxi, Aruá, Arikapu et Tupari ont maintenu un échange inter-sociétal, parfois plus prononcé à partir du contact avec les non-Indiens, ce qui a produit des similitudes marquées dans leur culture matérielle, spirituelle et intellectuelle. Ces sociétés, situées sur la rive orientale du rio Guaporé et de ses affluents, plus précisément dans la région située entre les rios Branco et Colorado, outre leur proximité géographique, partageaient un complexe culturel aux caractéristiques bien définies, que Maldi a appelé le "complexe culturel du marico".
Plusieurs caractéristiques typiques de ce complexe culturel sont la fabrication des maricos (paniers), l'inhalation de poudre d'angico (rapé) dans les actes chamaniques, l'absence de culture de manioc "amer" et l'utilisation de la céréale manioc dans l'alimentation, la construction de maloca avec un pôle central, la consommation de chicha, surtout de maïs, dans l'alimentation normale et de la chicha fermentée lors des cérémonies, des aspects spécifiques de la structure narrative des mythes d'origine, impliquant toujours les deux frères démiurges et l'existence de groupes territoriaux définis et nommés, généralement avec des noms d'animaux et de plantes. Les deux premières caractéristiques - la fabrication des maricos et l'inhalation de la poudre angico dans les rites chamaniques - sont toutefois exclusives aux sociétés Ajuru, Aruá, Jxeoromitxi, Makurap et Sakurabiat.
Chez les Sakurabiat, l'art de fabriquer des maricos, appelés etu dans leur langue maternelle, se transmet encore de génération en génération, bien qu'à l'heure actuelle, peu de gens l'apprennent. Depuis la mort du dernier chaman de la tribu, au milieu des années 1990, les actes chamaniques n'ont pas été pratiqués, notamment l'inhalation de la poudre angico. Néanmoins, les Sakurabiat utilisent toujours, à une plus petite échelle, leur médecine traditionnelle, qui implique l'utilisation de plantes médicinales de la forêt, dont la connaissance est dominée par les anciens de la communauté.
extrait de l'article sur le peuple Sakurabiat du site pib.socioambiental.org
Mythologie
Les récits mythologiques enregistrés chez eux pendant être divisés en 4 types :
1. Mythes de créateurs et héros culturels explorant l’origine et la transformation du monde et des choses
2. Mythes des esprits surnaturels et mauvais (êtres fantastiques)
3. Mythes qui mènent à une conduite morale idéale
4. Mythes animaux se référant à une époque mythologique où les animaux avaient des caractéristiques humaines.
Il y a de nombreuses similitudes entre les mythes Sakurabiat et ceux du bassin du rio Guaporé en particulier ceux qui partagent le complexe culturel du marico (peuples Tupari et Makurap.
Par exemple avec l’histoire du tapir de l’époque où « le tapir était une personne » : c’était un merveilleux amant qui séduisait plusieurs femmes du groupe. Les hommes du village découvrant la trahison de leurs épouses tuent le tapir ce qui provoqua la colère des femmes. Elles fuient alors vers une terre lointaine habitée uniquement par elles-mêmes et deviennent des femmes guerrières et tireuses d’élite, en référence au mythe des Amazones.
L’origine de la mort est selon les mythes le résultat de l’entêtement, du mépris des normes sociales établies.
Dans le passé personne ne mourait ou plutôt, mourait mais revenait. Cependant l’entêtement d’une femme insistant pour pleurer la mort temporaire d’un homme provoqua la mort définitive. Maintenant il n’y a plus de retour en arrière possible. L’attitude d’une personne a des conséquences sur tout le monde.
Ce message est toujours présent dans les mythes, le sens social est toujours invoqué.
Les histoires pour le plaisir apprennent toujours une leçon de morale ou un enseignement. Ce sont de petits récits dans le style des fables, courts et drôles.
Source : pib.socioambiental.org