Brésil : Le peuple Pataxó Hã-Hã-Hãe

Publié le 2 Juin 2020

Por José Cruz/ABr - http://www.agenciabrasil.gov.br/media/imagens/2008/09/23/1823JC146.JPG/view, CC BY 3.0 br, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4919745

Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état de Bahía et dont l’ethnonyme sert à désigner aujourd’hui les groupes ethniques Baenã, Pataxó Hã Hã Hãe, Kamakã, Tupinambá, Kariri Sapuyá, Gueren habitants de la région méridionale de Bahía. L’histoire des contacts entre ces groupes et les populations non indigènes a été caractérisée par l’expropriation, les déplacements forcés, la transmission de maladies et les assassinats. Leurs terres qui étaient réservées par état en 1926 ont été envahies et transformées en fermes privées. A partir des années 1980 un processus lent et tortueux de reprise de possession de ces terres commence et l’issue en semble encore lointaine.

Population : 2801 personnes (2014)

Langue : portugais.

Les langues de ces peuples ne sont plus parlées à l’exception de mots lexicaux. Les langues pataxó et kamakã ont été parlées jusqu’en 1911 de façon encore forte mais les violents contacts de la société blanche avec les indiens par le biais du SPI leur a causé de terribles dommages dont la perte de leur langue.

Territoire et terres indigènes

  • T.I Caramuru/Paraguassu – 54.000 hectares, 2801 personnes, réservée. Villes ; Camacan, Itaju do Colônia, Pau Brasil.
  • T.I Fazenda Bahiana (Nova Vida) – 304 hectares, 84 personnes, réservée.

La T.I Caramaru/Paraguassu forme une bande s’étendant du rio Cachoiera à Colônia au nord, et jusqu’à Pardo au sud. La seule rivière qui traverse la TI est un ruisseau d’eaux saumâtres appelé de façon suggestive, Salgado. L’eau destinée à la consommation humaine provient du stockage d’eau de pluie et de manière sporadique de l’approvisionnement par camion-citerne ou fûts contre le paiement du transport.

Cosmologie et rituel

Image (en voir s'autres avec ce lien)

Douville a enregistré chez eux la présence de la couvade. Chez les Mongoió et les Pataxó, la femme après avoir accouché dans la forêt retournait au village et le mari se couchait immédiatement et suivait un régime strict sans viande de cerf, de tapir, de porc et de singe. La chair des oiseaux était la seule autorisée. Il pouvait consommer des ignames mais pas de bananes ni de maïs. La femme accouchée servait son mari et s’occupait de toutes les activités car lui ne pouvait pas bouger, restant allongé sur son lit. Pour eux, ils pensaient que l’enfant et la mère mourraient si l’homme n’observait pas à la règle ces restrictions et ces tabous (Douville apud Métraux 1930.266).

Le cauim

Les deux peuples utilisaient le cauim, une boisson fermentée à base de manioc ou de maïs. Les grains de maïs étaient mâchés et crachés dans le pot auquel ils ajoutaient de l’eau chaude et la fermentation commençait. Les danseurs hommes se préparaient se peignant le corps de rayures noires, les femmes se peignaient avec des motifs de cercles formés de demi lunes concentriques et des lignes sur le visage. Certains ornaient leur tête de coiffure en plumes peintes au niveau de l’oreille.

Ils utilisaient des instruments de musique dont la maraca, kechiech, composée d’une calebasse creuse avec un manche en bois et contenant de petites pierres.

Ces descriptions représentent une partie du rituel actuel présent parmi de nombreux peuples autochtones du nord-est et de l’est du Brésil appelé Toré.

Course de bûches

Une course de bûches avait lieu à la nuit tombée quand de jeunes indiens pour montrer leur force couraient dans la forêt, coupaient de grosses bûches rondes très lourdes et les portaient sur leurs épaules en courant jusqu’au village pendant que les autres cherchaient à leur arracher le fardeau.

La maladie, la mort

Chez les Kamakã la maladie était combattue par des pratiques chamaniques avec la fumée du tabac. Les morts étaient pleurés pendant plusieurs jours, hommes et femmes se penchant sur le corps en poussant des cris avec des intervalles de repos.

Le soleil et la lune

Le soleil pour les Kamakã est un génie maléfique qui se nourrit des hommes. C’est lui qui introduit la mort dans le monde.

La lune au contraire est considérés comme une divinité bienfaisante, c’est elle qui indique aux Kamakã la meilleure période pour planter, à la nouvelle lune lorsqu’elle apparaît à l’ouest du coucher de soleil. Elle les informe des pluies et des tempêtes, elle les guide dans les célébrations des fêtes.

Les Pataxó eux, craignent le tonnerre qui est considéré comme un mauvais esprit qui revient prendre n’importe qui.

Le rituel du Toré et la religiosité aujourd’hui

 

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Il est important de noter que malgré le fait d’avoir été touchés par de violents contacts avec la société blanche, les concepts cosmologiques et la mythologie et les rituels sont toujours vivants et peuvent être déclenchés dans certaines circonstances surtout par les personnes âgées.

Le Toré est dans la sphère publique d’aujourd’hui l’expression rituelle la plus pertinente. C’est un rituel de possession à travers lequel les enchantés (encantados) des entités surnaturelles considérées comme bénéfiques se manifestent et qui est en général effectué pour introduire toute activité considérée comme socialement significative. Il est pratiqué aussi bien par les hommes que par les femmes qui consomment du tabac avec des pipes et du jurema (mimosa nigra), un petit arbuste typique de l’arrière pays du nord-est du Brésil à partir duquel les peuples de cette région ethnographique préparent une boisson avec des propriétés légèrement hallucinogènes, consommée pendant le rituel du Toré.

Activités productives

La majeure partie de la zone est couverte de capoieras (végétations secondaires composées de graminées et petits arbustes) et une partie sert de pâturage, cette zone est également limitée à la mécanisation et souffre d’un manque d’eau en période de sécheresse. L’anthropisation a entraîné l’émergence de nombreux arbres fruitiers, manguiers, jacquiers, goyaviers, acérola, cocotiers, cajazeira, bananiers qui sont dispersés dans toute la zone et assurent une source important de complément alimentaire.

L’agriculture est l’activité de subsistance et une partie est destinée à la vente sur les marchés. Cette activité est suivie par celle de l’élevage bovin et de la cacaoculture commerciale.

Les grands jardins sont partagés par les producteurs de la même famille élargie. Le bétail est élevé dans les pâturages communautaires et pour certains groupes c’est la source économique la plus pertinente sous forme de production laitière vendue dans les laiteries de la région et d’engrais qui est le seul intrant utilisé.

La culture du cacao est récemment implantée dans le territoire indigène. Les régions produisant du cacao ont une grande valeur économique et elles sont beaucoup plus convoitées.

La pêche se déroule dans des eaux endiguées et complète l’agriculture de céréales et de légumes.

La chasse est une activité naissante qui est pratiquée avec les fusils de chasse et l’aide des chiens. Les espèces les plus appréciées sont l’oppossum, le paca, le tatou, les tortues, les colombes, le tyran quiquivi.

Organisation sociale

 

Foto: Hermano Penna, 1980.

La composition généalogique des différents groupes indigènes ethniquement définie qui composent le groupe englobé par l’ethnonyme Pataxó Hã Hã Hãe est un moyen d’accéder à la compréhension de réseaux de parenté qui permettent d’articuler dans la réserve les différents sous-groupes. Chaque groupe ethnique semble avoir ses règles implicites de comportement à proprement dites, son modèle de résidence, ses règles de descendance, sa composition du groupe domestique, ses règles du mariage.

Il existe de nos jours  la présence de mariages entre les différentes ethnies et aussi avec des non-indigènes.

Source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Pataxó Hã Hã Hãe

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