Brésil : Le peuple Nawa
Publié le 18 Juin 2020
Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état d’Acre et qui revendique une identité officiellement reconnue de leur terre dont le processus a été initié par la Funai.
La population Nawa résidant sur la terre indigène revendiquée a été formée en 2005 par environ 306 personnes. A cette époque une enquête partielle sur la population nawa résidant dans la ville de Mâncio Lima a également été réalisée avec 117 personnes enregistrées. Le nombre de résidents pourrait être plus élevé.
Population : 519 personnes (2014)
Langue
Nawa de la famille des langues pano.
En effet le terme nawa(également orthographié dans plusieurs sources comme naua, náua, nahua) appartient à la bibliographie sur l’histoire de la région comme provenant de la langue pano et peut se traduire par « personnes », « autres ». ce nom est utilisé bien souvent par des peuples pano pour se référer à l’altérité, pour se distinguer d’autres peuples indigènes et il est utilisé comme suffixe pour les dénominations attribuées à des groupes ethniques comme les Kaxinawa, les Yaminahua, les Shawânawa.
Parmi les nawa autoproclamés, plusieurs personnes maîtrisent un vocabulaire pano considérable mais ne parlent pas couramment la langue maternelle. Comme ils ont été historiquement ridiculisés et discriminés quand ils utilisaient leur langue indigène, certains ont commencé à ne plus la transmettre à leurs enfants générant une génération ne parlant plus la langue pano mais le portugais. Plus récemment ils reprennent tout le vocabulaire familier entre eux et incorporent d’autres termes pano par contact interethnique.
Localisation et terre indigène
- T.I Nawa – 519 personnes, état d’Acre, ville : Mâncio Lima. En cours d’identification.
La T.I Nawa fait partie d’une mosaïque de 25 terres fédérales de l’Alto Jjuruá, un parc national, trois réserves extractives et 21 Terres Indigènes (T.I) selon les données de 2005.
Les premières références historiographiques des indigènes Nawa de l’état d’Alto Juruá proviennent de Castelnau qui a enregistré sur une base d’information provenant des « collecteurs de drogues » la présence de « nawas, catuquinas et tuchinawas » sur le rio Tarauacá (Castelo Branco 1950 ;07).
Tout au long du 19e siècle les contacts avec les Nawas sont sous le signe de l’hostilité.
Pendant cent ans le peuple a été considéré comme disparu avec l’arrivée des exploitants du caoutchouc dans la région d’Acre, les indigènes ont été chassés et contraints de travailler à l’extraction du caoutchouc. Ce contact a provoqué la rupture initiale du peuple par rapport à son identité, il a été obligé de quitter le mode de vie traditionnel dans les malocas, il a abandonné sa langue également par crainte d’être ridiculisé.
Quand ils ont été menacés de perdre leurs terres et d’être transférés dans une colonie de l’INCRA en raison de la création du parc nationale de la Serra do Divisor en 1989, une situation politique nationale favorable a permis de mettre en avant leur sentiment d’indianité révélé.
Mode de vie
Les contacts avec la société environnante ont modifié l’ancien standard de résidence du groupe qui, autrefois vivait dans de grandes malocas abritant des familles élargies. Les références aux anciennes malocas sont constantes dans les récits nawa.
Ils ont ensuite adopté les maisons individuelles occupées par des familles nucléaires. Les résidences qui composent certains villages sont réparties le long de la rive droite du rio Moa et de plusieurs ruisseaux. Les maisons sont construites avec les ressources de la forêt, bois, fibres. Certains maisons ont des murs et un sol en paxiuba et le toit recouvert de paille, d’autres ont un toit en aluminium.
Foto: Tarisson Nawa/Arquivo pessoal
Activités de subsistance
La chasse
Dès que l’enfant à l’âge de porter un fusil il est introduit dans le vaste univers de l’information que comporte la chasse. Il apprend à connaître le relief, l’hydrographie, la végétation, les habitudes des animaux, à identifier les pistes.
La période hivernale est la plus propice pour la chasse, et plusieurs fois par semaines les hommes vont chasser. Parfois ils établissent des camps de chasse pour plusieurs jours. En été ils pratiquent le piégeage.
La pêche est pratiquée toute l’année et les poissons les plus appréciés sont le poisson-chat, arourana, matrinchã, caruaçu, curimatã, jaú, piau, piranha-roxa. La pêche peut-être individuelle ou collective, elle implique les hommes, les femmes et les enfants.
L’élevage
Les Nawa élèvent des animaux domestiques pour la compagnie : des aras, des perroquets, des perruches, des singes capucins, des tapirs, pécaris et d’autres animaux sont élevés pour être consommés (uniquement lors des fêtes), canards, porcs, poulets ou être vendus (surtout les porcs).
La cueillette est une importante source de compléments alimentaires ainsi que de matériau de construction pour les maisons et les objets du quotidien, c’est aussi une source de médicaments, d’huiles végétales. Les connaissances se transmettent de génération en génération.
Certaines ressources sont utilisées pour l’ornementation du corps et l’artisanat, comme les graines de roucou (peinture corporelle, colorant alimentaire), le genipapo ( genipa americana, colorant) la liane titica (vannerie, ornements peints au roucou et au genipapo), la poudre de coquille de caripé pour les céramiques en tant que liant de l’argile.
genipapo
Les produits consommés : bacaba (oenocarpus bacaba) , anacardium occidentale, ingá (genre de fabacées), jarira, kutinake, muratinga, pãmã, jabuti (tortue), piquiá (caryocar glabrum), pupunha (bactris gasipaes), ramuchucú, uchí.
piquia
Pour la construction : jatobá (hymenaea courbaril), maçaranduba (genre manikara), paxiúba (iriartea exorrhiza), cumaru (dipteryx odorata), itaúba (mezilaurus itauba), guariúba (clarisia racemosa), andiroba (carapa guianensis), angelim (dinizia excelsa), cajuí, cedrinho, cupuiba.
angelim Par Gorgens — Travail personnel, CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=82591018
Agriculture
C’est le type d’agriculture coivara, ou agriculture itinérante utilisant l’abattage des arbres et le brûlis qu’ils utilisent pour cultiver une grande variété de ressources alimentaires ; avocats, bananes, ananas, igname, acérola, riz, patates douces, noix de cajou, canne à sucre, coco de Bahia, goyave, corossol, ingá, jacquier, orange, citron, manioc, papaye, mangue, pastèque, maïs, poivre, pupunha (bactris gasipaes), tabac. La culture se fait par le système de rotation afin de ne pas épuiser les sols et leur permettre de se régénérer.
Le manioc sert à la préparation de caiçuma qui peut être fabriqué également à base de maïs. C’est une boisson fermentée à faible teneur en alcool ou non fermenté, sans alcool. La farine de manioc est utilisée dans la consommation familiale et les excédents sont vendus.
Les principaux produits commerciaux sont la farine de manioc, le riz, les haricots et le maïs.
Les plantes médicinales cultivées : andiroba (carapa guianensis), capim santo (citronnelle), copaiba (Copaifera officinalis), mastruz (Dysphania ambrosioides).
andiroba
Ils savent soigner les plaies, la toux, les maux de ventre, les hémorroïdes, les crampes, la fièvre, les maux d’estomac entre autres.
Artisanat
Ils fabriquent surtout des objets courants comme des râpes, des balais, des paniers, des pots en argile.
Les objets commercialisés, bracelets, colliers sont composés de différents éléments dont des graines et sont ornés.
Aspects cosmologiques
Leurs croyances mettent en avant l’observation de tabous (alimentaires ou autres) et son axés sur la manière de se conduire avec la forêt, les plantes, les animaux.
Acutuellement ils dansent le Mariri (comme plusieurs peuples pano) et chantent des chansons indigènes dont certaines sont composées par eux et d’autres apprises avec des personnes âgées. Ils chantent une dizaine de chansons dans leur rituel appelé Shãnãdãiã (chant, danse en cercle ou en ligne, costumes, ornements indigènes, peinture corporelle, consommation de caiçuma). Ce rituel est extrêmement important car il renforce les liens sociaux, culturels et l’identité Nawa, il est d’ailleurs à présent enseigné à l’école indigène.
Pratiques chamaniques
Le chaman est dénommé Langa, il utilise les rituels de guérison avec des plantes issues de la forêt et la fumée d’une cigarette en citant des prières en langue indigène.
Les tabous concernant la chasse sont liés aux croyances, par exemple, pour empêcher le chasseur de paniquer et d’être incapable de chasser, il convient que les femmes ne prennent pas d(armes à feu ni ne balayent la maison au moment où le chasseur est en activité.
Les tabous alimentaires concernent surtout les femmes par exemple si une femme enceinte mange le poisson appelé mandim, elle peut saigner.
Les chairs des animaux interdits aux femmes enceintes sont entre autres les tortues terrestres et le paca.
L’observation des animaux et des oiseaux peut leur permette d’indiquer la pluie, par exemple si l’oiseau appelé uru chante c’est qu’il va pleuvoir mais s’il pleut quand il chante c’est le signe qu’il fera beau le lendemain.
De même quand la fleur ingazeira fleurit hors saison, c’est parce que ¾ jours plus tard il y aura de fortes pluies.
Les lieux considérés comme sacrés sont les barreiros situés dans les eaux amont des ruisseaux Novo Recreio et Jesumira.
Les cimetières et les anciennes malocas sont sacrés également.
Les malocas sont de véritables sites archéologiques qui nécessitent une étude spécialisés.
La sacralité associée aux ancêtres fait des lieux où ils vivaient des lieux extrêmement respectés du peuple car les esprits des anciens y sont.
Les chasseurs mentionnent leur rencontre avec des êtres surnaturels dans cette région-là.
L’existence des anciennes malocas dans la T.I en particulier vers les eaux amont des ruisseaux Novo Recreio, Boca Tapada et Jesumira est connue par tous les Nawa et essentielle pour le maintien de la mémoire du groupe sur le mode de vie de leurs ancêtres.
Source : pib.socioambiental.org