Brésil : Le peuple Kuntanawa
Publié le 17 Juin 2020
Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état d’Acre, peuple qui aurait été exterminé lors des persécutions armées dirigées contre les peuples indigènes et dénommées correrias, qui ont accompagné l’ouverture et l’installation des plantations d’hévéas dans tout l’état d’Acre à la fin du XXe siècle. Les derniers descendants de ce groupe sont membres d’une famille élargie connue jusqu’à présent sur le rio Juruá supérieur comme les «Caboclos de Milton » en référence au nom de leur patriarche Milton Gomes do Conceição. La reprise de leur origine indigène se traduit maintenant par un profond sentiment d’indianité soutenu par l’ascendance indigène et l’histoire particulière de ce groupe, par la lutte récente pour la création et le maintien de la réserve extractive du Haut Juruá, par les relations de contact avec les peuples indigènes voisins, par la reprise des rituels avec la boisson ancestrale ayahuasca.
Le nom
Initialement l’ethnonyme était orthographié kontanawa = peuple de la noix de coco. Dans les références bibliographiques, le nom kontanawa ou contanawa est le plus cité (Tastevin, 1925 et 1926, Macedo, 1988, Aquino et Iglesias, 1994). Récemment le groupe a commencé a prononcer et épeler son nom en Kuntanawa.
Population : 164 personnes (2014)
Langue : kuntanawa de la famille pano, ils ne parlent plus leur langue maternelle mais le portugais.
Des efforts de reconstruction de la langue sont menés au moyen de fragments encore vivants dans la mémoire de la matriarche du groupe Dona Mariana, des contacst avec d’autres peuples parlant des langues pano (comme les Kaxinawa ou les Yawanawa) et l’orthographe qu’ils utilisent notamment dans les chansons de l’ayahuasca.
Localisation
Ils vivent sur les rives du rio Tejo supérieur dans la réserve extractive de l’Alto Jjuruá (Resex située à l’extrême ouest de l’état d’Acre, dans la municipalité de Marechal Thaumaturgo.
Le principal village est Sete Estrelas.
Brésil - Peuple Kuntanawa - Histoire - coco Magnanville
Dona Mariana et seu Milton, photographiés en juillet 1998, descendant le fleuve Juruá en direction de Cruzeiro do Sul. Photo : Mariana Ciavatta Pantoja Caboclos et cariús Le mythe fondateur des ...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2020/06/bresil-peuple-kuntanawa-histoire-du-contact.html
Traditions revitalisées
Le groupe est en reconstruction dans tous les aspects culturels : la langue, la peinture, les rituels, l’appartenance. Il y a eu des initiatives pour visiter et séjourner dans les terres indigènes voisines pour reconstituer la langue du peuple à travers les langues similaires (contact avec les peuples pano voisins), récupérer des signes extérieurs comme les peintures corporelles grâce aux expériences avec l’ayahuasca et à la fouille constante dans les récits de dona Regina toujours vivants dans la mémoire de sa fille dona Mariana. Des noms indigènes sont en cours d’adoption, des travaux manuels sont réalisés à partir de ceux de dona Mariana et de ceux présents dans les T.I voisines.
Une migration majeure est prévue pour rassembler tous les descendants de seu Milton et dona Marina dans la zone qu’ils revendiquent en occupant les villages qui commencent à se restructurer.
En 2008, les Kuntanawa ont reçu le prix des cultures indigènes de l’éditeur Xicão Xukuru pour le projet « Revitalisation et sauvetage de la culture du peuple Kontanawa » à réaliser en 2009.
Utilisation rituelle de l’ayahuasca
Osmildo Kuntanawa, cacique du groupe, faisant macérer la liane cipo (Banisteriopis caapi) pour la préparation de l'ayahuasca. Photo : Mariana Pantoja, village de Siete Estrelas, 2007
Depuis les années 1960, les exploitants du caoutchouc du haut Tejo connaissent l’ayahuasca par le biais des groupes indigènes voisins mais à la fin des années 1990 seu Milto et ses fils ont découvert la boisson ancestrale dont feu dona Regina (mère et grand-mère) parlait dans ses récits sur sa culture indigène. En suivant la mémoire de dona Regina ce rituel a pris de nouvelles significations dans le cadre de la renaissance ethnique des Caboclos de Milton. Ce rituel prend un sens émotionnel renforcé et positif dans le projet de réappropriation des savoirs. Cette référence de l’ascendance indigène devient plus présente et le passé est alors valorisé.
Seu Milton et ses enfants participent en 1989 au voyage que le chanteur Milton Nascimento effectue sur la T.I Kamba sur le rio Amônea à côté de la zone de la future réserve. En 1991, ils intègrent des équipes pour enquêter et enregistrer la population de la réserve ainsi que des terres voisins Kaxinawa du rio Jordão et du rio Breu. Ils ont des contacts avec des chamans renommés de la région et participent à plusieurs séances d’ayahuasca. Après ces voyages, deux fils de Milton commencent à effectuer les rituels.
C’est sous le commandement de l’ayahuasca, le soutien des chamans Asháninka que le chamanisme kuntanawa émerge. Les jeunes Kuntanawa, petits-enfants de Milton apprennent le l’ayahuasca et des conseils des plus expérimentés pour écouter la nature dans les rituels ouverts et silencieux.
L’ayahuasca ne peut être ignoré comme un puissant mécanismes de subjectivation tout au long de l’émergence ethnique des Kuntanawa.
Lors des réunions de famille, les Kuntanawa ont saisi l'occasion de construire un consensus interne autour de leurs revendications ethniques et territoriales. Photo : Haru Kuntanawa, village Siete Estrelas, 2008
Source : pib.socioambiental.org