Les Afro Colombiens
Publié le 2 Juin 2021
Par Nicolás Díez Cruz — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=65430427
La population afro-colombienne est composée des descendants des Africains amenés en Amérique comme esclaves à la fin du XVe siècle, au début de la période de conquête et de colonisation de l'Amérique par l'empire espagnol. A grande échelle, l'arrivée des esclaves africains a commencé à la fin du XVIe siècle et s'est poursuivie avec des fluctuations importantes jusqu'au début du XIXe siècle.
Sur le territoire colombien actuel, la ville de Carthagène des Indes, sur la côte caraïbe, était le principal port d'entrée des esclaves africains ; de là, ils étaient répartis dans les différentes régions de la vice-royauté de la Nouvelle Grenade et au-delà de ses frontières. En tant que main-d'œuvre dans les zones d'exploitation minière et d'élevage principalement, la population esclave était concentrée dans les régions où ce type d'activités économiques s'est développé, pour lesquelles il a été possible d'identifier des sites historiques d'implantation, où des structures familiales et culturelles de la population afro-colombienne se sont construites. La servitude aux familles était une autre activité caractéristique de la population esclave à l'époque coloniale, qui se développait principalement dans les villes et les savanes des Caraïbes colombiennes et dans certaines zones de l'intérieur.
- Toute la côte Pacifique, y compris la région Urabá du Chocó et Antioquia.
- La vallée du rio Cauca, jusqu'aux populations qui sont au nord de l'actuel département du Cauca.
- La zone basse et moyenne baignée par le rio Magdalena, ainsi que la partie basse du rio Cauca.
- La côte caraïbe, y compris ses plaines, savanes et marais, ainsi que la zone urbaine de Carthagène, Santa Marta et Mompós.
Population afrodescendante en Colombie par municipalité en 2005 De Milenioscuro - Trabajo propioOCHA Colombia - Censo DANE 2005, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=44070296
Population afrodescendante de Colombie par municipalité en 2005. 72,7% - 100% 45% - 72,6% 20,4% - 44,9% 5,8% - 20,3% 0% - 5,7% aucunes données
Les Afro-colombiens aujourd'hui
image
Dans cet article, il sera question des afro-colombiens, qui sont classés en Colombie comme Noirs, Mulâtres, Afro-Colombiens ou Afrodescendants. Le peuple Raizal a son propre article et les Palenqueros auront également le leur.
Les noms qui leur sont donnés : noir, brun, mulâtre, niche, afro, afro descendant.
Population : 4.671.160 personnes (2018)
Soit 9.34% de la population
Pourtant, une étude anthropologique de 2005 de Lizcano Fernández dit que la population afro descendante de Colombie équivaudrait à 24.6% de la population du pays répartis en 21.1% de mulâtres et Garifunas et 3.9% de noirs.
Les municipalités colombiennes avec la plus forte proportion de population enregistrée noire, mulâtre et afro descendante, dans le recensement de 2005
Santander de Quilichao (Cauca) | 97.26% |
María la Baja (Bolívar) | 97.1% |
La Tola (Nariño) | 96.66% |
Villa Rica (Cauca) | 95.95% |
Luruaco (Atlántico) | 94.36% |
Dans les années 70, il y a eu un afflux important d’afro descendants dans les zones urbaines à la recherche de plus grandes opportunités économiques et sociales pour leurs enfants. Cela a augmenté le pourcentage de citadins pauvres dans les zones marginales des grandes villes comme Cali, Medellin et Bogotá.
La majorité des Afro colombiens vivent dans les zones urbaines.
La constitution colombienne leur a accordé le droit à la propriété collective avec la loi 70 de 1993 des terres côtières traditionnelles du Pacifique et de protections spéciales pour le développement culturel. Cet instrument juridique pourtant n’a pas été suffisant pour répondre à leurs besoins sociaux et de développement.
La majorité de la population afro descendante se concentre sur la côte nord-ouest des Caraïbes et la côte Pacifique dans les départements du Chocó entre autre dont la capitale Quibdó concentre 95.3% d’Afro colombiens contre 2.3% de métis ou blancs. D’autres villes qui ont une nombreuse présence d’Afro colombiens sont Cali, Carthagène, Barranquilla.
La Colombie est considérée comme la 4e plus grande population d’afro descendants de l’hémisphère occidental après Haïti, le Brésil et les Etats-Unis.
Les Afro colombiens sont souvent confrontés à un degré important de discrimination raciale et de préjugés, vestiges de l’époque coloniale. Ils sont toujours absents des postes gouvernementaux de haut niveau. Les colonies établies depuis longtemps sur la côte Pacifique sont souvent sous-développées. Dans le conflit interne en Colombie, les Afro colombiens sont victimes de violence, de déplacements, de recrutement au sein des forces armées (FARC , AUC)
Source wikipedia
Principaux problèmes actuels
- Racisme et discrimination raciale
- Faible participation et représentation des afrodescendants dans les espaces politiques et institutionnels de décision
- Faible capacité institutionnelle des processus organisationnels de la population afrocolombienne, palenquera et raizal
- Plus de difficultés pour l’accès, la permanence et la qualité du cyclé éducatif, ce qui limite l’accès à des emplois de qualité, et des options d’entreprise, réduisant les opportunités de surmonter la pauvreté
- Inégalité dans l’accès au marché du travail et corrélation avec des travaux de faible spécialisation et rémunération
- Rare reconnaissance et valorisation sociale de la diversité ethnique et culturelle comme un des facteurs qui définissent l’identité nationale
- Déficiences en matière de sécurité juridique, des droits de propriété sur leurs territoires collectifs
- Insuffisance dans l’incorporation et la mise en œuvre d’initiatives et de propositions qui viennent de la population afrocolombienne, palenquera et raizal
- Faible disponibilité d’informations sur la population afri qui permettrait d’élargir la qualification et le ciblage des bénéficiaires et d’alimenter une politique publique adaptée aux particularités ethniques et territoriales
Mural illustrant les déplacements forcés des afrocolombiens par l'action des groupes armés (source)
La lutte des communautés afro-colombiennes : entretien avec Luis Armando Ortiz - coco Magnanville
04 Jan 2018 RAFFAELE MORGANTINI / RICARDO VAZ. L'histoire des communautés afro-colombiennes est une histoire de persécutions, de déplacements forcés, de violations des droits de l'homme et de l...
Journée des afro colombiens
L'abolition permanente de l'esclavage en Colombie a eu lieu sous la présidence de José Hilario López. Le 21 mai en Colombie est célébré la journée nationale des afro colombiens, déclarée par le Congrès de la République comme une date pour rendre hommage à la population afro-colombienne, à ses contributions et à la revendication de ses droits à la date exacte de l'abolition de l'esclavage en Colombie en 1851.
Cette date commémore également la Journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement, proclamée par l'UNESCO en 2001.
La question de l'ethnicité
La discussion sur l'ethnicité est essentielle à la quantification et à la caractérisation adéquates de la population appartenant à des groupes ethniques. Il constitue un outil méthodologique à la disposition du recensement, un incident d'inclusion sociale basé sur la visibilité de populations culturellement différenciées. Les objectifs de l'inclusion de la question de l'ethnicité dans le questionnaire sont (DANE, 2004) :
- Fournir des informations sur le volume et les caractéristiques socio économiques et démographiques de la population des groupes ethniques colombiens.
- Comprendre la dynamique sociale et culturelle particulière de la population multiethnique du pays.
- Établir un cadre général pour des études spécialisées sur la population appartenant à des groupes ethniques.
- Rendre visibles les différences de la population des groupes ethniques, afin qu'elle soit favorable à la reconnaissance sociale de leurs spécificités culturelles et à la construction de leur identité ethnique.
Il ne faut pas oublier que ce n'est qu'au recensement de 1993 qu'une question universelle d'ethnicité a été conçue et appliquée. Le résultat a montré les insuffisances de cet exercice dans le recrutement de la population afro-colombienne. la suite du recensement de 1993, dans le but d'améliorer les méthodes de recrutement des populations ethniques, le DANE a participé à des forums de dialogue et d'échange d'expériences sur le recrutement des populations ethniques dans les statistiques nationales, avec la participation de représentants des groupes ethniques (dont des représentants afro-colombiens), des universitaires et des experts en la matière, ainsi que des fonctionnaires des instituts statistiques latino-américains. Dans le même ordre d'idées, il a participé à des réunions au niveau national avec des représentants des groupes ethniques colombiens.
Ces réunions ont été le cadre de consultations avec les représentants des groupes ethniques, non seulement sur la question de l'appartenance ethnique, mais aussi sur d'autres aspects du développement opérationnel du recensement. Les suggestions recueillies ont été mises en œuvre dans le cadre de divers essais sur le terrain, au moyen d'enquêtes spécialisées et de recensements expérimentaux.
Pour la population afro-colombienne, lors du recensement de 2005, les dimensions culturelles ou ethniques et phénotypiques ont été intégrées dans une seule question de manière neutre dans la formulation, de sorte qu'une dimension n'a pas été sacrifiée au profit de l'autre, et statistiquement incluse dans un seul module universel du questionnaire. C'était important pour la population noire qui, en raison de ses caractéristiques sociologiques, se reconnaît selon les deux critères utilisés. La question de l'appartenance ethnique, telle qu'elle est finalement incluse, est présentée au tableau 15.
Les critères méthodologiques utilisés pour déterminer l'appartenance ethnique (Bodnar, 2000) de la population afro-colombienne incluse dans la question du recensement de 2005 sont :
- Critère territorial : les personnes vivant dans des territoires ayant des limites géographiques reconnues sont considérées comme appartenant à un groupe ethnique. Dans le cas des Afro-Colombiens, il s'agit des conseils communautaires des communautés noires établies dans la région du Pacifique.
- Critère racial : se réfère à la couleur de la peau et à d'autres caractéristiques phénotypiques comme indicateurs de l'ethnicité. Les options noir et mulâtre sont les catégories phénotypiques incluses dans la question.
- Critère d'identité : fondé sur l'auto-identification ou l'auto-reconnaissance, en tant que trait d'identité, en référence au sentiment d'appartenance de l'individu à un groupe social différencié. Les catégories afro-colombienne et d'ascendance africaine sont le produit de l'expression de l'identité ethnique qui se réfère à l'origine commune, en tant que descendants d'Africains, de Noirs ou de mulâtres.
- Critère linguistique : désigne la classification de la population comme appartenant à un groupe ethnique par le fait de parler la langue ancestrale. Dans le cas de la population afro-colombienne du Palenque de San Basilio (département de Bolivar) et de la population raizal de l'archipel de San Andrés et Providencia, leurs propres langues ont été constituées, qui sont actuellement d'usage courant. source
ci-dessous une autre source sur ce blog :
Les afrocolombiens et le recensement - coco Magnanville
De Alejandra Quintero Sinisterra - foto para presidencia, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3287591 La population afro-colombienne est composée des descendants des Africains
http://cocomagnanville.over-blog.com/2019/05/les-afrocolombiens.html
Colombie L’ethno-éducation comme élément fondamental des communautés afro-colombiennes
Fabio Alberto García Araque
http://www.scielo.org.mx/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S2007-21712017000100005
RÉSUMÉ :
Malgré le fait que la loi colombienne intègre différentes dispositions relatives à l'ethno-éducation, dans la réalité les enseignants ne disposent pas de soutien ou de directives concrètes dans les grilles curriculaires ou dans les projets éducatifs institutionnels. Il est donc urgent d'esquisser une politique éducative qui conduise à la réalisation des conditions et des possibilités de l'ethno-éducation, et dans laquelle l'histoire de l'afro-colombianisme soit reconnue.
L'ethno-éducation afro-colombienne implique le développement d'une politique publique et éducative de deux manières : d'une part, le développement du service éducatif dans les communautés afrodescendantes avec qualité, pertinence et leadership, et d'autre part, l'enseignement de l'identité afro-colombienne par le biais d'études afro-colombiennes dans le système scolaire, afin de parvenir à un véritable développement éducatif dans les communautés et pour le peuple afro-colombien, de sorte que l'éducation soit un moteur de transformation et de changement, pour l'élimination de la carimba et pour l'ascension sociale des communautés et du peuple afro-colombien.
si la version traduite en français de ce document vous intéresse, merci de me contacter
Les danses afrocolombiennes - coco Magnanville
Enfants jouant de la musique dans le Pacifique sud De Policía Nacional de Colombia - Esta imagen proviene de la galería Flickr de la Policía Nacional de Colombia., CC BY-SA 2.0 ...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2021/05/les-danses-afrocolombiennes.html
Colombie : Dictionnaire afrocolombien du Pacifique - coco Magnanville
Vous connaissez des gens de la côte Pacifique du Cauca, mais vous ne les comprenez pas, car ils utilisent des expressions très particulières, jamais entendues dans d'autres parties de la planèt...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2021/05/colombie-dictionnaire-afrocolombien-du-pacifique.html
L'esclavage en Nouvelle-Grenade (et Colombie)
En Colombie, l’esclavage a lieu du début du XVIe siècle jusqu’à son abolition en 1851. Le processus d’esclavage impliquait le trafic de personnes indigènes puis d’origine africaine, d’abord par les colons européens d’Espagne et ensuite par des élites commerciales de la première république.
L’esclavage des africains
Le commerce ibérique des esclaves africains a commencé avec les portugais qui transportaient des prisonniers aux îles de Madère et des Açores. Avec le traité d’Alcaçovas en 1479, la Castille reconnaît la primauté portugaise dans la traite des esclaves africains, ce qui en ferait les principaux pourvoyeurs de main d’œuvre esclave pour les siècles à venir.
Avec la colonisation du Nouveau-Monde ce processus atteint une nouvelle dimension car la population indigène soumise était insuffisante pour l’exploitation des ressources naturelles et leur nombre se réduisait de jour en jour à cause de la propagation de maladies, de la mort due aux abus des européens.
Le trafic massif d’esclaves africains vers les provinces qui deviendront la Nouvelle-Grenade ne commencera qu’après la décimation de population indigène à partir de la seconde moitié du XVIe siècle. Ce commerce se fera par le biais de « licences », sortes de contrats avec l’état dans lesquels la couronne autorisait la traite des esclaves aux colonies en échange d’une contribution fiscale.
La traite des esclaves est moralement justifiée par l’idée que l’esclave reçoit une œuvre évangélisatrice « inestimable » de la part de son maître et que le principe chrétien d’égalité se référant à l’égalité dans l’au-delà et à la supériorité de l’homme blanc dans le monde.
Les esclaves étaient transportées dans des conditions inhumaines, le voyage d’Afrique à l’Amérique durant environ 2 mois et étant effectué dans des bateaux criblés de maladies, peu ou pas aérés et surpeuplés.
L’origine des esclaves
La majeure partie des esclaves africains arrivés dans le Nouveau-Monde étaient enlevés des côtes ouest-africaines comprises comme l’espace entre les fleuves Sénégal et Cuanza.
La détermination de l’origine ethnique des esclaves est complexe car les archives de l’époque proviennent d’européens intéressés par l’identification du port d’origine et non par une quelconque évaluation ethnographique.
Les différents chercheurs ayant abordé la question des origines des esclaves noirs colombiens n’ont souvent que le choix de regrouper leur origine dans des régions plus vastes souvent divisées en 3.
Luz Adriana Maya les identifie comme : la forêt soudano-sahélienne, la forêt tropicale et la forêt équatoriale humide.
John Thorton identifie les 3 régions comme : la Haute Guinée, la Basse Guinée et la région de l’Angola. Ces régions comprenaient de multiples ethnies.
Le Sahel occidental abritait les groupes ethniques des Peuls, Mandé Songhaï.
La région du golfe de Guinée regroupait deux macro-groupes, les peuples Kwa et les locuteurs de langues Volta-Niger (Yoruba, Igbo, Asante). Cette région représente l’origine de plusieurs religions afro-caribéennes encore pratiquées en Colombie comme la Santeria (qui vient de la religion yoruba).
Dans la région la plus méridionale entre le delta du fleuve Congo et l’actuel Angola, la grande majorité des peuples étaient d’origine bantoue, locuteurs des langues kikongo et kimbundu.
De Luciana Mc Namara - http://taimaboffil.files.wordpress.com/2009/10/barconegrerojpg1.jpg, FAL, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8970420
Ce tableau représente la diversité de provenance des africains qui sont arrivés sur le territoire de l'actuelle Colombie, des traitants d'esclaves, des travaux auxquels ils étaient destinés, ainsi que des régions et des modes de résistance acquises.
C'est une traduction d'un schéma pris sur le site du ministère de la culture colombien ( Tabla tomada de Arocha, Jaime. La inclusión de los afrocolombianos ¿Meta inalcanzable? En. ICCH. Geografía Humana de Colombia. Los Afrocolombianos. ICANH. 1998. Pág.349.)
Période et régime de la traite | Traitants | Affiliation ethnique majoritaire | Travaux effectués | Région de destination | Forme de résistance |
1533/1582 -Licences | espagnols - génois- portugais | Wolof, Balente, Bran, Zape, Biafara, Serere, Bijago | Service domestique, élevage, mine d'or | Llanura, Caraïbe, Antioquia | inconnue |
1580/1610 - Asiento | portugais | Kongo, Manicongo, Anzico, Angola, Bran, Zape | Elevage, mine d'or | Llanura, Caraïbe, Antioquia | Marronnage armé, marronnage symbolique |
1640/1703, Asiento | Hollandais | Akán, Oruba, Fanti, Ewefon, Ibo | Agriculture, mine d'or | Valle del Cauca, littoral pacifique | Marronnage armé, auto-manumission |
1704/1713, Asiento | Français | Ewe-Fron, Yoruba, Fanti | Agriculture, mine d'or | Valle del Cauca, littoral pacifique | Marronnage armé, auto-manumission |
1713/1740, Asiento | Anglais | Akán, Ewe, Ibo | Agriculture, Mine d'or | Valle del Cauca, littoral pacifique | Auto-manumission |
1740/1810, contrebande, asiento, commerce libre | Espagnols | Akán, Ewe, Ashanti, Kongo | Mine d'or | Littoral pacifique | Auto-manumission |
1750/1850 | Commerce libre |
L’esclavage sur la côte des Caraïbes
Carthagène des Indes fut le principal port d'entrée des esclaves durant la colonie Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1497913
Carthagène des Indes était le principal port d’entrée des esclaves dans le pays pendant la période coloniale, a son apogée, elle s’est avérée être l’activité la plus lucrative de la ville.
En 1620, la ville comptait 6000 habitants dont 1400 étaient des esclaves d’origine africaine.
En 1686, le nombre d’esclaves était passé à 2000.
Le recours à la main d’œuvre esclave s’avérait essentiel pour l’économie de la province de Carthagène , dans les zones urbaines et rurales, avec la mort de la majorité de la population indigène, le travail des africains atteint alors une plus grande pertinence.
Les esclaves au XVIIe étaient utilisés dans l’agriculture et l’élevage, dans les villes l’esclavage à une fonction productive mais aussi un statut, toutes les maisons des espagnols prospères de Carthagène et de Mompóx sont dotées d’une servitude noire signe d’opulence.
Ces esclaves sont échangés au XVIIe siècle pour une valeur comprise entre 200 et 400 pesos d’argent chacun.
Seulement, pour diverses raisons, la population africaine avait un taux de croissance négatif, il fallait un afflux constant de nouveaux esclaves appelés « bozales » (nés en Afrique).
L’esclavage à Carthagène commence son déclin au 18e siècle, à l’époque républicaine il entre en réel déclin surtout dans les zones rurales, il est remplacé par de la main d’œuvre bon marché, mais dans les zones urbaines il se maintient jusqu’à son abolition au XIXe siècle.
L’esclavage sur la côte Pacifique
Les premières tentatives d’exploitation minière à l’aide d’esclaves d’origine africaine sur la côte pacifique de la Nouvelle-Grenade ont lieu au cours du XVIIe siècle. Ces tentatives sont très limitées et souvent infructueuses en raison des grosses difficultés rencontrées par les espagnols pour asservir les populations indigènes. Les grandes opérations minières assorties du trafic massif d’esclaves noirs vers la côte ouest ne commencent que dans les deux dernières décennies du XVIIe siècle.
Les esclaves entraient par le port de Carthagène des Indes (dans les Caraïbes), ils étaient vendus dans le Pacifique pour une valeur d’environ 300 pesos d’argent pour les bozales (nés en Afrique) et 400/500 pour les créoles (nés en Amérique).
D’après des documents, plus de la moitié des esclaves arrivés dans la province du Chocó était d’origine Kwa, il y avait des sous-groupes Akan et Ewe ainsi que des minorités importantes de Mande, Gur et Kru.
La côte Pacifique sera la zone coloniale avec le pourcentage le plus élevé de population esclave de la Nouvelle-Grenade. Le recensement de 1778/1780 dans le Chocó indique que les esclaves constituent 39% de la population, à Iscuandá 38%, à Tumaco 63% et à Raposo 70%.
Ces esclaves destinés à la production minière étaient la composante vitale de la région du Pacifique.
Entre 1680 et 1700, la province de Popayán était à l’origine de 41% de la production de l’or de la Nouvelle-Grenade.
Les révoltes
Statue de Benkos Biohó leader rebelle marron CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3140036
Les premiers qui s’opposèrent à l’imposition du travail forcé par les européens seront les peuples indigènes. Au XVIe siècle il y a des rébellions des peuples Paez, Muzo, Yariguíe. A San Cristóbal la révolte des Chinatos, à Santa Marta celle des Tupes. Les Pijaos réussissent à arrêter les travaux dans les mines de Cartago et de Buga, ils interrompent la communication avec Popayán et le Pérou et tuent le gouverneur de Popayán, Vasco de Quiruga. La guerre est menée la première décennie du XVIIe siècle et se termine par la victoire des européens qui seront récompensés par la mise en place de l’encomienda. Les esclaves se révoltent souvent contre les maîtres par la pratique ou par le marronnage (fuite), par la rébellion armée également.
En 1530 à Santa Marta, 5 ans après la construction de la ville a lieu une rébellion d’esclaves qui la détruit. Elle ne sera reconstruite que pour subir une nouvelle révolte dans les années 50 du même siècle.
Pour les noirs, il était possible de s’enfuir de s’enfuir de chez leurs maîtres et de passer inaperçus parmi la population noire libre d’une grande ville mais cette situation était précaire et le fugitif risquait d’être découvert à tout moment aussi préféraient-ils s’organiser et se diriger vers des communautés d’esclaves marrons dans lesquelles ils pouvaient trouver la sécurité de leur propre classe.
La rébellion d’esclaves la plus célèbre de la Nouvelle-Grenade est sans aucun doute celle des esclaves de San Basilio de Palenque dirigée par Benkos Biohó. Elle eut un tel succès que le 23 août 1691 le roi d’Espagne est contraint de délivrer un certificat ordonnant la liberté générale des palenques et leur droit à la terre.
Le marronnage se poursuivra jusqu’au XIXe siècle avec l’abolition de l’esclavage.
Participation à l’indépendance de la Colombie
Cruzando el Canal del Dique. Geografia Pintoresca de Colombia: Viaje del doctor Saffray.
Les marrons libres et affranchis soutiennent le mouvement insurrectionnel des comuneros. Une fois les capitulations de Zipaquirá qui ont démobilisé le soulèvement sont signées, Jjosé Antonio Galٔón commence une campagne pour le Cauca, le Magdalena et Antioquia occupant les fermes, libérant des esclaves et provoquant leur rébellion.
Le 7 novembre 1781, à la ferme la Niña, des membres de la communauté Tumaco dirigés par le noir Vicente de la Cruz se soulèvent.
La rébellion communautaire de Túquerres et des villes du sud du Nariño est réprimée.
Un affranchi de Barbacoas, Eusebio Quiñones s’enfuit et se cache dans les montagnes. Quelques années plus tard, il sort se battre avec les forces républicaines, il tombera au milieu de leurs rangs dans la bataille de Genoy.
Le 15 décembre 1813, Símon Bolívar signe à Trujillo le décret de guerre à mort entre l’Espagne et l’Amérique. Pour attirer des esclaves et des affranchis il leur offre la liberté absolue s’ils rejoignent l’armée patriote. Nombreux ont confiance en cette promesse et le rejoignent.
Colombie L'esclavage et la traite des esclaves dans le Pacifique sud-américain à l'époque de l'abolition
Marcela Echeverri
http://www.scielo.org.mx/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S2448-65312019000400627
La République de Colombie a été fondée sur la base d'une politique abolitionniste progressive qui s'est concrétisée dans sa première charte constitutionnelle, la Constitution de Cúcuta de 1821. Dans la région septentrionale de l'Amérique du Sud, la participation d'esclaves et de personnes libres de couleur dans les armées indépendantes signifie que le projet de construction d'une nation indépendante - qui, en 1821, comprenait les actuels Venezuela, Équateur et Panama - était profondément lié aux intérêts des afrodescendants qui cherchaient à garantir leurs droits dans le nouveau cadre politique. En outre, avec les lois de liberté du ventre, la création des bureaux de manumission et l'abolition de la traite des esclaves, la Colombie était à l'avant-garde de l'abolitionnisme dans le monde atlantique, à l'égal des autres républiques de l'Amérique espagnole continentale et d'Haïti, surtout en tant qu'expérience républicaine qui a matérialisé la relation entre le discours de la liberté et l'émancipation des esclaves.
Cependant, le projet abolitionniste est rapidement tronqué par les intérêts des classes esclavagistes, notamment celles qui avaient basé leur pouvoir économique sur l'extraction de l'or sur la côte Pacifique de la province de Popayán. Des familles éminentes, dont les Mosquera, Arboleda, Torres et Arroyo, ont résisté pendant les dix premières années de l'indépendance de la Colombie, sabotant la mise en œuvre des lois de manumission. Dans les années 1840, alors que le pays était déjà fragmenté et que Popayán faisait partie de la Nouvelle-Grenade, les élites de Payán ont réussi à obtenir du gouvernement qu'il rétablisse le commerce des esclaves et ont déplacé un grand nombre d'esclaves à Panama, d'où ils les ont vendus à des agents péruviens et américains. Bien qu'ils constituent un affront au projet républicain issu de la révolution indépendantiste, les esclavagistes justifient leurs actions par la rhétorique constitutionnelle. C'est-à-dire qu'ils prétendaient que leurs intérêts étaient équivalents à ceux de l'État et, profitant de leur pouvoir politique, ils ont agi pour changer la loi au sein de l'État.
Cet article traite de l'histoire de la réouverture du commerce d'exportation d'esclaves en Nouvelle-Grenade entre 1843 et 1847 via le port de Buenaventura, dans le Pacifique. L'épisode montre qu'en Amérique du Sud, du fait des luttes économiques et politiques pour et contre l'esclavage, les abolitions n'ont pas eu des résultats linéaires. En analysant les relations entre la formation de l'État et le pouvoir régional des élites propriétaires d'esclaves, la traite des esclaves dans le Pacifique et les réseaux économiques et politiques de l'hémisphère, nous comprenons mieux pourquoi l'abolition a été un processus litigieux en Colombie, malgré les principes abolitionnistes inscrits dans sa constitution. Plus précisément, les luttes entourant l'abolition de l'esclavage ont fait partie de la formation de l'État colombien/néo-grenadien dans trois dimensions : les différends régionaux, la définition de la citoyenneté, et les alliances et tensions internationales. Mon argument est que, vu à travers l'histoire de Popayán, l'étude de l'émergence, de la circulation et de la mise en œuvre des idées pro-esclavagistes constitue une nouvelle perspective clé sur le processus de formation de l'État en Amérique espagnole.
L'objectif de l'article est également de contribuer au débat sur l'abolition de l'esclavage dans le monde atlantique en élargissant la frontière de l'analyse au Pacifique, en montrant comment les nouvelles républiques du monde andin faisaient partie d'un réseau d'idées et de commerce qui intégrait l'Amérique du Nord et du Sud. Les pressions exercées par les élites de Popayán sur le gouvernement national de Bogota pour légaliser le commerce d'esclaves dans les années 1840 étaient stratégiquement soutenues par leurs liens avec les élites péruviennes qui, au même moment, investissaient dans le renforcement de l'économie de plantation dans le nord du Pérou. De même, les familles Mosquera et Arboleda ont établi des liens commerciaux avec des entreprises américaines qui ont développé le projet de construction de chemins de fer au Panama.1
En ce sens, l'histoire de l'abolition en Colombie, vue dans un contexte hémisphérique, témoigne de la manière dont les projets économiques et politiques républicains, ainsi que l'histoire des migrations forcées des Afro-descendants dans cette région (la traite des esclaves dans les Amériques), doivent être analysés dans un cadre transnational. De ce point de vue, nous pouvons voir les contradictions du processus d'abolition à travers plusieurs lentilles complémentaires et exposer les liens de différents intérêts au processus de transformation juridique, économique, social et politique qui a impliqué le démantèlement des économies d'esclaves. Il est essentiel de souligner ces points ensemble afin de démontrer que l'étude de l'abolition hispano-américaine représente un espace de débat urgent dans le contexte des historiographies de l'abolition, tant spécifiquement en Amérique latine que globalement.
si la version traduite en français de ce document vous intéresse, merci de me contacter
L’abolition de l’esclavage
Le processus de manumission des esclaves s’est produit tout au long de l’histoire de la colonie mais la question de l’abolition en tant qu’institution ne commence à prendre de l’importance qu’à l’invasion napoléonienne de l’Espagne . un contexte dans lequel les tribunaux ibériques ont soulevé depuis 1809 la nécessité d’abolir l’esclavage pour empêcher « les esclaves de le chercher et même d’y parvenir par des moyens violents et coercitifs ». Antonio Villavicencio proposa en 1809 aux autorités espagnoles la stratégie consistant à décréter l'affranchissement des esclaves, à fixer de 20 à 25 ans la fin de l'esclavage en fait et en droit "dans toutes nos possessions en Amérique" et à ce que les maîtres n'abandonnent pas, mais protègent les anciens esclaves affranchis, jusqu'à ce que le gouvernement leur donne un certain destin. La liberté doit être accordée avant que les "esclaves séduits acquièrent leur liberté par la mort, l'incendie et mille autres atrocités qu'ils commettent les armes à la main". Villavicencio cherche à ce que l'État dirige le processus de manumission afin d'éviter de plus grands maux. Son point de vue n'a pas été pris en compte, mais il a montré les grandes lignes d'un débat qui sera rouvert après 1821 dans les républiques nouvellement libérées. (source https://www.banrepcultural.org/biblioteca-virtual/credencial-historia/numero-59/la-manumision-de-esclavos-en-colombia-1809-1851
En 1811 les espagnols offrent la liberté aux esclaves qui souhaitent entrer dans les troupes royalistes.
En 1816 pendant la guerre d’indépendance de Colombie, Símon Bolívar introduit l »idée d’accorder la liberté aux esclaves entrés dans les troupes pour la cause de l’indépendance. Cela ne veut pas dire que le processus fut sans controverse car les propriétaires terriens qui dépendaient des esclaves pour le travail étaient farouchement opposés au processus de libération.
Sur le territoire de l’actuelle Colombie, la liberté des ventres est promulguée dans l’état libre d’Antioquia à travers un projet présenté à Juan del Corral par les députés Antonio Arboleda et Arrachea, José Miguel de la Calle, José Félix de Restrepo, Pedro Arrubla et José Antonio Benitez en 1814. Il sera approuvé la même année sous le nom de liberté d’accouchement (Montoya et Montoya 1961).
En compromettant les revendications des propriétaires d’esclaves qui exigeaient que « leur propriété sois respectée », José Félix de Restrepo obtient devant le congrès de Cúcuta que soit décrétée la liberté des ventres qui déclarerait libres les enfants d’esclaves nés à partir du 21 juillet 1821.
Bien que la liberté des jeunes esclaves ait dû commencer le 21 juillet 1839, le processus est retardé par la guerre des suprêmes qui se déroule de 1839 à 1842. Après la guerre, sous la pression des maîtres une nouvelle loi 1842 est promulguée définissant une dépendance prolongée aux esclaves pendant encore 7 ans à ce que l’on appelait l’apprentissage. De cette manière l’esclavage a été étendu tandis que ceux qui refusaient de participer ont été recrutés dans l’armée nationale.
Président José Hilario Lopez De Franco, Montoya y Rubiano - http://en.wikipedia.org/wiki/Image:Josehilariolopez1.png, Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1887260
L’inefficacité de la manumission, la corruption des fonctionnaires et des propriétaires terriens qui ont continué la traite des esclaves en ignorant la loi ont provoqué un grand mécontentement des soi-disant sociétés démocratiques. Ce grand bouleversement politique venant à la fois des artisans et des esclaves eux-mêmes a conduit le président José Hilario López à proposer une liberté absolue. Enfin le congrès colombien a promulgué la loi du 21 mai 1851 par laquelle les esclaves seraient libres à partir du 1er janvier 1852 et les maîtres seraient rémunérés par des obligations.
De Sahaquiel9102 - Trabajo propio, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17111477
Pour autant une part importante des maîtres refuse de laisser les esclaves partir pacifiquement ce qui déclenche la guerre civile de 1851 qui a commencé avec le déclenchement d’une insurrection dans le Cauca et Pasto dirigée par des conservateurs qui avaient le soutien du gouvernement équatorien conservateur également.
A Antioquia la rébellion éclate aux mains des conservateurs dirigés par Eusebio Borrero. La guerre se termine en 4 mois avec la victoire libérale et la libération définitive des esclaves (Vélez Ocampo 2005).
******
Le seul monument en Colombie commémorant l’abolition de l’esclavage est situé sur la place principale de la municipalité d’Ocaña, Norte de Santander, il s’appelle La colonne de la liberté des esclaves et a été érigé en décembre 1851.
De Yefferson Estévez Pacheco - Trabajo propio, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=21668247
Sources : wikipedia, mincultura.gov