Des indigènes de l'Amazonie bolivienne lancent un livre de recettes de médecine ancestrale
Publié le 30 Mai 2020
Par Rocío Lloret Céspedes
29 mai 2020
"Remedios del monte (Remèdes de la montagne)" contient 38 écrits basés sur la sagesse des peuples Mojeño, Tsimane, Yuracaré et Movima. A l'époque du coronavirus, c'est aussi une réponse à la vulnérabilité à laquelle les communautés sont exposées, face à la négligence de l'Etat.
"Ce n'est pas la première fois que nous sommes menacés. Nos ancêtres ont également été confrontés à des épidémies et nous avons dû résister en permanence à l'asservissement et à l'exploitation de nos territoires, tandis que les gouvernements oublient notre sort. Pour vivre, nous avons toujours dû nous battre."
Bernardo Muiba Yuco, président du Territoire Indigène Multiethnique (TIM), explique la réalité des peuples indigènes de l'Amazonie bolivienne. Il le fait dans la présentation de "Remedios del monte", une compilation de 38 recettes de médecine naturelle, basée sur la sagesse des Mojeños, Tsimanes, Yuracarés et Movimas. Cet article s'inscrit dans le contexte du Covid19 et vise à renforcer les défenses, à améliorer la nutrition et à traiter les symptômes tels que la fièvre, la diarrhée et la toux, entre autres.
Paulina Noza, présidente de l'organisation féminine du TIM, a compilé et élaboré les recettes, en collaboration avec de Fátima Monasterio , avocate et chercheuse.
"Nous avons réalisé ce livre de recettes, inquiètes de la pandémie qui a éclaté cette année. Ce sont des remèdes que nous utilisons dans nos communautés et nous espérons que davantage de personnes pourront les utiliser. On a été guéri par cela, parce que les parents et grands-parents des une et des autres le savent. Avant, nous n'avions pas de vaccins, nos grands-parents n'étaient pas vaccinés. C'est pourquoi nous continuons à préserver (ce savoir) et maintenant nous voulons que les gens le sachent", dit Paulina.
Absence de l'État
Il ne s'agit pas de croire que les peuples indigènes sont en sécurité avec ces remèdes. Les conditions sanitaires dans ce lieu et dans d'autres rendent leurs habitants très vulnérables, à tel point que récemment le Réseau ecclésial de l'Amazonie bolivienne (Repam Bolivia) a averti que "nous sommes au bord de l'ethnocide", à cause des incendies, de l'utilisation de semences transgéniques, du trafic de drogue et de la vulnérabilité à faire face à la pandémie sans conditions adéquates et avec une couverture sanitaire limitée.
Paulina explique, par exemple, que le TIM compte 26 communautés et le TIMI (Territoire Indigène Moxeño Ignaciano), 19. Mais vu la prolifération des cas de coronavirus à Beni, ces fonctionnaires ont été appelés à San Ignacio de Moxos, pour soutenir leurs collègues. Cette absence représente un plus grand danger", dit-elle, "car les enfants tombent malades ou des accidents se produisent, comme des coupures, qui nécessitent une attention immédiate.
Sans compter que ceux qui vivent dans des communautés proches des zones urbaines peuvent percevoir leurs obligations d'État, mais ceux qui doivent voyager jusqu'à deux jours ne le peuvent pas. "En tant que leader, nous avons demandé dès le début des fonds mobiles pour ces communautés éloignées, mais jusqu'à présent, ils ne nous écoutent pas", dit-elle.
Une réponse à la vie
Pour Monasterio, qui a travaillé sur une étude dans ce domaine l'année dernière, les populations indigènes sont exposées à une situation très complexe et la médecine naturelle est une stratégie pour survivre à l'oubli et au non-respect des obligations de l'État.
"Le carnet de prescriptions est axé sur les soins collectifs, mais rendu visible en tant que pratique politique. C'est quelque chose que l'organisation met en première ligne aujourd'hui comme une pratique qui peut les aider à survivre et à maintenir la vie sur place. En attendant, l'isolement peut être assez cruel, et il est important que la société le sache aussi, car bien que les territoires aient un chaco, où chasser, où pêcher, au fil du temps les indigènes ont tissé des relations économiques de commercialisation et d'échange avec les villes", dit-elle.
Ce dernier point est lié au fait que, face au danger de contagion, certaines communautés ont décidé de s'isoler et d'éviter tout type de contact. D'autres, selon leur mode de vie, emportent leurs excédents de récolte en zone urbaine pour les échanger contre des produits comme le sel, qu'ils n'ont pas sur leur territoire.
Ce que vous trouverez dans le livre de recettes
La compilation comprend des recettes pratiques pour augmenter les défenses avec du gingembre, des options pour faire baisser la fièvre, des alternatives pour le diabète et l'asthme, entre autres.
Paulina souligne également que de nombreuses plantes se trouvent dans la zone orientale, bien qu'il y en ait d'autres qui ne se trouvent que sur leur territoire.
Actuellement, elle et ses compagnes travaillent sur une deuxième compilation, qui portera spécifiquement sur le renforcement des défenses du corps. Elle comprendra la préparation de sirops avec de l'écorce d'arbre, ainsi que d'autres connaissances ancestrales ; la façon dont ces peuples ont traité leurs maux physiques, mais aussi spirituels.
"Ces Remedios del Monte qui sont compilées ici sont quelques-unes des choses que nous avons apprises des anciens et que nous pouvons utiliser aujourd'hui pour prendre soin de nous-mêmes dans la communauté. Nous continuerons à demander l'attention du gouvernement, car il est de son devoir de garantir nos droits. Mais il est important que nous le fassions de manière organisée et sans nous exposer à la contagion", conclut une partie de la présentation.
- Pour télécharger le livret de recettes, cliquez sur le lien ci-dessous :
traduction carolita d"un article paru sur biodiversidaddla.org
Indígenas amazónicos de Bolivia lanzan recetario de medicina ancestral
"Remedios del monte" contiene 38 escritos basados en la sabiduría de los pueblos Mojeño, Tsimane, Yuracaré y Movima. En tiempos de coronavirus, es también una respuesta a la vulnerabilidad a la...