Déclaration du réseau de surveillance OCMAL sur les mines et le covid-19

Publié le 19 Mai 2020

Les circonstances créées par l'urgence sanitaire résultant de la propagation du virus, qui touche pratiquement toute la planète, ont mis en évidence le risque particulier que représente l'exploitation minière pour les territoires où elle exerce ses activités.

En particulier, nous sommes très préoccupés par l'insistance à déclarer l'exploitation minière comme une priorité ou une activité essentielle à un moment où la population doit être protégée par la quarantaine, confinée dans ses maisons et ses espaces familiaux, tout en ignorant l'impact bien connu de l'exploitation minière sur les eaux et les écosystèmes.

Le risque de contagion porté par les travailleurs des mines vers et depuis leur lieu de travail n'est pas compatible avec les mesures de contrôle générales. Les protocoles sanitaires pratiques pour les sociétés minières sont approuvés et mis en œuvre sans inclure de tests de dépistage du virus pour les travailleurs, ce qui augmente le risque de propagation de l'infection dans les zones où la population n'est pas protégée en raison du manque de services de santé de base et spécialisés.

La suspension des droits civils s'applique en particulier à ceux qui défendent leurs territoires, les écosystèmes, l'eau, l'accès à l'information et la protection des modes de vie traditionnels.

Nous constatons que les communautés qui défendent leurs territoires contre l'industrie minière sont brutalement réprimées par la police et les forces armées, sous prétexte que des mesures d'urgence ou de catastrophe sont imposées.

En attendant, ces derniers assurent la libre circulation des mineurs et la poursuite des travaux d'extraction.

Dans certains cas, des règles et des lois sont adoptées qui donnent aux forces de l'ordre un voile d'impunité si elles violent ou affectent les droits des populations locales.

Nous constatons que la manière dont les récits officiels placent les activités extractives à la base de la supposée reprise économique est alarmante, et elle montre que les projets extractifs sont expressément traités sans tenir compte des garanties nécessaires pour éviter la destruction des écosystèmes et l'affectation sociale, culturelle et spirituelle des communautés. Dans ce contexte, les entreprises continuent à faire pression pour un nouvel affaiblissement des réglementations environnementales et sociales.

De même, et de manière éhontée, les entreprises qui détruisent les écosystèmes, piétinent les droits de l'homme, mentent, corrompent, stigmatisent et se soustraient à leurs responsabilités telles que les obligations fiscales ; au contraire, elles semblent faire des dons d'articles et de matériel médical et sanitaire, censés contrecarrer les effets produits par le Covid-19 et protéger la population.

C'est un blanchiment d'image qui est aussi largement orchestré par les médias et les autorités locales et nationales, proches des gouvernements et des hommes d'affaires.

Il est également devenu évident que les femmes sont les plus touchées par la situation résultant de l'urgence sanitaire et du soutien aux activités minières.

Les mesures d'isolement, ainsi que la propagation des maladies résultant des activités minières, entraînent une surcharge de travail et de soins pour les femmes. Le confinement augmente également le risque de violence masculine au sein du foyer. Les mesures de contrôle social mises en place par les États (états d'alerte, d'urgence, de catastrophe ou couvre-feux) augmentent également la situation de vulnérabilité des femmes. Il convient également de noter que ce sont les femmes qui tirent la sonnette d'alarme dans les communautés en raison de la situation dans laquelle elles vivent et qui s'organisent en premier lieu pour dénoncer les violations liées au maintien des activités extractives.

Du réseau de surveillance OCMAL sur l'exploitation minière et le COVID-19 nous demandons :

  • La protection de la santé des communautés, en particulier celles qui sont touchées par l'exploitation minière,
  • Assurer la sécurité des défenseurs des territoires qui s'opposent aux activités minières, en particulier les femmes, et ne pas utiliser les quarantaines pour les criminaliser.
  • Arrêter les opérations d'extraction avec le maintien des emplois et la stabilité des travailleurs.
  • Maintenir les mesures visant à réparer les dommages causés par l'exploitation minière, sans recourir au prétexte de situations d'urgence sanitaire
  • La suspension de toutes les nouvelles concessions minières et des permis environnementaux pour l'exploitation minière

Enfin, nous affirmons qu'il est nécessaire d'amorcer une transition vers un monde post-extractiviste où le modèle minier qui a fait tant de dégâts sur nos territoires est repensé. C'est pourquoi ceux d'entre nous qui défendent l'environnement continuent à construire des alternatives au modèle de développement, qui privilégie l'eau et la santé par rapport à la marchandisation de la vie.

Amérique latine mai 2020

traduction carolita d'un article paru sur Mapuexpress

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