Brésil - Le peuple Kayapó Xikrin

Publié le 30 Mai 2020

 

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Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état du Pará. Ce groupe Kayapó met l’accent sur l’écoute et la parole et dans le but d’affûter ces qualités ils percent dès le plus jeune âge les organes correspondants (lèvres et oreilles). L’ouïe est liée à la connaissance, à l’acquisition de celle-ci. Parler est une pratique sociale très appréciée et ils aiment se définir comme ceux qui parlent bien et de belle façon – kaben mei- en s’opposant à tous les autres peuples qui ne parlent pas leur langue. Le don d’orateur est un attribut masculin et il implique des discours enflammés prononcés sur la place centrale du village.

Population : 1818 personnes (2010)

Autodésignation : mebengôkre (= les gens dans le trou d’eau, ou gens des grandes eaux)0 c’est le nom que se donnent tous les Kayapó. Les eaux se réfèrent aux rios Tocantins et Araguaia qui a produit quand ils les ont traversés la séparation avec le groupe ancestral.

Xikrin provient d’une forme sous laquelle un autre groupe Kayapá, les Irã-ã-mray-me (groupe éteint) les appelaient.

Langue : kayapó (ou mebengôkre) famille des langues jê, racine lacro-jê. La langue n’est étudiées que depuis récemment par des linguistes (qui s’intéressent particulièrement aux discours).

Localisation et terres indigènes

Les terres indigènes sont situées sur des terres fermes de la forêt tropicale, nommée selva de cipó (liane). La zone est riche en mogno (swetenua microphylla) et châtaignes (noix du Brésil). Il y a dans les clairières de grandes concentrations de palmiers babaçu (orbignya phalerata) et des palmiers buriti (mauritia flexuosa) poussent dans les zones marécageuses.

  • T.I Trincheira/Bacajá – 1.650.939 hectares, 746 personnes, réserve homologuée. Villes : Altamira, Anapu, São Félix do Xingu, Senador José Porfírio. 2 peuples y vivent : Mebengôkre Kayapó (Mebengôkre Kayapó Kararaô) langue jê et Xikrin (Mebengôkre) langue jê.
  • T.I Xikrin do Cateté – 439.151 hectares, 1183 personnes, réserve homologuée. Villes : Agua Azul do Norte, Marabá, Parauaepebas. 3 peuples y vivent : Mebengôkre Kayapó (langue jê), Xikrin (Mebengôkre) langue jê, isolés de la T.I Xikrin do Cateté.

 

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Les villages

Image d'un village 

 Les villages sont construits près des rivières ou des ruisseaux sur un sol sec et bien drainé. Un espace social est constitué d’une place centrale avec le cercle de maisons autour et la selva environnante ainsi que les champs de culture circulaires. Les maisons ont un emplacement spécifique et obéissent à un ordre stable. Le centre du village contient la maison des hommes, un espace masculin politique, juridique et rituel.

Cosmovision

Le centre du monde est représenté par le centre de la cour circulaire du village où ont lieu les rituels de la vie publique en général. Le symbole du centre du monde et de l’univers est la maraca, instrument de musique avec une forme de boîte crânienne, au rythme duquel ils chantent et dansent en suivant un chemin circulaire qui accompagne la route du soleil. La danse remonte selon eux à leurs origines mythiques et recréent l’énergie nécessaire à la continuité de la vie, de la reproduction continue de celle-ci et des différentes institutions sociales qui garantissent l’équilibre de la vie communautaire.

D’un point de vue géographique, ils reconnaissent deux points cardinaux, l’est –koikwa-krai et l’ouest – koikwa-enhôt.

L’est est une région bien définie géographiquement, située dans le lieu d’origine des Mebengôkre. Selon la mythologie, l’ouest est le point de référence conventionnel dans la limitation de l’espace par opposition à l’est mais comme l’ouest n’est pas défini, personne ne peut le placer à un endroit précis. Selon eux, cela représente la fin du monde.

La région à l’est des rios Araguaia et Tocantons est présentée comme un espace mythique limité par une immense toile d’araignée descendant du ciel sur la terre. De l’autre côté de la toile se trouve la demeure du faucon royal, ok-kaikrit, initiateur du chaman.

Organisation sociale

Groupe domestique et place des femmes

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Le groupe domestique composé de personnes vivant sous le même toit est l’institution de base. Une femme, naît, vit et meurt dans la même maison. Les maisons et les terres agricoles sont la propriété des femmes. Après le mariage un homme va vivre dans la maison de sa femme. Les femmes de la même maison mènent des activités conjointes : elles travaillent sur la plantation, elles collectent quotidiennement des tubercules pour le repas, elles approvisionnent en bois de chauffage et en eau, elles collectent des produits dans la selva, elles s’occupent des taches ménagères et prennent soin des enfants. Elles passent aussi beaucoup de temps à la peinture corporelle, une activité très développée chez les Xikrin, et tissent du coton et jouent un rôle important dans les rituels.

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Organisation politique et maison des hommes

Les questions politiques sont débattues dans le conseil des hommes qui a lieu au centre du village. Y participent les hommes, des jeunes qui sont des témoins silencieux, des plus âgés et des éloignés. L’introduction d’un jeune garçon dans la maison des hommes se fait vers l’âge de 10 ans à travers les liens d’amitié n’ayant rien à voir avec les liens de parenté. Du moment de son introduction dans la maison des hommes jusqu’à la naissance de son premier enfant, un jeune homme passe par différentes tranches d’âge. La naissance d’un enfant est le moment ou l’adolescent devient adulte. Dans la maison des hommes différents groupes sont divisée par catégories d’âge et se réunissent et occupent des espaces différents. Chaque catégorie d’âge a un chef qui assiste et exprime les besoins de son groupe.

La succession et la direction d’un village se fait au sein d’une même famille et la rôle de chef est transmis de père en fils, de fils aîné au fils cadet.

Les hommes travaillent sous la direction d’un chef et sont divisés en classes d’âge. Pour être chef il faut un apprentissage, la connaissance complète des rituels et des chansons, des activités quotidiennes, de la guerre, des mythes et des histoires du groupe. Le chef n’a pas de moyen coercitif pour imposer ses décisions sur différentes classes d’âge. C’est à travers le discours, l’exaltation des valeurs morales et des intérêts du groupe qu’un chef parvient à proposer ses idées et à les faire accepter.

Le chef n’a pas le pouvoir de prendre seul les décisions, il doit être attentif aux besoins, aux désirs, aux idées qui circulent au sein de chaque tranche d’âge et s’il y a un consensus sur un sujet en particulier il doit formuler sa proposition immédiatement afin que tout le monde le soutienne. En cas de discorde c’est la tranche d’âge des plus anciens qui est consultée.

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Activités des hommes

La chasse et la pêche qui peuvent être individuels u collectifs.

Ils fabriquent la plupart des ornements corporels, la vannerie, les instruments de musique, les nattes, les arcs et les flèches.

Ils construisent les maisons et préparent les parcelles des plantations, abattage et brûlis.

Les noms

Les relations de nomination sont importantes, recevoir un nom fait partie d’un long processus de socialisation d’un individu et au cours de sa vie une personne accumule 35 noms transmis à travers des proposants et qui incluent des positions généalogiques.

Ressources

Ils se définissent essentiellement comme chasseurs même s’ils dépendent en grande partie des produits cultivés.

Le gibier le plus apprécié est le tapir, le paca, le sanglier, le cerf, l’agouti. Ils chassent des tortues en grand nombre et dénichent des tatous.

La pêche

Plusieurs poissons font partie de leur alimentation, la pêche étant pratiquée en hiver à la ligne et l’hameçon, en été avec la technique de la pêche au timbo. La diminution de la pêche est significatives car les cours d’eau se trouvent en dehors de la zone délimitée et se trouvent sur des terres dégradées en raison de zones d’extraction de minéraux précieux et de vastes fermes.

Utilisation des ressources naturelles

L'habitude de parcourir la région, en plus de diversifier l'alimentation, permet une gestion très bien planifiée des différents écosystèmes. De nombreux rituels dépendent de ces tournées, qui sont essentielles pour l'approvisionnement en nourriture afin de promouvoir les cérémonies ainsi que pour s'approvisionner en d'autres produits que l'on ne trouve pas à proximité du village. Par exemple, on ne trouve les matériaux nécessaires à la fabrication des maracas cérémonielles que dans les champs à la source du rio Itacaiúnas, ainsi que certaines plantes médicinales, des fibres, de la cire d'abeille, des plumes d'oiseaux et du mastic.

Dans la forêt, ils récoltent pour la consommation le cœur de palmier, la noix du Brésil, la noix de palmier babaçu et les noix plus petites, différents types et qualités de miel, des fruits sauvages (acaí -Euterpe oleracea-, bacaba -Oenocarpus bacaba-, cupuaçu -Theobroma grandiflorum-, cacao sauvage -Pachira aquatica-, etc.

babaçu

 Par Marcelo Cavallari — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=42692008

Açai

Par Agnieszka Kwiecień (Nova) — Travail personnel basé sur :[1] from Flickr by Constantino Lagoa, CC BY-SA.[2]: from Flickr by Eli Duke (eliduke), CC BY-SA 2.0.[3]: from Flickr by scott.zona, CC BY 2.0.[4]: from Flickr by Forest & Kim, CC BY 2.0., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26402729

oenocarpus bacaba

cupuaçu

Ils recueillent également toutes les matières premières nécessaires à la production de leur culture matérielle, notamment le bois, les cipos ou lianes, la paille, les écorces, les escargots et diverses graines. Mais ce que l'on perçoit, c'est qu'il y a eu une diminution quantitative de la matière première utilisée par les Xikrin dans leur vie quotidienne pour la préparation des ornements et.  Les femmes de Xikrin ont commencé à produire une plus grande quantité d'huile de babaçu, un produit échangé contre des plumes d'oiseaux avec d'autres Kayapó.

Malgré les changements drastiques et rapides qu'ils ont dû subir et auxquels ils sont soumis, les Xikrin continuent de mener des activités liées à l'agriculture sur brûlis et à la plantation de différentes sortes de patates douces, d'ignames, de manioc, de maïs, de courges, de mamons (mamoncillo), de bananes et de coton. La préparation de la terre pour la culture est divisée en trois phases successives : abattage et la coupe (mai à juin), le brûlis et le semis (octobre). Les champs, même après avoir été abandonnés pour les semailles, sont des sources d'approvisionnement pendant une longue période de temps de divers produits tels que le bois de chauffage, les patates douces, les fruits, le jenipapo et l'urucum (utilisés dans la peinture corporelle), le babaçu (pour produire de l'huile) et les plantes médicinales, espèces plantées autour des maisons.

Au cours des dernières décennies, même avec leurs terres délimitées, les régions Xikrin ont été la cible constante d'invasions de collecteurs de châtaignes, d'extracteurs de métaux précieux, de propriétaires terriens ou de bûcherons. Les contacts, les changements et les adaptations ont formé une spirale qui, de l'intérieur vers l'extérieur, s'élargit rapidement, causant plus d'impacts et où les solutions ne peuvent être vues qu'à travers une nouvelle forme de gestion.

En 1991, les Xikrin de Cateté ont cessé d'être séduits et cooptés par les habitants de la région et ont repris le contrôle de leur territoire. Grâce à un soutien extérieur continu, ils ont articulé et gagné une action civile publique contre les sociétés d'exploitation forestière agissant illégalement sur leur territoire et ont développé un plan de gestion forestière dont la fonction principale est de faire correspondre les activités traditionnelles de subsistance et l'utilisation traditionnelle des ressources naturelles avec les activités d'exploitation commerciale des produits forestiers tels que les noix du Brésil et le bois. Afin de défendre les droits de leurs peuples et de faciliter les articulations et les partenariats institutionnels, les Xikrin de Cateté ont créé, en 1995, l'Association Bep-Nói (Associação Bep-Nói). Son statut, largement discuté par la communauté, respecte son organisation sociale complexe.

Les Xikrin de Bacajá effectuent une collecte annuelle de noix du Brésil qu'ils vendent aux commerçants de la ville d'Altamira. Généralement, cette activité est assistée par la Funai, une institution qui leur fournit du matériel (pour briser la coquille résistante où se trouvent les noix), des munitions, des moustiquaires, des filets et des vêtements ainsi que des soins, le transport et la vente, en reversant les bénéfices aux indigènes. Cette activité ne s'est toutefois pas avérée très rentable malgré la grande extension des châtaigneraies présentes dans la réserve Trincheira-Bacajá ; le prix des châtaignes est bas et la Funai débite du bénéfice les matériaux qu'elle fournit pour la collecte.

traduction carolita d'un extrait de l'article sur le peuple Xikrin du site pib socioambiental.org

 

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Enseignement traditionnel

Celui-ci passe par la coexistence et l’observation  des participants. Les adultes guident, corrigent et parfois enseignent des chansons, des chorégraphies, des séquences rituelles à des groupes de garçons et de filles. L’importance pédagogique de la répétition et de la participation à différents événements est notée. Un individu qui a une inclinaison marquée pour effectuer une certaine activité apprend de façon plus continue avec un spécialiste reconnu dans ce domaine. Les filles apprennent la peinture corporelle à la maison avec leurs parents. Les mythes sont racontés par les anciens sous forme d’histoires, de drames ou de discours politiques.

Vie cérémonielle

Lorsqu’une communauté à un nombre suffisant de personnes et ressources humaines, le cycle rituel est continu. Pendant les rituels les individus prennent conscience des relations de parenté et des relations d’amitié formelles.

Les chants, les chorégraphies, les ornements que les hommes se sont appropriés depuis leurs origines sont reproduits dans le rituel comme manifestation actuelle de l’humanité dans le cosmos.

Les rituels les plus importants sont ceux de la nomination masculine (Bep-Takak), de la nomination féminine (Bekwe-Ire-Nhiok –Payn-Koko), de l’initiation masculine composée de 5 phases chacune étant liée symboliquement à un domaine cosmique spécifique.

Ces rituels sont parfois insérés dans d’autres comme la fête du maïs nouveau ou le merêrêmei qui a lieu au moment de la transition entre la saison sèche et la saison des pluies.

Il existe également un rituel du mariage, un autre pour les funérailles, un pour la pêche au timbo, un pour les tatouages. Des rituels ont été introduits comme le Kworo-Kango ou fête du manioc d’origine juruna.

Des lectures pour ce peuple

source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Kayapó Xikrin

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