Brésil - Le peuple Banawá
Publié le 25 Mai 2020
Foto: Luciene Pohl, 1998
Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état d’Amazonas et qui est l’un des moins connu du pays. Ils sont assez proches des Jamamadi dont ils sont voisins et avec lesquels ils partagent de nombreux aspects culturels et la même langue.
Les contacts des Banawá avec la société nationale se sont faits par le biais des Jamamadi. Quand leur territoire a été envahi au cours des dernières décennies du 19e siècle, le cycle du caoutchouc en Amazonas s’est intensifié et l’état a finalement reconnu leurs droits de propriété en 1990. Pour autant ils sont toujours confrontés aux invasions de bûcherons et aux extracteurs de caoutchouc.
Population : 207 personnes (2014)
Langue : de la famille arawá (selon Jokelsky 2016) langue madi-arawá.
Ils sont considérés comme un sous-groupe des Jamamadi (traits culturels similaires, grande partie du vocabulaire et compréhension mutuelle). La langue arawá regroupe des peuples habitant le milieu du rio Purus comme les Deni , les Kulina etc…
Localisation et terre indigène
Leurs terres sont situées entre le rio Piranha (Piraña) et le rio Purus.
- T.I Banawá – 192.659 hectares, 207 personnes, réserve homologuée. Villes : Canutama, Lábrea, Tapauá.
Histoire
Le premier village auquel les Banawá font référence est celui qui est installé sur le rio Apituã, près du rio Purus. La deuxième localité présente dans les récits est celle située sur le ruisseau de lata - wati'lata -, où les Jamamadi laissaient les boîtes de conserve aux Banawá pour y mettre de la copaíba (fabacée) ou de la sorva (Sorbus domestica L.) pour le "patron" Firmino, au moment où ils considèrent avoir établi les premiers contacts avec la société nationale. Plus tard, quelques malocas ont été localisées le long des ruisseaux Sitiari, Cotia et Yati'fá, ou Riacho da Pedra. Enfin, ils mentionnent également les villages situés sur un ruisseau où vivent de nombreux petits poissons : Abasirimefai, où se trouvaient certains champs.
La reconnaissance des Banawá dans la région continentale située entre les rivières Purus et Juruá remonte au XIXe siècle, lorsque les voyageurs qui empruntaient le rio Purus ont remarqué la présence importante des Jamamadi sur le territoire situé entre ces deux rivières.
Parmi les différents documents sur l'occupation de la région du rio Piranhas laissés par le Service de Protection de l'Indien (Serviço de Proteção aos Índios - SPI), nous avons celui de José Sant'Anna de Barros, qui dans son rapport de 1930 écrit que : " ... sur le rio Cunhuá vivent les Catuinas, Mamaoris, Pauquiris, Tucumandubas et Beidamans, sur le rio Piranhas les Jamamadios, Canamadis et Jarauaras, à Curiá les Jamamadis et Araçadanis et à Riozinho les Marimans ; formant peut-être la plus grande population indigène du rio Purus, avec un total de plus de mille âmes, selon diverses informations dont je dispose" (Rapport de la 1ère (Inspection) Inspection régionale du SPI, en relation avec les travaux du PNI de Marienê, 1943).
La présence d'occupants non indiens dans les TI est intimement liée au processus d'occupation et d'exploitation qui prédominait dans le Purus pendant l'économie fortement liée au caoutchouc, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Afin de soutenir l'entreprise d'extraction de caoutchouc, l'État a accordé différentes incitations et parrainages, dans le sens de déplacer la main-d'œuvre de la région du nord-est vers le rio Purus. Il y a également eu une omission de la part de l'État en ce qui concerne la défense des territoires indigènes.
Selon Darcy Ribeiro (1982 : 42-9), l'occupation de la région du rio Juruá-Purus par le gouvernement a été si violente que, en peu de temps, la région, qui était l'une des zones amazoniennes les plus peuplées, s'est dépeuplée proportionnellement à l'émergence de noyaux civilisés. On sait qu'il y avait des populations indigènes qui n'étaient même pas enregistrées. Pendant cette occupation, les extracteurs de caoutchouc ont justifié l'usage de la violence en affirmant que les indigènes avaient volé leurs outils de travail ; ils ont donc organisé des expéditions dans le but de mettre fin à leurs "problèmes", ce qui s'est fait en expulsant ou en exterminant les indiens et en prenant possession des terres où se trouvaient des hévéas. Ces expéditions sont connues dans toute la région amazonienne sous le nom de "correrías". Avec le déclin de l'exploitation du caoutchouc, il ne reste plus dans la région qu'un petit nombre d'anciens collecteurs de caoutchouc. (source )
Village et société
Ils sont répartis dans 4 villages dont le principal est près du ruisseau Banawá, dans ce village se trouve le plus grand nombre d’habitants (70% du groupe). La disposition de la maison du chef du village (bidu) est centrale. Devant cette maison et de l’autre côté de la piste se trouve la maison des missionnaires, la zone centrale qui possède un puits et une antenne radio. La forme de construction des maisons est inspirée du modèle régional, c’est-à-dire sur pilotis. Certains maisons sont encore de type traditionnel avec un toit et un mur recouverts de paille et un plancher en terre battue. Ce modèle-ci est semblable que la maison réservée aux jeunes filles pour réaliser leur période d’isolement quand elles ont leurs premières règles. Des maisons temporaires sont construites dans les champs de culture. Les Banawá disent qu’autrefois ils se déplaçaient beaucoup.
Activités productives
Ils vivent de la production agricole, de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Les champs de culture sont vastes et appartiennent à certaines familles. Différents produits y sont plantés : manioc amer, bananes, ananas, cœurs de palmier, canne à sucre.
Le champ de culture dont le produit principal est le manioc porte un nom spécifique : kua’ma = champ de culture pour faire de la farine. Les anciens champs de culture (capoieras) sont également importants car il est possible d’y récolter encore des fruits et d’y trouver des animaux à chasser.
Tapir du Brésil Par Bernard DUPONT from FRANCE — Lowland Tapir (Tapirus terrestris) browsing leaves ..., CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49979705
Ils sont connus pour leur grande capacité de chasse de jour comme de nuit avec des arcs et des flèches, des fusils de chasse. La nourriture la plus appréciée est le tapir car la viande peut fournir tout le village, elle est fumée ou cuite et servie avec du bouillon. Le pécari est également apprécié, rôti dans sa graisse et consommé avec le zeste d’un citron. Lorsque les gros animaux ne sont pas abondants, il font un bouillon avec des oiseaux (perroquets et tinamous entre autres), qui sont plus faciles à trouver. Une technique de chasse qu’ils utilisent est d’attirer les animaux en imitant leurs sons, ils sont de très bons imitateurs.
La pêche
Ce n’est pas l’activité qu’ils préfèrent mais ils pêchent par défaut, parce qu’il faut bien se procurer des protéines animales. Chaque ruisseau porte un nom en rapport avec le type de poisson qui y abonde (Aba’fa = endroit où il y a de nombreux matrinxã- brycon amazonicus), awida’fa ou quaru = endroit où il y a beaucoup de piau (leporinus steindechneri).
La cueillette
La cueillette se fait actuellement pour des matériaux utilisés dans la construction, l’artisanat pour ensuite pourvoir vendre le surplus. Les principaux produits récoltés sont des fibres de palmiersou autres, des châtaignes, de l’huile de copaiba (copaifera sp.), l’andiroba (carapa guianensis aubl.) pour faire de l’huile également.
copaiba
Andiroba
Environnement
La région centrale du Purus est considérée comme une zone préservée et d’abondantes ressources naturelles. La plaine inondable est le caractère principal de la région du rio Purus, les rivières naissant dans les régions andines. La grande quantité de végétation chargée par le courant fonctionne comme une sorte d'engrais alors que la rivière s'assèche et laisse une partie de cette matière organique sur les plages et les rives du lac. Les plantes en décomposition et la végétation aquatique facilitent un nouveau cycle qui stimule la croissance de nouvelles plantes.
Pendant la saison des inondations, les conditions de vie des animaux aquatiques sont plus favorables, tandis que les animaux terrestres ont tendance à être plus fréquemment concentrés en fonction de la quantité d'eau disponible. Les Banawá se trouvent sur le continent situé près des plaines inondables de la rivière Purus. La saison des inondations est celle où ils profitent le plus facilement de l'écosystème de la plaine inondable en ce qui concerne les problèmes de chasse. En revanche, lorsque la période sèche des rivières commence, la demande de poisson augmente.
Vie religieuse
La mort des Banawá est racontée en détail. Ils enterrent leurs morts dans des tombes situées près du village et leur apportent des offrandes pendant quelques jours jusqu’à ce que l’âme quitte le corps physique. Les effets personnels du mort, flèches, sarbacanes, pots, sont déposés sur sa tombe.
Chamanisme
Selon les récits des Jamamadi les payés maintiennent lors de leur initiation une longue période d’exclusion de la vie du village. Tout comme le font les filles qui ont eu leurs premières menstruations, qui sont isolées de l’espace domestique dans une petite maison spéciale, ne pouvant sortit que la nuit pour leurs besoins physiques et ne devant surtout pas être vues par des hommes du village.
Les cultes ont changé de direction dans ce peuple en raison de la présence du culte protestant avec les missionnaires du JOCUM ( jovenes con una misión) et du SIL (institut d’été de linguistique). Un culte Banawá a été mis en place en ce sens.
Source : pib.socioambiental.org