Brésil : Le peuple Parakanã

Publié le 7 Avril 2020

 

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Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état du Pará et parlant une langue de la famille linguistique tupí-guaraní.

Ce sont les habitants traditionnels des rios Pacajá et Tocantins. Ils parlent u e langue tupí-guaraní du sous-ensemble tapirapé, ava canoiero, asurini, suruí du Tocantins, guajajara et tembé. Ce sont d’excellents chasseurs de mammifères pratiquant l’horticulture traditionnelle avec comme base alimentaire le manioc amer. Ils sont divisés en deux blocs de population, les occidentaux et les orientaux provenant d’une scission qui s’est produite à la fin du 19e siècle.

Une première mention d’eux est faite en 1910 sur le rio Pacajá au-dessus de l’actuelle ville de Portel.

Population : 1576 personnes (2014)

Autodésignation : awaeté (= vraies personnes)

Localisation et Terres Indigènes

Ils vivent dans deux T.I différentes, la T.I Parakanã est située dans le bassin du rio Tocantins et bénéficie depuis 1980 de l’aide du « programme Parakanã, un accord entre la Funai et la société Eletronorte.

La T.I Apyterewa est située dans le bassin du rio Xingu, elle a été réduite et envahie par les bûcherons illégaux, les éleveurs, les colons et les mineurs.

  • T.I Apyterewa – 773.470 hectares, 470 personnes, réserve homologuée. Ville : São Félix do Xingu.
  • T.I Parakanã – 351.697 hectares, 1000 personnes, réserve homologuée. Villes : Itupiranga et Novo Repartimento.

Maisons de l' Igarapé Bom Jardim. Foto: Carlos Fausto, 1988.

Vie du village

Tawa est le mot dans leur langue pour désigner le concept de village, celui-ci étant traditionnellement composé d’une maison collective recouverte de paille de babaçu, avec des plantations de manioc autour et un espace recouvert ainsi qu’une pièce pour les rencontres masculines. La maison communale portait le nom d’aga-eté (vraie maison), elle était recouverte de paille jusqu’au sol. Dans la journée la maison était un espace de coexistence généralisé pour tout le groupe. La nuit c’était un lieu d’intimité féminine. Les hommes et les adolescents se rencontraient sur la place ou dans le tekatawa (endroit où être). La nourriture était cuite à l’intérieur. Les plantations (ka) étaient le lieu de travail quotidien des femmes et des hommes. Les hommes participaient aux travaux agricoles en faisant l’abattage des arbres et le brûlis de juillet à octobre. Le reste de la culture était fait par les femmes.

Le tekatawa était le lieu de commandement, le centre politique du groupe, c’était un lieu ouvert, sans aucune construction mais malgré tout éloigné des résidences.

La séparation physique entre le foyer et le tekatawa représentait une fonction d’opposition entre la communauté des femmes et la communauté des hommes.

Les réunions étaient nocturnes et éclairées seulement par les braises. Elles avaient lieu chaque soir et tous les hommes y participaient. Le tekatawa a une fonction pédagogique, on y transmet collectivement les connaissances historiques, mythiques et rituelles du groupe.

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Activités productives

Au début des années 1960 les Parakanã occidentaux avaient abandonné l’horticulture vivant exclusivement de chasse et de cueillette et de vols éventuels de certains produits dans des plantations. Avec la « pacification », l’horticulture est réintroduite par les responsables de la Funai et elle a des conséquences importantes sur la mobilité et l’alimentation du groupe. Cette réintroduction se fait sous la forme de grandes plantations collectives ouvertes par les indiens sous la direction du chef du poste indigène avec des tronçonneuses et des haches métalliques. Ils leur font planter du manioc, du maïs, des bananes, du riz et des haricots et du cará, des patates douces. Dans les jardins séparés des familels nucléaires sont plantés du manioc, du cará et des patates douces). Tout le travail collectif est à la charge des hommes contrairement au passé et les femmes ne participent plus aux plantations et à certaines récoltes. Cette réintroduction produit une redéfinition de la division sexuelle du travail.

Pour les Parakanã orientaux, le travail sur la plantation est divisé en groupes agissant selon les divisions familiales. Le principe est celui de groupes de production formés à partir de liens consanguins déterminés par la lignée paternelle. La patri filiation en tant que lien économique n’unit pas les individus mais les familles nucléaires qui sont l’unité minimale de production et de consommation. Cela implique que lorsqu’elle atteint sa maturité sexuelle la femme commence à produire non seulement pour sa famille d’origine mais aussi pour celle de son mari.

La chasse

Ce sont des chasseurs sélectifs spécialisés dans la chasse aux animaux terrestres et avant le contact ils méprisaient la faune aquatique et arboricole (la plus dense de la forêt).

La pêche

C’est une activité secondaire, l’importance dans l’alimentation étant limitée à quelques mois de la saison sèche lorsque les rivières se vident et que la faune aquatique est concentrée dans des endroits propices à la pêche au timbo.

 

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Chamanisme sans chaman

Parler de chamanisme chez les Parakanã implique de comprendre qu’il n’y a aucun chamn parmi eux. Il n’y a pas de spécialistes qui remplissent la fonction publique de chaman ni de personnes à qui l’on attribue un pouvoir guérisseur stable ou définitif.

Chez presque tous les groupes amazoniens il y a deux grandes catégories de maladies de base :

Celles causées par l’introduction d’un objet pathogène dans le corps

Celles qui résultent de l’externalisation de la perte ou de l’enlèvement d’une composante immatérielle normalement conçue comme vitale.

Dans le premier cas la thérapie consiste en l’action de retirer l’objet étranger du corps du patient.

Dans le second car il convient de récupérer l’âme et de la fixer à nouveau sur son substrat matériel.

Chez les Parakanã il existe une troisième catégorie de maladies déterminée par la notion de contagion qui comprend les maladies apparaissant au contact de non indigènes et il existe également une quatrième catégorie résultant des désagréments venant de la rupture de certains tabous liés à une transition critique dans la vie des gens.

C’est la catégorie des maladies causées par l’introduction d’un corps étranger au cors du patient qui reçoit le plus d’attention car cette action résulte forcément selon eux de l’action d’un sorcier, un moropyteara.

Les objets pathogènes reçoivent 2 noms, karowara et topiwara.

La première catégorie d’esprits aux caractéristiques cannibales est liée à la production de la maladie et associé à l’anhampa (un anthropophage des cosmologies tupi), le second fait référence aux esprits auxiliaires des chamans associés aux animaux.

Chez les Parakanã, les topiwara et karowara ne sont pas vraiment des esprits mais des agents pathogènes contrôlés par des sorciers. Pour cette raison personne ne reconnaît publiquement les avoir vus en rêve. Ceux qui voient les karowara sont des candidats à la sorcellerie car s’ils les voient, ils les contrôlent, s’ils les contrôlent ils les utilisent. Apprendre la sorcellerie se fait dans les rêves.

Par les rêves ils apprennent également à préparer des poisons très puissants devant être ingérés par la victime ou passés dans sa bouche. Les poisons sont liés ay sang, l’un d’eux est produit avec le placenta d’un nouveau-né, un autre avec du lait de châtaigne (noix du Brésil) qui est pour eux « égal au sang ». ces poisons provoquent de sévères diarrhées accompagnées de saignements suivis d’une mort subite. Qui sait faire le karowara peut le mettre dans une cigarette et l’offrir à la victime qui l’avale en inhalant la fumée.

Dans les rêves ils reçoivent aussi des chansons, ce sont elles qui garantissent la légitimité du rêve et sa productivité sociale, rêver équivalant à obtenir des chansons. Si quelqu’un affirme avoir rêvé mais n’est pas en mesure de reproduire la chanson qu’il a entendue dans son rêve, il n’a pas rêvé, c’est un menteur.

source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Parakanã

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