Brésil : Le peuple Makurap
Publié le 25 Mars 2020
Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état du Rondônia et occupant historiquement une place de choix dans le complexe Marico, un complexe interethnique de la rive droite du rio Guaporé. Cette place fait de leur langue une « lingua franca » depuis le début du XXe siècle, époque où le territoire traditionnel de ces groupes était envahi par les collecteurs d’hévéas (seringais) dont les patrons imposaient aux indiens le régime de l’aviamento et le dépeuplement dû aux épidémies accablantes. Ensuite ils ont été confinés dans des zones délimitées pour différentes ethnies et dont les périmètres ne représentaient même pas l’ombre du territoire traditionnel de ces peuples. Dans ces régions, et encore de nos jours, la langue des makurap est prédominante.
Langue : makurap de la famille tupari, tronc linguistique tupí-guaraní. Sur la T.I du rio Guaporé, à la fin des années 1990, il y avait 45 locuteurs parlant encore la langue ainsi que des personnes âgées dans d’autres groupes indigènes de la région.
Pendant les chichadas (fêtes où ils consomment de la chicha, une boisson fermentée à base de maïs), les personnes âgées, dansent, jouent et parlent en makurap quelque soit leur groupe ethnique.
Mais aujourd’hui les jeunes locuteurs makurap en raison de l’influence du portugais ne font plus la différence entre les voyelles longues et courts qui diffèrent de la langue maternelle.
Population : 579 personnes (2014)
Localisation, Terres Indigènes
- T.I Rio Branco – 236.137 hectares, 679 personnes, réserve homologuée. Villes : Alta Floresta d’Oeste, São Francisco do Guaporé, São Miguel do Guaporé. 7 peuples y vivent : Aikanã (langue aikanã), Arikapú (langue jabuti), Arúa ( langue mondé), Djeoromitxi (langue jabuti), Kanoê (langue kanoe), Makurap (langue tupari), Tupari (langue tupari).
- T.I Rio Guaporé – 115.788 hectares, 911 personnes, réserve homologuée. Ville : Guajará Mirim peuples y vivent : Aikanã (langue aikanã), (langue jabuti), Arúa ( langue mondé), Djeoromitxi (langue jabuti), Kanoê (langue kanoe), Kujubim ( langue txapakura), Makurap (langue tupari), Tupari (langue tupari), Wajuru (langue tupari), Wari’ (langue txapakura)
- T.I Aracá – Rio Padauari (Bas rio Negro) – En cours d’identifcation
- T.I Rio Mequéns – 107.553 hectares, 95 personnes, réserve homologuée dans le Rondônia- Ville : Alto Alegre dos Parecis. 2 peuples y vivent de langue tupari : Makurap et Sakurabiat.
Brésil - Peuple Makurap - Histoire - coco Magnanville
Les groupes indigènes connus des portugais sur la rive droite du rio Guaporé au XVIIIe siècle étaient principalement des Tupi. Ces groupes seraient issus de dispersions de familles venant du ri...
Foto: André de Oliveira
Culture
Caractéristiques communes aux peuples du complexe culturel régional :
- Absence de culture du manioc et de farine non alimentaire.
- Construction de maisons rondes avec un poteau central abritant une famille patrilocale élargie (12 à 20 personnes).
- Consommation de chicha de maïs dans le régime alimentaire régulier et de chicha fermentée lors des cérémonies.
- Confection de marico (paniers de différentes tailles en fibres de ticum tissées).
L’organisation sociale traditionnelle Makurap comprenait des clans nommés et patrilinéaires dont la plupart de nos jours ont disparu. Souvent les groupes sont accompagnés du suffixe nian (exemple guüt nian) nian pouvant se traduire par « personnes ». en 1991 les membres de la T.I du rio Guaporé se sont identifiés comme appartenant aux sous-groupes Souris, Urubu, Mucura, Roucou (Urucum), Mutum, Morcego, Tatou-Canastra, Saúva (ce qui représente 9 des 21 sous-groupes qui existaient).
L’ensemble des 21 sous-groupes susnommés était divisé en deux autres, 10 sur la rive gauche et 11 sur la rive droite du rio Colorado. Les groupes réglementaient le mariage, étant exogames, ils formaient des groupes territoriaux occupant des zones définies, des noms, des origines, des mythologies. Ils étaient des régulateurs du mariage par l’exogamie, des régulateurs de la progéniture par la patrilinéarité et la résidence patrilocale. Ils pouvaient selon ces caractéristiques correspondre au nom de clans.
Le mariage préférentiel était celui d’un homme avec une cousine croisée patrilatérale.
Soirée chicha
Foto: André de Oliveira
Aujourd’hui selon l’anthropologue Samuel Cruz (de l’ONG Kanindé) les fêtes traditionnelles n’ont lieu qu’une fois par an. La consommation de chicha et de viande de gibier est entrecoupée de vomissements, cela fait partie de la fête : boire, vomir, boire, vomir jusqu’à l’aube (1953 :52). Ils jouent des instruments de musique et dansent jusqu’au lever du soleil.
Activités productives
La subsistance est assurée par les cultures, la pêche et la chasse. Certaines personnes récoltent du caoutchouc dans les seringales, d’autres vendent de la farine, les châtaignes (ou noix du Brésil) peuvent être aussi échangées mais l’accès aux châtaigneraies est compliqué par un ruisseau difficile à naviguer.
Pour le travail de la roza, les hommes abattent les arbres et les brûlent, ils nettoient la parcelle et creusent les trous dans lesquels les femmes déposent des graines. Les femmes récoltent, apportent les produits au village dans les maricos (paniers).
A présent les femmes font toute la récolte et la plantation mais elles n’abattent pas et ne brûlent pas. Elles gardent toujours une réserve de chicha pour les travailleurs.la chicha est une préparation qui revient aux femmes même si certains hommes aident sporadiquement pendant l’opération de broyage du maïs dans le mortier.
La cueillette de fruits et plantes sauvages est une activité réservée aux femmes et aux enfants.
La pêche utilise le timbó, une liane toxique broyée et mélangée à l’eau d’une partie réservée de rivière, le poison anesthésie les poissons et les rend plus faciles à attraper. La pêche est devenue difficile à cause de la présence d’une centrale hydroélectrique.
La chasse se fait rare mais ils trouvent encore des cochons sauvages, des tatous, des pacas, des tatous géants, des cerfs, des cotias, des tapirs, des jacuatinca, des coatis, des singes et des tortues ainsi que des oiseaux. Ils récoltent du miel, des fruits et des arachides.
Chamanisme
Il est régit, comme pour les autres peuples du complexe régional par l’utilisation d’un hallucinogène constitué par les graines d’angico qui sont macérées et transformées en une poudre mélangée à une espèce de tabac cultivé à cet effet. Ils ne fument pas mais s’en servent en tabac à priser avec un appareil ingénieux constitué d’un bambou long de 2 mains avec à une extrémité un récipient chargé de poudre de tabac. La personne, pour le consommer se pince les narines et une autre personne en se servant de l’autre extrémité du bambou souffle dedans et fait pénétrer le tabac dans les fosses nasales du fumeur. Cette utilisation se fait dans les situations qui mettent en cause la présence d’esprits, de maladies ou de difficultés récurrentes dans le répertoire mythique des Makurap.
Source : pib.socioambiental.org