Brésil : Le peuple Kuruaya
Publié le 5 Mars 2020

Crianças Kuruaya e Xipaia. Foto: Marlinda Melo Patrício, 1999.
Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état du Pará et la ville d’Altamira.
Dans l’histoire, le contact avec le colonisateur a apporté aux Kuruaya une destruction de la vie de leurs villages sur le rio Curúa à cause du travail forcé dans les plantations de caoutchouc et de châtaigniers. Aux XVIIIe *XIXe siècles ils étaient dirigés par des jésuites (les indiens étaient capturés pour être asservis) dans le village missionnaire Imperatriz ou à Tauaquara. Les conséquences de ce processus sont désastreuses et dans les années 1960 le peuple est considéré comme éteint. Les années suivantes, leur identification indigène est remise en question ou ignorée mais la conquête de leurs terres garantit la reconnaissance de leur identité ethnique.
Population : 163 personnes (2014)
Territoire et Terres Indigènes (T.I)
- T.I Kuruaya – 166.784,24 hectares, réserve homologuée, 163 personnes, état de Pará, ville : Altamira.
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Brésil - Le peuple Kuruaya - Histoire du contact - coco Magnanville
Crianças Kuruaya e Xipaia. Foto: Marlinda Melo Patrício, 1999. Les sources historiques disponibles sur la région indiquent que les Kuruaya ont toujours vécu le long des rivières Iriri et Curu...
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Le nom
Plusieurs orthographes sont rencontrées : kuruaia, caravare, curuari, curiveré, curubare, curuaté…..
Les anciens affirment que leur nom est lié au rio Curúa un affluent du Xingu où ils se sont installés après avoir migré du rio Tapajos, plus tard ils se sont regroupés avec les Munduruku.
Langue
D’après Aryon Rodrigues (1995) la langue est issue du tronc linguistique tupi, de la famille munduruku. La population jeune parle le portugais et ne connaît qu’un seule mot de la langue maternelle. Jusqu’en 2000 il n’y avait qu’un seul locuteur de la langue , la parlant couramment. A Altamira 8 anciens de l’ethnie Xipaya et Kuruaya qui y vivent depuis 45 ans sont locuteurs du kuruaya.
Organisation sociale et politique
Le village de Cajueiro est composé de familles nucléaires liées par des liens de parenté étroits. Ils vivent dans des maisons individuelles. Les mariages ont lieu entre cousins Kuruaya au 1er et 2e degré, entre cousins Kuruaya et Xipaia au 1er et 2e degré et entre cousins Kuruaya et non autochtone. Ils ont renforcé leurs liens de parenté avec les Xipaia au moment de l’occupation des plantations d’hévéa et les châtaigneraies. Les Xipaia étaient autrefois leurs ennemis.
Il y a 2 centres de pouvoir de nos jours, la direction et le cacique. Leurs taches sont différentes ceci afin de répondre aux intérêts du village. Le premier exerce le rôle de diplomate, il négocie les intérêts de sa communauté (santé, éducation, légalisation de l’association) devant les organisations gouvernementales, non gouvernementales, les sociétés minières, les associations d’autres groupes ethniques. Il est président de l’association du peuple autochtone Kuruaya, APIK enregistrée officiellement en 2002. C’est lui qui sert d’intermédiaire dans les relations avec les Xipaia dans la ville d’Altamira.
Le cacique Kuruaya est plus jeune et dirige l’organisation interne du groupe. Les décisions à prendre sont discutées entre le cacique, la direction et la communauté dans le village. Quand il y a consensus c’est toujours la décision du cacique Kuruaya qui prévaut.

Bairro São Sebastião. Foto: Marlinda Melo Patrício, 1999
chutes du rio Curua Par Guto.1992/Alesson Machado — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4372354
Environnement et activités productives
Le rio Xingu appartient au bassin du fleuve Amazone. Sa source se trouve dans l’état du Mato Grosso où il descend en direction de l’état du Pará et atteint son embouchure sur la rive droite de l’Amazone. Ses eaux se mélangent et il suit un long voyage pour se jeter dans l’océan Atlantique. Le rio Xingu pendant son voyage dans le Pará reçoit les affluents des rivières Iriri et Curúa le long de la rive gauche. La région est pérenne équatoriale avec des inondations en été. Les Kuruaya parlent de difficultés pour le naviguer en période de basses eaux car beaucoup de pierres peuvent détruire l’embarcation remplie de marchandises.
Dans la région du Xingu des petites îles de la forêt tropicale dense, de la forêt tropicale ouverte et de la forêt tropicale secondaire, il y a beaucoup de lianes et de bambous.
La T.I Kuruaya est située dans une région avec un type de climat correspondant aux forêts tropicales humides avec des pluies de mousson.
Les Kuruya classent eux-mêmes la forêt comme un endroit montagneux connu sous le nom de « chapada « propre au noix du Brésil (châtaignier) ou « fermé » baixão, igapó ou rivière. La fertilité des sols est moyenne, ce qui est réglé par les Kuruaya par l’agriculture itinérante et la technique de roça de toco (système d’agriculture coivara sur brûlis) ce qui laisse le temps au sol de redevenir fertile.
L’agriculture est leur principale ressource : ils cultivent le manioc amer pour la farine, le maïs, la cará, les patates douces, les ignames, les courges, les pastèques, les bananes, la canne à sucre, la papaye, les ananas. Ils plantent du cacao, des fèves, ils extraient de l’huile de copaïba et récoltent des graines de différentes espèces.
Les hommes s’occupent de la préparation du sol, de l’abattage des arbres de la parcelle, de la brûler ensuite, du semis et de l’entretien et la culture.
Les femmes et les enfants participent aussi à la culture.
De juin à novembre les terres sont ouvertes, les semis commencent. Les vieilles récoltes sont supprimées.
L’hiver est la saison des pluies (de décembre à mai), c’est la saison des récoltes.
Autour des villages ils ont planté des arbres fruitiers : manguiers, bananiers, goyaviers, papayers, avocatiers, corossol, urucu (roucou).
Dans les villages ils utilisent des plantes médicinales et aromatiques dont : gingembre, rue, menthe, caroube, cèdre, mauve, basilic, aloe vera. Ils utilisent également des légumineuses telles que l'amande chiquitana (Dipteryx alata Vog)

fruits de dipteryx alata Par João Medeiros — Dipteryx alata, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10948453
La pêche

bagre pintado Por Paul-Louis Oudart - Voyage dans l'Amérique méridionale, Domínio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18653424
Elle a lieu tout au long de l’année, les poissons appréciés sont le poisson-chat, le piranha blanc, tararira, pez lobo, bagre pintado, piraña blanca, babón, boga, sábalo, palometa, pescada, surubí, manduví, piraiba, pintado, piraña, cadete y piraputanga. Les eaux du rio Curúa sont riches en poissons, celui-ci est une source importante de protéines pour le peuple. Ils utilisent pour la pêche l’hameçon, l’arc et les flèches, une lance courte. L’arc et les flèches et la lance sont surtout utilisés par les plus anciens.
La chasse

grand hocco Par Arthur Chapman — originally posted to Flickr as Crax rubra (Great Curassow) - male, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5234578
Ils chassent le cerf, le mutum (oiseau grand hocco/crax rubra), le tatou, les singes, les capybaras.
La chasse est une activité masculine, organisée, planifiée, qui demande une grande connaissance du mode de vie des espèces chassées.
Ils utilisent à présent des fusils de chasse mais aussi des arcs et des flèches, une lance, le borduna (arme en bois de forme cylindrique et allongée avec une pointe acérée).
Une autre ressource consiste en la récolte de tortues d’eau douce (tracajá) et de leurs œufs.
Source : pib.socioambiental.org