Brésil - Le peuple Asurini du Tocantins

Publié le 7 Mars 2020

 

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Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état du Pará et parlant une langue de la famille linguistique tupí guaraní. Ils affirment qu’il y a eu une première création de l’univers puis a suivi un déluge lorsque la terre s’est terminée. Celle-ci « était molle » et de ce malheur un seul homme a survécu à l’abri d’un arbre bacabeira (oenocarpus bacaba). C’est alors que Mahira (le héros culturel) a appelé l’anta (le tapir) pour que l’animal durcisse la surface de la terre. Mahira a aussi arraché sa propre côte la transformant en femme ce qui a permis à la population humaine d’augmenter.

Population : 546 personnes (2014)

Territoire et terres Indigènes (T.I)

  • T.I Pacajá – en cours d’identification
  • T.I Trocará – 21.722 hectares, 565 personnes, réserve homologuée. Villes : Bailão et Tucuruí.

Ils indiquent le rio Xingu comme leur région d’origine où ils auraient vécu avec les Parakaña, constituant alors un seul et même peuple. Ce seraient des fissions internes et des conflits avec d’autres peuples autochtones qui les auraient poussés à quitter la région. Ils se déplacent vers l’est occupant le cours supérieur du rio Pacajá et ensuite se rendent vers le rio Trocará où ils se trouvent aujourd’hui. La T.I Trocará est traversée par la route PA-156 qui divise la zone en 2 parties. La terre est située dans la région du projet Grande Carajás couvrant l’état du Tocantins. C’est un immense programme d’exploitation minière et métallurgique accompagné de travaux d’infrastructures (centrale hydroélectrique de Tucuruí, chemin de fer reliant la Serra do Carajás à la ville de São Luis) ce qui provoque des changements radicaux dans la vie socio-économique de la région où vivent les Asurini. Cette zone a également vu suite au projet une accélération de l’occupation par des non indigènes provoquant une forte incidence sur la santé des Asurini avec la présence de paludisme.

Foto: Lúcia Andrade

Le nom

Asurini est un nom en langue juruna et il a été utilisé depuis le siècle dernier pour désigner différentes groupes tupi dans la région des rios Xingu et Tocantins. Dans les années 1950 ce nom est utilisé pour nommer ce peuple particulier par des fonctionnaires du SPI (Service de Protection des Indiens) lors des travaux dist de « pacification ». ils sont connus également sous les noms d’Asurini de Trocará (nom de la région indigène) et Akuíwa-Aasurini.

Ils ont de leur côté pris ce nom il y a plusieurs années comme autodésignation.

Langue

Asurini du Tocantins, branche IV des langues tupí-guaraní. Cette langue a été étudiée par les linguistes Carl Harrison, Robin Selly et Velda Nicholson et récemment ar Catherine Aberdour et Annette Tomkins du SIL (Institut d’Eté de Linguistique).

Ressources

La chasse se fait avec des fusils, la nuit (ils disent que les animaux ne se trouvent plus pendant la journée). Ils ont une grande difficulté à acquérir des fusils et des munitions ainsi que des batteries pour les lampes de poche et de ce fait ils sont devenus dépendants de la Funai qui leur en procure.

Ils apprécient beaucoup la viande de gibier et chassent surtout des mammifères (tapir, cerf, pécari à collier, agouti) des tatous ; des signes, des toucans, le tinamou tataupa, le hocco à face nue (oiseaux).

tinamou tataupa Par Dario Sanches from São Paulo, Brazil — INHAMBU-CHINTÃ (Crypturellus tataupa )Uploaded by Snowmanradio, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=14847524

La pêche semble affectée par les changements écologiques de la région mais elle est devenue plus importante de nos jours qu’avant les premiers contacts. Cette activité est pratiquée par les hommes , les femmes et les enfants avec des  hameçons et des filets dans les rivières et les lacs.

Elle devient difficile en juillet et août car le niveau des eaux est bas.

la récolte de fruits se fait également dans la forêt : açaï, bacuri (platonia insignis), châtaigne du Pará (bertholletia excelsa ou noix du brésil). C’est une activité masculine qui bénéficie à la consommation familiale mais aussi à la vente à Tucuruí.

noix du brésil Par P. S. Sena, edited by User:RoRo — File:Castanha-copl6.JPG, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39327334

bacuri

L’emplacement des champs de culture correspond à celui des unités familiales. Les champs sont assez proches les uns des autres. Ils cultivent du manioc, du riz, du cacao pour la commercialisation.

Les champs de culture pour la subsistance sont destinés aux plantations de pommes de terre, cará, bananes, ananas, maïs.

Les villages

Il y a 2 villages de taille moyenne sur la T.I, Ororitawa et Imotawara et un plus grand village, celui de Trocará. Les maisons sont construites en bois de paxiubá (tupi patiyua) et le toit est en paille ubim (geonoma maxima), elles sont faites selon le modèle régional, construites sur palafitos. La pièce est divisée en 3 parties, la pièce principale, la cuisine et une chambre.

Les ruisseaux sont situés près des habitations et considérés comme un espace domestique, une sorte de suite du village. Dans les ruisseaux les femmes lavent le linge, la vaisselle, elles collectent de l’eau vers les maisons, elles se baignent ainsi que les enfants qui passent beaucoup de temps à la baignade.

Relations

Foto: Michel Pellanders, 1987

Les frères et sœurs ont un rôle important à jouer pour assurer la continuité entre les différentes sections résidentielles. Ils entretiennent un réseau de relation informelles qui en pratique constituent un lien entre les sections. Ce sont ces relations qui contribuent à instituer une unité plus grande que le village.

Chaque enfant asurini est conçu comme le fruit de la relation sexuelle de sa mère avec Mahira (le héros mythique) au cours de ses rêves. La femme doit avoir de nombreuses relations sexuelles avec son mari pour que son sperme provoque la croissance du fœtus. Tous les hommes avec lesquels la femme entretient des relations pendant cette période de la grossesse seront considérés comme pères biologiques de l’enfant.

L’accouchement a lieu dans la maison où seules les femmes et les filles se rencontrent, les hommes adultes ne peuvent pas rester en contact avec le sang de la parturiente.

La protection des parents jusqu’à la chute du nombril de l’enfant implique une série de tabous alimentaires et des restrictions (rester à la maison, éviter les taches lourdes)

Le nouveau-né est peint avec de l’encre de jenipapo pour l’aider à grandir vite. Le père pour cette même raison doit lui chanter des chansons tous les jours.

Quelques jours après la naissance l’enfant reçoit un nom, choisi par les grands-parents qui connaissent les noms des anciens. C’est toujours le nom d’une personne décédée qui est donnée à l’enfant. Les noms se réfèrent aux animaux, aux fruits, aux plantes, aux éléments. Un Asurini dans la tradition à 3 ou 4 noms. Le deuxième nom est reçu lors de la cérémonie du perçage de la lèvre inférieure pour pouvoir utiliser un ornement et recevoir aussi pour les garçons l’accessoire contenant le pénis.

Le rituel du perçage de la lèvre n’est plus pratiqué de nos jours.

Les jeunes se marient à l’âge de 15 ans environ, les épouses préférentielles d’un homme sont les filles de la sœur du père et les filles de sa sœur.

Le couple marié déménage une fois uni pour aller vivre dans la maison des parents de l’épouse. Le gendre doit entretenir une relation d’obligation avec son beau-père impliquant la coopération dans les activités économiques et le soutien politique, tout en maintenant le respect et la distance. Souvent la relation est cordiale mais formelle.

A mesure que l’homme vieillit il devient de plus en plus influent sur le plan politique. Plus un homme a de gendres, plus le contingent de personnes qu’il peut mobiliser est grand.

D’autres sources de prestige pour les hommes sont le chamanisme et autrefois l’activité guerrière, ce qui, en combinant les deux pouvait renforcer l’importance d’une personne.

Ainsi, si un jeune a du mal à grandir, ses parents l'emmènent à des fêtes pour qu'il puisse beaucoup danser et ainsi atteindre sa force physique.

Les rituels contribuent à la formation biologique et sociale de l'homme Asuriní. Une connaissance de base du chamanisme est indispensable à la formation sociale de l'homme. Ce n'est pas un sujet réservé aux spécialistes. Ainsi, le pouvoir de guérison, par exemple, peut être limité, mais la connaissance et le contact avec le surnaturel sont constitutifs de la personnalité masculine. Ainsi, chaque homme Asuriní est un peu un payé.

Source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Asurini du Tocantins

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