Au-delà de la panique. Réflexions depuis l'Amazonie

Publié le 20 Mars 2020

Nous devons aller plus loin, donner vie à la nouvelle ère post-civilisationnelle, celle de la véritable interculturalité, de la relation harmonieuse avec la nature, de l'ère de la fraternité universelle.


José Manuyama. Photo : CAAAP

Au-delà de la panique


Par Jose Manuyama*.

19 mars 2020 - Si le coronavirus vous fait paniquer, vous devriez découvrir ce qui se passe avec la crise climatique et ses effets destructeurs sur l'humanité. Vous devez connaître ses facteurs de causalité : le kidnapping de la conscience des gens, le modèle de consommation aveugle et polluant, le commerce de l'énergie pétrolière, la déforestation sauvage, entre autres.

Les gouvernements mentent, ils semblent aujourd'hui préoccupés par le virus, ils s'inquiètent de sa disparition, mais ils ne disent rien sur la catastrophe environnementale mondiale en cours. Comme si tout fonctionnait parfaitement jusqu'à ce que le germe semble tuer. Par conséquent, une fois l'agent pathogène vaincu, tout doit continuer de la même manière, c'est-à-dire travailler pour la croissance économique, même si cela doit tout anéantir au point d'éteindre toute vie.

Le coronavirus nous oblige à nous poser des questions tellement fondamentales pour la vie qu'elles ne comptent plus aujourd'hui : l'importance de cultiver des relations harmonieuses, la protection de nos proches et surtout des plus vulnérables. La santé n'a pas de prix. Le commerce est bon dans la mesure où il complète la satisfaction des besoins humains, mais il ne peut pas régir toutes les failles sociales et biologiques, car l'effet est dévastateur. Les preuves sont abondantes.

La vie doit retrouver son sens de la gratuité naturelle comme elle l'a toujours été. L'eau, l'air, les biens de la forêt, le soleil n'appartiennent à personne. Ils sont là pour être utilisés en fonction des besoins humains.

Si nous ne réagissons pas après, tout reviendra à la normalité funèbre déguisé en fête et soutenu par de fortes doses de bruit psychotrope.

Que faut-il de plus pour se rendre compte que cette idée inoculée de la recherche de "l'eldorado" a expiré en tant que recherche du bien-être. Le premier monde était une illusion. C'était si court. C'est tellement absurde. Aussi contradictoire que sauvage. Rien à voir avec la recherche en Amazonie de la "Terre sans mal" des ancêtres Tupi-Guarani, les "Tuyuka Ipitsatsu".

Malgré des siècles de racisme et de déplacement, malgré le fait que la culture a bougé, les sagesses originelles résistent et détiennent de grands trésors spirituels, la carte de la sagesse, de la simplicité et de la raison. Il ne peut y avoir de hiérarchie entre les humains. Nous sommes tous égaux. Nous l'avons dans la veine culturelle, ce que le rationalisme grec imaginait pour son propre peuple mais pas pour ses esclaves. La modernité occidentale s'est construite sur le mépris des autres cultures du monde.

C'est pourquoi nous devons aller plus loin, donner vie à la nouvelle ère post-civilisationnelle, celle de la véritable interculturalité, de la relation harmonieuse avec la nature, de l'ère de la fraternité universelle.

Cela doit être possible même si ce n'est pas facile. Des utopies religieuses et idéologiques en ont tracé les contours. Peut-être que le fait de voir les choses depuis la périphérie de l'Amazonie nous rapproche de cette limite d'abandon de la matrice prédominante. De multiples reprises doivent sortir de ce chaos partout. 

Après tout, que ce minuscule être vivant qui n'avait d'autre moyen que de s'élever pour survivre en nous achevant, nous pousse à trouver la lucidité qui nous remettra tous à la tâche de reconstruire nos paradis.

Heureusement pour nous, notre terre promise a toujours été là.

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* José Manuyama est professeur et membre du Comité de défense de l'eau.

traduction carolita d'un article paru sur Desinformémonos le 19/03/2020

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Pérou, #Peuples originaires, #Santé, #Coronavirus, #PACHAMAMA

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